vendredi 20 avril 2012

Naples, santons, Toto et le pape Benoît XVI

 Toto (Antonio Focas Flavio Angelo Ducas Comneno De Curtis di Bisanzio Gagliardi dit Totò ), est né à Naples. On voit sa photo un peu partout.

" Leurs santons pour les crèches sont renommés dans le monde entier mais les artisans de la Via San Gregorio Armeno de Naples mettent en garde: la crise économique actuelle risque de faire disparaître leurs fragiles entreprises familiales.
"C'est un cauchemar, la crise commence vraiment à nous toucher pour de bon. Nous avons perdu 50% de chiffre d'affaires pour la période en cours par rapport à 2010", se lamente Genny Di Virgilio, dont la famille est installée dans la "rue des santons", la via San Gregorio Armeno, depuis 1830.
D'habitude, à l'approche des fêtes, ce quartier en plein centre de Naples est envahi de touristes à la recherche, pour leur crèche, de figurines à l'effigie de Marie, de l'Enfant-Jésus, de l'Archange Gabriel ou encore des Rois Mages.
Cette année, en revanche, les artisans ont dû se résoudre à casser les prix et un artisan a même installé un stand "Tout doit partir!"
"Le gouvernement nous a saignés à blanc avec des impôts et encore des impôts. Maintenant les gens n'achètent plus. Je n'ai plus le choix, c'est fini", déplore Salvatore, 70 ans, alors que deux curieux repartent les mains vides de son magasin.
"L'avenir est très sombre. Nous ne recevons pas d'aide de l'Etat", ajoute son confrère Luciano Capuano, qui dirige avec son frère l'entreprise familiale, où travaillent aussi leurs femmes et leurs soeurs.
Après une timide reprise, la crise touche de plein fouet l'Italie: selon l'organisation patronale Confindustria, la péninsule qui aurait dû croître de 0,2% l'an prochain verra son PIB se contracter de 1,6%.
Face à cette situation, 64% des Italiens prévoient de tailler dans leurs dépenses de Noël, et 22% ont même décidé de réduire ce budget de plus de la moitié, selon l'association de commerçants Confesercenti.
La concurrence chinoise est très forte
Un contexte défavorable qui frappe d'autant plus les fabricants de santons que ces derniers sont confrontés à la concurrence féroce des santons produits en masse en Chine à des prix cassés.
Les traditionnelles statuettes en terre cuite de Luciano Capuano, peintes à la main et habillées de vêtements en soie et en satin, coûtent jusqu'à 500 euros alors que ses concurrents offrent des articles de bien moindre qualité à partir de 20 euros.
Pour survivre, Marco Ferrigno, un artisan de 43 ans qui a commencé très jeune à travailler dans l'atelier familial, s'est lancé dans la fabrication de figurines de personnages célèbres.
"Nous devons nous réinventer pour survivre et les Napolitains sont très doués pour ça", explique-t-il. "A côté des figurines traditionnelles de la Nativité, nous avons maintenant des stars de la chanson, du football et la politique, et même le pape !"
"J'étais vraiment pessimiste, mais nous remontons lentement la pente", dit-il alors qu'un groupe d'enfants s'attarde autour de statuettes de Michael Jackson et de Maradona.
Marco Ferrigno propose aussi à ses clients un service sur mesure: il réalise des statuettes à partir d'une photographie d'un membre de leur famille, d'un ami ou encore d'un de leurs acteurs préférés.
Beaucoup d'artisans ne sont cependant pas convaincus par ce nouveau marché, qu'ils accusent de galvauder la qualité artistique des santons traditionnels.
"Naples est l'une des plus belles villes du monde, mais elle souffre de la corruption, de la criminalité et de la crise des ordures", observe Genny Di Virgilio. "Les santons sont la seule chose qui marche... mais pour combien de temps encore?" s'interroge-t-il. "
AFP

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