Un article de Jean Robelin
http://portail.unice.fr/jahia/page4316.html
extraits :
" Combien d'élèves ai-je entendu ânonner en terminale puis à l'université ! L'exemple montre la vacuité des idéologies pédagogiques qui nous soumettent au prétendu rythme des élèves : ne jamais les forcer, donc apprendre à lire en deux ans ; sous des dehors démocrates, les mentors de l'éducation nationale affichent leur mépris des élèves, à commencer par ceux des quartiers difficiles."
"Est-il normal que les commissions de sujet de bac en philosophie en soient réduites à donner des textes étrangers traduits plutôt que du Descartes ou même du Rousseau ? J'ai présidé de telles commissions plusieurs années..."
" Monsieur Sarkozy n'a peut-être dit qu'une vérité dans sa campagne, c'est que les IUFM sont une catastrophe. Encore l'a-t-il couplée avec une contre-vérité, en se vantant de les avoir supprimés, alors qu'il n'a fait qu'en changer le statut. "
" Dans l'enseignement primaire et dans certaines disciplines du secondaire, on lui impose de passer plus de temps à justifier ce qu'il fait qu'à le faire, en le contraignant à remplir des fiches sans lien effectif avec la réalité, rédigées dans un jargon moliéresque qui n'a d'autre sens que de formater les esprits, pour satisfaire des inspecteurs érigés en managers,le tout au détriment du travail écrit des élèves."
"L'obtention du diplôme a pris la place du savoir et tant pis si on distribue des coquilles vides et des monnaies sans valeur. L'université est aujourd'hui censée parquer la jeunesse jusqu'à 27ans, en distribuant des licences bradées et des masters fantômes afin d'éviter la crue des statistiques de chômage."
" Il faut bien à un moment ou à un autre se colleter avec un savoir qu'on ne maîtrise justement pas naturellement (je suis bien placé pour le savoir...). Les mathématiques sans larmes et la philosophie sans peine, cela n'existe pas. La gauche est coupable d'avoir cassé le thermomètre pour éviter la fièvre.
Se mettre à la remorque des élèves, c'est les priver de tout accès à un savoir auquel ils ne viendront pas tout seuls, sauf si bien sûr, leur milieu social d'origine les y insère. "
"Au nom de la spontanéité et de l'inutilité, on a supprimé les redoublements, on a oublié de dire que dans les pays où ce système donne des résultats, comme en Finlande, il y a généralement deux adultes par classe... Et ce n'est pas là une abstraite question de niveau scolaire : le travail, c'est d'abord une habitude, qui permet de triompher peu à peu des difficultés, de si bas que l'on parte. C'est cette habitude que les étudiants même ont perdue : vous les voyez à l'université, affolés d'avoir 20 pages à lire en un mois. La gauche -pas seule, bien sûr- est coupable d'avoir encouragé la formation d'une génération, même pas de paresseux, mais de gens qui croient travailler, qui se pensent accablés de travail, parce qu'ils ne savent pas ce que c'est."
" Il faudra bien se dire un jour qu'un tailleur de pierres compétent est bien mieux formé qu'un étudiant badigeonné de savoirs éclatés dans une de ces sections fourre-tout supposées professionnaliser l'université."
" Les étudiants dotés d'un master en développement durable où ils auront reçu une vague teinture de biologie et de physique, seront-ils capables d'affronter les x-ponts des grandes entreprises françaises, scientifiquement, rhétoriquement et politiquement bien mieux formés qu'eux ? Je n'en crois pas un mot."
"Régulièrement fleurissent des controverses sur les diplômes : sont-ils bradés ? Bien sûr, ils le sont, mais pas simplement par le système de compensation des notes : par la concurrence systématique entre les disciplines, par le fait que les crédits et moyens alloués aux département dépendent directement du nombre d'étudiants et pas de la cohérence des enseignements. Dès lors, il faut garder à n'importe quel prix les étudiants, pour éviter leur fuite vers les disciplines « conciliantes ». Seules les disciplines objets d'une forte demande, ou qui peuvent officiellement ou officieusement instaurer un concours ou un numerus clausus tirent leur épingle de ce jeu pervers : cessons de fermer les yeux sur la valeur des « certifications » universitaires. Il faudra se dire un jour qu'un diplôme n'est pas un droit démocratique, mais le résultat d'un travail, auquel désormais les étudiants sont très mal préparés. "
" Ce ne serait pas d'ailleurs une mauvaise idée que d'envoyer les enseignants du supérieur refaire périodiquement des cours dans l'enseignement secondaire. Accessoirement, cela leur remettrait les idées en place sur les privilèges dont ils jouissent. Mais Harvard, ce n'est pas les États-Unis. L'évaluation réciproque, c'est aussi le chantage et le troc : notre peau d'âne contre ta note. La solution n'est pas de répondre à la démagogie par la démagogie."
Oups ! j'ai cité plus que ce à quoi j'ai droit. J'espère que l'Humanité et l'auteur ne m'en voudront pas.
Je constate que de tels écrits viennent le plus souvent de profs émérites ou d'inspecteurs retraités. Une fois la carrière faite. Car j'ai pu constater qu'à l'université, c'est la carrière qui passe avant tout. On fabriquera des diplômes si c'est bénéfique pour obtenir des postes (et des postes il en faut pour faire carrière). Certains - modernes ! ah ah - réclameront le wifi dans les amphis pour que les étudiants puissent jouer en réseau pendant le cours (et ainsi faire silence). Non ? est-ce que ces profs font un tour dans les travées de l'amphi ?
Ah, j'oubliais. Un mot est absent de l'article : "excellence". Sans ce mot, pas de postes, pas de crédit. C'est facile : "excellence, vous dis-je, excellence !"
Et aussi "labellisé" .
Et aussi "labellisé" .
Ben couillon !
P.S. dans l'article quelques coquilles. Dont "Limoge". Non ? Limoges, Poitiers, Rennes, Tours, Angers
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