http://www.societe-informatique-de-france.fr/sif_lo/Lettre_ouverte_2014.html
Et les réflexions de JM Bérard IGEN Honoraire.
http://www.education.gouv.fr/cid2/presentation.html
Permettez-moi de vous faire part de ma perplexité renouvelée : je suis absolumentcertain que l’informatique est une discipline éminemment formatrice. Mais commentpeut-on conduire une réflexion sur la place d’une nouvelle discipline sans situercette réflexion dans une réflexion d’ensemble sur les objectifs du systèmeéducatif, sur ce qu’on doit y enseigner et comment l’enseigner. Il me semble, bien que je sois actuellement retraité, que c’est cette réflexiond’ensemble qu’entreprend le CSP.Un telle réflexion suppose que l’on prenne en compte l’articulation des différentschamps d’enseignement les uns par rapport aux autres. Et si un telle réflexionconduit à considérer que l’enseignement de l’informatique est nécessaire, quefaut-il enlever d’autre dans un cursus scolaire assez unanimement considéré commetrop lourd ? Je n’ai évidemment aucun avis institutionnel à donner sur les réflexions et lesdécisions du ministère. Mais je crois que l’on ne peut guère concevoir une réformedes curriculums sans se demander comment les différents champs d’enseignements’articulent les uns par rapport aux autres, et ce qu’il faut enlever si l’onrajoute. Je n’arrive pas à concevoir comment on peut conduire une réflexion sur lesystème éducatif à partir d’une seule discipline.
La réponse de JP Archambault de l'EPI
http://www.epi.asso.fr/
L'objectif du système éducatif est de donner à tous les élèves la culture générale de leur époque. A cette culture générale correspond une culture générale scolaire. Les deux ne sont pas immuables. Elles évoluent car la société elle-même évolue. Ainsi Le latin et le grec n'occupent-ils plus la place qu'ils avaient antan. En mathématiques, la géométrie descriptive et les coniques ont disparu, remplacées par les probabilités et les statistiques. Dans les années 1960, la discipline sciences économiques et sociales a été créée, etc. Si, il y a plus d'un siècle, les sciences physiques sont devenues discipline scolaire, c'est parce qu'elles sous-tendent les réalisations de la société industrielle. Pour déterminer si une discipline doit faire partie de la culture générale scolaire, il faut examiner les évolutions de la société dans son ensemble au prisme des trois missions fondamentales de l'Ecole, à savoir former l'homme, le travailleur et le citoyen. Dans la vie de tous les jours, dans les entreprises, les administrations, la société, l'informatique joue un rôle sans cesse croissant et occupe une place de plus en plus importante. A ce titre elle doit devenir une discipline pour tous les élèves. Et la dernière réaction de JM Bérard
Merci pour cette réponse, qui va au fond de la question, mais ne dit rien sur la façon de la penser et de la résoudre. D’emblée le débat est présent dès votre première phrase, dans l’expression “la culture générale de notre époque”. Lorsque j’ai participé à une mission de l’inspection générale sur le bac en Autriche, il y a une vingtaine d’année, les piliers de la culture générale et les piliers des critères de sélection élitistes du système scolaire y étaient encore le latin et le grec. Pas du tout les maths. Il ne me semble pas que la science autrichienne avec Boltzmann Schrödinger et Ehrenfest ait beaucoup souffert de cet excès de latin... Il me semble que la conception de la culture sous-jacente à votre expression est un peu mécaniste. La réflexion sur ce qu’est la culture générale ne peut se limiter à “qu’est-ce qui est d’actualité dans notre société ?” Il faut prendre en compte tout un ensemble de connaissances, de compétences, de méthodes de raisonnement, de modes d’expression. Il faut tenir compte de l’histoire, de l’économie, des professions, des champs esthétiques et de plaisir, des relations entre les personnes et de l’aptitude de chacun à créer, du modèle social dans lequel nous vivons et de celui que nous souhaitons, puis faire des choix et définir des stratégies. Comment, par exemple, se fait-il que, aux cotés du lire écrire compter, le “raisonner” ait aussi peu de place dans notre système ? Je maintiens donc que, certes les spécialistes ont leur place dans le débat, mais seulement à titre d’apport à une réflexion globale. Il ne doit pas être difficile en mobilisant de très sérieux universitaires en informatique de rassembler un nombre important de signatures en faveur de l’enseignement de l’informatique. C’est important. Mais pas déterminant à soi seul. Il me semble donc que le débat “former l’homme, le travailleur et le citoyen” ne peut absolument pas être posé au travers du filtre d’une seule discipline, mais bien en prenant en compte les conceptions d’ensemble. Si l’on prend par exemple comme critère “qu’est-ce qui est d’actualité dans notre société” on développera considérablement l’enseignement de la biologie : c’est dans ce champ universitaire que les évolutions récentes sont les plus marquantes, c’est dans les applications industrielles de ces recherches que l’on a de grandes perspectives sociales et économiques, et c’est sur les conséquences juridiques, morales et éthiques des questions soulevées que notre réflexion de citoyen doit être consolidée. Je ne voudrais pas être mal compris. Je suis certain que l’informatique est une remarquable discipline de formation générale. Mais ce seul constat ne suffit pas du tout à trancher la question de la place à apporter à cette discipline dans le système éducatif. Bien cordialement. JM Bérard Petite remarque : il me semble que la physique existait bien avant l’ère industrielle. (C’est un débat complexe, mais pour ma part je la ferais remonter à Galilée.) Il me semble aussi que le fait qu’il existe des applications socialement importantes n’est pas suffisant pour déterminer si une science doit ou non être enseignée. Mais pour aller dans votre sens je dois remarquer que, lorsque j’étais élève en terminale, la thermodynamique et la machine à vapeur avaient une large place dans le programme. Et lorsqu’on a introduit de la physique moderne (mécanique quantique, relativité) on a réduit ou supprimé la thermodynamique. L’informatique, pourquoi pas. Mais que souhaitez-vous que l’on supprime ?
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