"Par le Carême. Qui purge l'âme et nettoie le corps. L'homme a toujours attaché en effet la plus grande importance à sa santé physique. Il a toujours considéré la vie comme un de ses biens les plus précieux ; mille témoignages en font foi dans le passé : Léonidas, aux Thermopyles, défendit la sienne par les armes. Et le Chinois, jusqu'à son décès, paie chaque mois son médecin pour qu'il le garde en vie. C'est pourquoi l'homme passe le Carême à boire de l'eau et manger des bouillons d'herbage où trempent des pâtes alimentaires en forme de lettres de l'alphabet. En même temps, pour l'hygiène de l'âme, il lutte contre les tentations. Même quand la femme agite devant ses yeux des cheveux tout ornés de raisons secs et des souliers en peau de grenouille. Il s'assied dans une petite cabane, tout chauve et tout cassé, il s'installe au désert, il vit de sauterelles et de poussière fine, et parfois même, pour se sentier plus seule encore, il monte sur une haute colonne et il y vit sur une seule jambe : comme le héron ; du moins de profil. Ainsi faisaient les hommes d'autrefois ; ainsi vécut Siméon le Stylite. "
Alexandre Vialatte, chronique 525 du 29 mars 1963
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*Je préfère aussi ne pas non plus.*
*Après avoir relaté une promenade heureuse en compagnie de sa sœur la mieux
aimée, Kafka évoque non sans tristesse...
Il y a 1 heure
1 commentaire:
Siméon le styliste avait beaucoup frappé Vialatte. Il y avait de quoi :
« Dans cette noble position, cet anachorète syrien résista à la chaleur de trente étés et au froid d'autant d'hivers. Il prit l'habitude de maintenir sa position périlleuse sans crainte et prit des attitudes et postures successives différentes de prière et de méditation. Il priait parfois debout, avec les bras en croix, mais sa pratique la plus familière était la flexion de son maigre squelette abaissant son front jusqu'aux pieds ; et un spectateur curieux, ayant compté douze cents quarante quatre métanies successives, insista longuement sur ce compte à l'infini. La progression d'un ulcère dans sa cuisse put les diminuer, mais ne perturbait pas cette vie céleste ; et le patient ermite expira, sans quitter sa colonne. »
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