mardi 23 mai 2023

Illustrations paillardes du manuscrit du Roman de la Rose (milieu du XIV).

 Lors de sa conférence Jérôme Rival samedi dans le musée de la vigne et du vin au Pallet, patrie de Pierre Abélard, nous a projeté des photos. Mais avec le soleil... on n'a pu voir. Il nous les a décrites.

https://www.pierre-abelard.com/docu-chantilly.htm

D’après Charlotte Charrier, "Héloïse dans l'histoire et dans la légende" p. 379
Sur les 22 000 octosyllabes du roman de la Rose, 74 vers sont consacrés par Jean de Meung pour relater l’histoire d’Héloïse et d’Abélard. Lui-même adversaire du mariage, dit son admiration pour la merveilleuse parole de celle qui a refusé le mariage et voulait " Estre ta putain apelée "

.Jean de Meung fera, de plus, la première traduction en Français de " l’historia calamitatum " d’Abélard et des 7 autres lettres de la correspondance entre Héloïse et Abélard.
(Eric HICKS, 1991)


 

 Pierres Abailarz reconfesse
Que seur Helois, abaesse
Dou Paraclit,qui fu s’amie
Accorder ne se voulait mie
Pour riens qu’il la preïst a fame
Ains li faisait le jenne dame
Bien entendanz et bien amée
Argumens a lui chastier
Qu’il se gardast de marier ; "

 "Pierre Abélard confesse de son côté que soeur Héloïse, abbesse du Paraclet, qui fut son amie ne voulait pas consentir à devenir son épouse. La jeune femme qui était très intelligente et très lettrée, lui donnait des arguments pour le détourner du mariage et lui prouvait par des textes que les conditions de l'état conjugal sont trop rigoureuses, même quand la femme est est sage, car elle avait beaucoup appris dans les livres et beaucoup retenu; et elle connaissait les moeurs féminines car elle les avait toutes en soi.

          Et elle le priait qu'il l'aimât mais qu'il se réclamât, non d'un droit de seigneur et maître, mais seulement d'une faveur librement accordée de telle sorte qu'il pût étudier sans entraves et qu'elle aussi s'appliquât à l'étude. Et elle lui disait encore que leurs plaisirs seraient d'autant plus vifs et leur félicité d'autant plus grande que leurs entrevues seraient plus rares
                                                                                                                                  Jean de Meung

 https://www.persee.fr/docAsPDF/barb_0001-4133_1985_num_71_1_55729.pdf

" Le Maître du Pallet on désigne parfois ainsi Abélard par référence à la localité bretonne il naquit était un homme doté d’un ascendant exceptionnel, comme en témoigne le succès de son enseignement. De toute l’Europe occidentale affluaient vers lui des étudiants avides de le voir et d’entendre sa parole (2). Parmi ses élèves privilégiés, on comptera bientôt Héloïse. Naquit entre elle et le fougueux magister une idylle qui eut les suites dramatiques que l’on sait. Un siècle et demi après les événements, Jean de Meun, dans son Roman de la Rose, allait conférer
à cet épisode une aura qu’il ne devait plus jamais perdre. Il suffit,pour s’en convaincre, d’évoquer, parmi bien d’autres noms, ceux de Pétrarque, de Villon, d’Alexandre Pope, de Jean-Jacques Rousseau, ou de se rappeler qu’aujourd’hui encore il ne se passe pas une année sans que ne sorte de presse un ou plusieurs livres relatant, souvent avec une naïveté touchante, le drame amoureux qui eut
pour théâtre le royaume de France sous Louis VI, dit le Gros.
"

Je les ai retrouvées sur la Rentela, la Toile, le Web.

 Vous connaissez Le Nom de la rose d'Umberto Eco, et le Roman de la rose ?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Roman_de_la_Rose_(Guillaume_de_Lorris_et_Jean_de_Meung)

 

Le Roman de la Rose est une œuvre poétique française médiévale de 21 780 vers octosyllabiques sous la forme d’un rêve allégorique. Il a été écrit en deux temps : Guillaume de Lorris écrivit la première partie (4 058 vers) entre 1230 et 1235, puis l’ouvrage fut repris et complété par Jean de Meung (17 722 vers) entre 1275 et 1280.

