Trois thèses des nominalistes (R. Puivet)
T1, thèse métaphysique
Il n’existe que des individus.
Rejet de tout discours sur autre chose que des entités
concrètes.
T2, thèse sémiologique
S’il n’y a que des individus, toute connaissance d’autre
chose ne peut être qu’instrumentale. L’instrument par excellence de la
connaissance est le signe.
Mental ou verbal, il tient lieu des individus.
Ce qui est signifié est toujours un objet réel et jamais une
signification réelle.
T3, thèse épistémologique
Il n’y a des science que du singulier même si c’est en terme
généraux. On ne postule pas l’existence d’universaux.
L’empirisme semble s’ensuivre
(T4), thèse théologique
la doctrine nominaliste attribue à Dieu une puissance
créatrice absolue qui ne s’encombre pas d’intermédiaires sous forme d’espèces
intentionnelles ou d’universaux.
(T5), thèse politique
les ensembles sociaux n’ont d’autre réalité que l’agrégat
d’individus qui les compose.
Individualisme, contractualisme et libéralisme économique
seraient les éléments essentiels de la doctrine sociale du nominalisme.
T1
Qu’est-ce qu’un individu ?
Le nominalisme suppose que seul un individu puisse être la
valeur d’une variable d’un calcul des prédicats du premier ordre
T2
Dire que le signe suppose toujours pour un individu est un
précepte méthodologique grâce auquel on peut reformuler extensionnellement tous
les modes de signification.
La notion de « signification seconde » ou de
« connotation » permet à Occam d’intégrer à une analyse
extensionnaliste du langage les termes abstraits (puisque, même nominaliste, on
ne peut se passer de termes abstraits ou le réputer tous dénués de
signification).
Le terme « blanc » signifie primario tous les
objets blancs et secondario toutes les blancheurs de ces objets.
Ainsi « blanc » et « blancheur » ont la
même extension sans pour autant être synonymes. Car « blancheur »
signifie les mêmes objets, mais in obliquo, en connotant ce qui coexiste avec
ces objets, certaines de leurs parties ou quoi que ce soit qui leur est lié sans
pour autant exister per se. Le terme « blanc » est non
connotatif (absolu) et concret.
Le terme « humanité » est absolu et abstrait
(l’humanité étant la conjonction de chaque homme avec chacun des autres, rein
d’autre ou de pous). « Blancheur » est connotatif.
« La blancheur de la robe de la mariée »
« blancheur » signifie primario que la robe de la
mariée est blanche et secondario tout ce qui est lié, dans cette circonstance,
à la couleur blanche d’unee telle robe. La connotation évite une référence à
des significations et donc l’intensionnalisme.
Mais comment rendre compte de l’absence de synonymie entre
des prédicats ayant pourtant la même extension ?
Solution de Frege :
Admettre une relation entre le signe, son sens et sa
dénotation
Mais fait courir le risque de traiter le sens comme une
entité à part entière et de déroger ainsi à la règle de parcimonie et à
l’extensionnalisme qui est son corollaire.
Solution de Goodman :
Si nous appelons l’extension pour elle-même d’un prédicat
son extension primaire et l’extension de tout ce à quoi il est lié une
extension secondaire, on peut formuler ainsi la thèse : deux termes ont la
même signification si et seulement s’ils ont les mêmes extensions primaire et
secondaire.
« créature avec un cœur » a la même extension que
« créature avec des reins », mais les deux expressions n’ont pas la
même extension secondaire puisque toute description d’une créature avec un cœur
(celle sulpicienne du Cœur-Sacré de Jésus, par ex. n’est pas une description d’une
créature avec des reins.
« blanc » et « blancheur » ont la même
extension primaire, mais pas secondaire.
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