vendredi 25 février 2011

Une erreur de plusieurs milliards

"Un jour de « stage » j'ai entendu le chef pousser un cri d'horreur :
« Quoi ? Regardez Raymonde (c'était le prénom de ma mère) il y a une erreur de plusieurs milliards !»
Ma mère stupéfaite aussi regardait une carte perforée ou son résultat sur une feuille.
Moi, j'étais content de constater que d'autres pouvaient aussi se tromper et de plusieurs milliards !
Le chef et ma mère sont sortis du bureau en refermant la porte. Je n'entendais rien mais voyais le chef apostropher les mécanographes. L'une d'entre elles avait commis l'énorme erreur et pas de quelques centimes comme moi, mais de plusieurs milliards !
Aucune, bien sûr, n'avait l'air au courant mais chacune devait douter d'elle-même.
Le chef est revenu dans le bureau avec un sourire crispé et a demandé à ma mère de rectifier l'erreur, pas à moi.
Le soir suivant, lorsque ma mère est rentrée du bureau, bien à l'heure car Léontine veillait, elle nous a raconté qu'une erreur de plusieurs milliards s'était encore produite !
Et le soir suivant. Le chef finissait par penser que la coupable le faisait exprès pour saboter cette grande et noble société. D'après lui il ne pouvait s'agir d'une faute d'inattention car elle aurait été de quelques francs voire des milliers mais pas des milliards et pas tous les jours !
Un soir, le chef était resté avec mère après le départ des employées et ils avaient discrètement écrit au crayon sur les cartes du lendemain des numéros correspondant à chacune d'elle.
Je ne sais pas pourquoi ils ne pouvaient identifier facilement la provenance de chaque carte perforée mais il devait y avoir une raison pour qu'ils utilisent ce truc pour y arriver.
Enfin la responsable avait été démasquée ! Il s'agissait en fait d'une grosse dame équipée d'une très forte poitrine et qui, à chaque fois qu'elle se penchait pour actionner son chariot appuyait avec sur les touches, sans s'en rendre compte.
Ce fut l'hilarité générale sauf pour la dame qui devait être morte de honte…La pauvre, je la comprenais moi."

mémoires extraites de
http://achar.canalblog.com/archives/2005/02/index.html

Merci à l'auteur aujourd'hui disparu.

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