Le Roman de la Rose fut un énorme succès littéraire dès sa parution et jusqu'à la Renaissance. On en a retrouvé en effet environ une centaine de manuscrits en France, souvent somptueusement illustrés, et quelque 300 exemplaires historiques (manuscrits et incunables) seraient connus [...]

Mais cette suite du Roman de la Rose est avant tout une satire : Jean de Meung s'en prend aux ordres monastiques, prédicateurs et mendiants, et surtout aux religieux hypocrites qui n'ont de religieux que l'habit, au célibat des clercs ordonnés (innovation du concile de Turin et du concile de Tolède en l'an 400-401), à la noblesse, au Saint-Siège, aux prétentions excessives de la royauté, mais surtout aux femmes. Alors que Guillaume avait exposé les lois de l'amour courtois, Jean de Meung ajoute un « art d'amour » qui expose brutalement les défauts des femmes, leurs pièges et les moyens de les déjouer, dans la lignée de l'esprit de moquerie et de scepticisme des fabliaux.

La vision de la femme chez Jean de Meung a provoqué de vives polémiques, la réaction de Christine de Pisan en particulier conduisant à une des premières querelles féministes8. On y trouve la comparaison, devenue fameuse, du mariage à une nasse où des poissons cherchent à entrer tandis que ceux qui sont piégés voudraient bien en sortir :

« Puis ne se puéent-il tenir
Que hors ne voillent revenir :
Là les convient à grant duel vivre
Tant que la mort les en délivre. »

[...]En plus d'être une querelle morale et religieuse (notamment avec l'intervention de Jean de Gerson, représentant le point de vue clérical traditionnel), la « querelle du Roman de la Rose » fut aussi la première querelle littéraire en France, avec en plus la participation d'une femme. Cette querelle (entre « rhodophiles » et « rhodophobes », selon l'expression) a notamment été étudiée par Éric Hicks, spécialiste de l'œuvre de Christine de Pisan."

 

https://lecomptoirdetitam.wordpress.com/2013/01/30/abondanc-de-b-du-roman-de-la-rose/

  Charmante illustration médiévale tirée du manuscrit du « Roman de la Rose » (milieu du 14ème siècle), peignant les femmes comme insatiables… Ms. Fr 25526, fol. 106 v °, Bibliothèque Nationale de France, Paris.


 


L'Association Pierre Abélard du Pallet nous avait déjà conduit à la Conciergerie :

https://www.pierre-abelard.com/Paris.htm

Titre : Les amours d’Héloïse et d’Abélard
Date : vers 1310
Pilier central de la salle du rez-de-chaussée, salle des gardes, de la Conciergerie. Rue de la Cité, Paris IVe.
         La salle des gardes fut édifiée vers 1310 par Philippe IV le Bel, petit-fils de Louis IX, Elle servait d’antichambre au rez-de-chaussée de la Grand’Salle où le roi tenait son lit de justice. Le tribunal révolutionnaire y siégea du 2 avril 1793 au 31 mai 1795. Trois piliers divisent le volume en deux nefs de quatre voûtées d’ogives.
S'il n'est pas douteux qu'Héloïse tient dans sa main gauche le sexe de son amant, on peut se demander ce que vient faire à ses pieds ce petit animal qui ressemblerait à un rat.


 

Ce ne serait pas un rat mais un castor, et ce castor serait le symbole de la mutilation d'Abélard.
C'est ce qu'a découvert  Mrs Brenda Cook, historienne anglaise de l'université de Londres en lisant dans "The Aberdeen Bestiary" la légende du castor. Celui-ci , pour échapper au chasseur, se mordrait, s'arracherait  les testicules et les lancerait à la figure de ce chasseur et si un autre chasseur se présentait, il se redresserait et se montrerait castré, ce qui suffirait à faire fuir son poursuivant. Le castor, c'est le chrétien qui veut vivre dans la chasteté, le chasseur c'est le diable. On aura remarqué le rapprochement en latin entre "castor" - le castor - et "castrare" - châtrer. "

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