mardi 20 janvier 2015

Trois thèses des nominalistes (R. Puivet)

Trois thèses des nominalistes (R. Puivet)

T1, thèse métaphysique

Il n’existe que des individus.

Rejet de tout discours sur autre chose que des entités concrètes.

T2, thèse sémiologique

S’il n’y a que des individus, toute connaissance d’autre chose ne peut être qu’instrumentale. L’instrument par excellence de la connaissance est le signe.
Mental ou verbal, il tient lieu des individus.
Ce qui est signifié est toujours un objet réel et jamais une signification réelle.

T3, thèse épistémologique

Il n’y a des science que du singulier même si c’est en terme généraux. On ne postule pas l’existence d’universaux.

L’empirisme semble s’ensuivre

(T4), thèse théologique

la doctrine nominaliste attribue à Dieu une puissance créatrice absolue qui ne s’encombre pas d’intermédiaires sous forme d’espèces intentionnelles ou d’universaux.

(T5), thèse politique

les ensembles sociaux n’ont d’autre réalité que l’agrégat d’individus qui les compose.
Individualisme, contractualisme et libéralisme économique seraient les éléments essentiels de la doctrine sociale du nominalisme.


T1
Qu’est-ce qu’un individu ?

Le nominalisme suppose que seul un individu puisse être la valeur d’une variable d’un calcul des prédicats du premier ordre

T2

Dire que le signe suppose toujours pour un individu est un précepte méthodologique grâce auquel on peut reformuler extensionnellement tous les modes de signification.

La notion de « signification seconde » ou de « connotation » permet à Occam d’intégrer à une analyse extensionnaliste du langage les termes abstraits (puisque, même nominaliste, on ne peut se passer de termes abstraits ou le réputer tous dénués de signification).

Le terme « blanc » signifie primario tous les objets blancs et secondario toutes les blancheurs de ces objets.
Ainsi « blanc » et « blancheur » ont la même extension sans pour autant être synonymes. Car « blancheur » signifie les mêmes objets, mais in obliquo, en connotant ce qui coexiste avec ces objets, certaines de leurs parties ou quoi que ce soit qui leur est lié sans pour autant exister per se. Le terme « blanc » est non connotatif (absolu) et concret.
Le terme « humanité » est absolu et abstrait (l’humanité étant la conjonction de chaque homme avec chacun des autres, rein d’autre ou de pous). « Blancheur » est connotatif.

« La blancheur de la robe de la mariée »
« blancheur » signifie primario que la robe de la mariée est blanche et secondario tout ce qui est lié, dans cette circonstance, à la couleur blanche d’unee telle robe. La connotation évite une référence à des significations et donc l’intensionnalisme.

Mais comment rendre compte de l’absence de synonymie entre des prédicats ayant pourtant la même extension ?

Solution de Frege :

Admettre une relation entre le signe, son sens et sa dénotation

Mais fait courir le risque de traiter le sens comme une entité à part entière et de déroger ainsi à la règle de parcimonie et à l’extensionnalisme qui est son corollaire.

Solution de Goodman :

Si nous appelons l’extension pour elle-même d’un prédicat son extension primaire et l’extension de tout ce à quoi il est lié une extension secondaire, on peut formuler ainsi la thèse : deux termes ont la même signification si et seulement s’ils ont les mêmes extensions primaire et secondaire.

« créature avec un cœur » a la même extension que « créature avec des reins », mais les deux expressions n’ont pas la même extension secondaire puisque toute description d’une créature avec un cœur (celle sulpicienne du Cœur-Sacré de Jésus, par ex. n’est pas une description d’une créature avec des reins.


« blanc » et « blancheur » ont la même extension primaire, mais pas secondaire.

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