dimanche 3 juillet 2022

" les paysans périgourdins ne sont que des « squelettes ambulants » trouvant leur nourriture « dans le son et les herbes ».

 Lorsqu'ils sont présentés par les documents du XVIIIe siècle, les
rapports entre alimentation et population, tout particulièrement en
Périgord, ne manquent jamais d'être apocalyptiques. Selon Bazin de Bezons, intendant de Bordeaux, la disette de 1693 aurait provoqué dans les élections de Périgueux et de Sarlat la mort de 60 000 personnes ] .
Pour Tourny, en 1747, les paysans périgourdins ne sont que des «
squelettes ambulants » trouvant leur nourriture « dans le son et les herbes 2 ».
Le marquis d'Argenson écrit : « les hommes meurent dru comme mouche de pauvreté et en broutant l'herbe 3 ». En 1789 le subdélégué de Ribérac demande : « Faudra-t-il s'entre-égorger pour s’entre-dévorer, faudra-t-il que le plus faible devienne l'aliment du plus fort 4 ? » 

 

 II serait possible de multiplier les exemples et de dresser du Périgord, comme administrateurs et curés l'ont très souvent fait, « le tableau le plus cruel de la plus affreuse misère 5 ».
Le Périgord au XVme siècle est très loin d'être le paradis
gastronomique que les touristes d'aujourd'hui affectionnent et l'on peut affirmer que la « science de gueule » n'y était pas alors une
préoccupation fondamentale du peuple. Le plus souvent les ressources de l'agriculture suffisent à peine à assurer la subsistance des habitants, tout au moins avec les produits alimentaires classiques utilisés en France à cette époque. Ici pas d'impérialisme du froment, mais une domination écrasante du maïs et des châtaignes dans l'alimentation des foules paysannes.
1. Boislile, Correspondance des contrôleurs généraux des finances avec les Intendants de Province, Paris, 1874, t. I, page 340, et ce sur une population qu'il estime dans son Mémoire concernant la généralité de Guyenne, Bibl. Municipale, Bordeaux, Ms 736, p. 200, à environ 450 000 habitants.
2. AD, Gironde, C 1403.
3. Cité par G. Rocal, Croquants du Périgord, Paris, 1933, p. 103.
4. AD Gironde, C 3678.
5. AD Gironde, C 1463, 1778.

https://www.persee.fr/docAsPDF/adh_0066-2062_1976_num_1976_1_1301.pdf 

ALIMENTATION ET
POPULATION RURALE EN PÉRIGORD
AU XVIII* SIÈCLE
par R. BEAUDRY

 "Selon François de La Rochefoucauld « une famille fait
cuire le matin des châtaignes dans un chaudron et chacun  en mange
toute la journée autant qu'il en veut
29... ».  Young nota que les enfants
en mangent tout le long du
jour. Les adultes aussi sans doute, puisque,
selon la statistique générale de la France, un homme peut en consommer
environ 300 dans la journée 30
!  Ah ah ! souvenir de ma jeunesse.

 

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