mardi 10 décembre 2013

Notre Vialatte quotidien : L'imprégné fait du bricolage

" Comment le savoir sans l'apprendre ? Alors qu'on ne le sait pas encore, même en apprenant tous les jours ? ...
Par "imprégnation" nous dit-on. C'était l'idée de l'ancien régime où l'aristocrate "savait tout sans jamais avoir rien appris ". Voltaire s'en est assez moqué. "Imprégné" par des "imprégnés", on n'a plus de la langue et des mots que des fantômes et des caricatures. Que reste-t-il d'un texte anglais dans une traduction du chinois qui a été faite d'après une traduction persane adaptée de l'urdu selon son texte en grec ? le calque du calque d'un calque ne reproduit pas l'original. Une reproduction photographique elle-même défigure déjà un tableau. L'imprégné fait du bricolage. Quand il a bâti une maison avec ses notions d'imprégné il s'aperçoit qu'elle n'a pas d'escalier, qu'elle prend l'eau et laisse fuir le gaz.
Un "imprégné" de notions médicales fait mourir son homme à coup sûr. L' "imprégné" n'a que des idées fausses ou floues qui peuvent être fatales. Il est dangereux pour la société. "

Alexandre Vialatte, chronique 880 du 10 décembre 1970

1 commentaire:

JoëlP a dit…

L'imprégnation est la source de nos préjugés. La connaissance celle de nos bons jugements.

 
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