dimanche 29 septembre 2024

De mon "Fidélouère !" arédien à l' "ineffable eccéité de la loutre" de Louis Hamelin

 Je ne savais pas dans ma jeunesse ce qui se cachait derrière "fidélouère !" que j'entendais plusieurs fois par jour dans le PSY (faut causer court de nos jours, le Pays de Saint-Yrieix, précisons, la-Perche, mais le maire veut laisser ces qualificatifs aux petits pays de Saint-Yrieix, comme Saint-Yrieix-la-Montagne, Saint-Yrieix-sous-Aixe, etc).

Fidélouère, c'est fils de loutre en occitan limousin, ce que nous nommions patois. De nos jours il y a plein de french patois. Je ne comprends pas toujours ce que racontent les collégiens à l'arrêt de bus. Pour les publicités, je connais un peu d'inglich et même de ricain. Nos maires de grandes villes adorent. Ils sont anticapitalistes mais aiment faire de la pub gratos pour le business. Bientôt ils feront des "remakes" des films et "séries" (on ne dit plus "feuilleton" ! c'est trop....) 'made in France' pour autoriser leur diffusion dans leur "smart-city".  Et c'est ainsi que "Trump is Big". Alexandre Vialatte écrivait "et c'est ainsi qu'Allah est grand".

 Un ami m'a signalé le livre d'un auteur québécois.

Betsi Larousse ; l'ineffable eccéité de la loutre


 

 En voici un extrait diffusé sur la page de la Rentela de Gallimard.

" Betsi était la petite-fille d’un célèbre homme de théâtre originaire de la région, et dont deux ou trois rejetons avaient aussi tâté de la scène et de l’écran. L’un d’eux, le père de Betsi, avait été lecteur du bulletin de nouvelles à la station d’État, puis animateur vedette de magazines d’information successifs. Cette fille faisait partie d’une véritable dynastie du showbiz. Sa carrière publique avait commencé vers l’âge de quatre ans quand elle avait tenu un rôle mineur dans un téléroman. Ensuite, elle avait tourné des messages publicitaires devenus fameux. À quinze ans, elle mettait sur le marché un premier disque de ballades inoffensives qui était passé relativement inaperçu, mais pas elle, dont la nubilité agressive s’imposait aussitôt comme sujet de conversation. À dix-sept ans, une nouvelle tentative avait rencontré le vide avant qu’un vidéoclip ne vienne lui assurer la visibilité nécessaire et révéler définitivement une présence et un physique explosifs. On vivait à l’ère de la fulgurante ascension québécoise dans l’industrie de la courte vue, domaine alors en pleine expansion, et Betsi Larousse était une autre nymphette à la voix d’ange et aux trémoussements de géhenne, spécialiste des affres freudiennes évoluant toujours à la limite de la crise cardiaque. Le marché de l’innocence étant plutôt encombré, elle avait embrassé les thèmes sexuels avec franchise et abandon, réussissant à faire peur aux parents, à fixer sa clientèle préadolescente et à rameuter les hommes des quatre coins de la sphère pécuniaire. Elle était devenue une sorte d’étendard de la nouvelle croisade de l’image, un emblème de l’ingénuité ravageuse de sa génération. Le feu des critiques convergea aussitôt sur sa pomme. Elle incarnait les années quatre-vingt et leur défaut de substance, la consommation à outrance, les caprices du pouvoir d’achat. On voyait déjà se former dans le creuset de son art une certaine idée du néant. À vingt ans, Betsi était un vétéran. 

Les forces adverses s’étaient bien préparées, le désintérêt général avait été soigneusement fomenté. Le troisième album de Betsi constitua un échec retentissant. Les adultes ne lui pardonnaient plus de faire l’enfant. La pauvreté des textes lui attirait des reproches unanimes. Son jeune public, volage, avait décidé de lui retirer temporairement ses faveurs. Betsi choisit ce moment pour congédier son gérant et apporter sa carrière, sur un plateau d’argent, à un autre Pygmalion plus dégourdi. Il était jeune et dynamique. Le début de la vingtaine coïncida chez elle avec une période de grande recherche : on la trimballa d’un look à l’autre comme une poupée, elle n’avait qu’à bouger les lèvres et battre des cils. Elle connut des phases de coloration variées, fut de toutes les avant-gardes vestimentaires, pendant que sa chevelure subissait avatar après avatar, des frisettes aux boudins aux nattes au toupet en passant par le ras-le-bol. Elle se cherchait tellement que c’en était devenu un phénomène, objet de fines plaisanteries dans la meilleure société. Les derniers clips, pourtant léchés jusqu’à la moelle, n’arrivaient pas à imposer la Betsi nouveau modèle. Elle sentit alors la tribune de ses futurs triomphes se dérober sous ses pieds et, comme elle avait goût au bonbon, elle ne pouvait plus s’imaginer ne pas respirer au rythme de la machine à croquer les vedettes. Vint un sauveur : le gars avait fait de la musique dans les années soixante-dix, grimpant sur quelques scènes semi-prestigieuses avant de dégringoler encore plus bas dans le circuit des clubs et de se réveiller un bon matin en studio pour se mettre à la console, à la production, à la gérance, à tout ce qui tourne autour du centre de l’affaire sans jamais l’atteindre vraiment, et il rêvait de devenir l’indispensable homme à tout faire d’une fille comme Betsi, qui avait le succès écrit au fond des yeux et qui aurait pu trouver la gloire en emballant des articles chez Métro. Ce zozo la persuada de négocier le virage western. Il avait flairé le vent, détecté à temps le retour du country, la narine bien haute quand il ne l’employait pas à courir sur l’émail ou à la surface d’un miroir de poche, le long d’une traînée de cristaux roboratifs. Grand visionnaire, il pouvait se targuer d’avoir prévu le coup, d’avoir vu venir la vague, sinon même de l’avoir aidée à lever un peu. Il avait déniché un rimeur vénal et compétent, puis engagé des musiciens rock disposés à se convertir au trémolo le temps d’un enregistrement ou deux, et enfin, le plus important, il avait généreusement pourvu Betsi en bottes de cow-boy et chapeaux à larges bords, vestes à franges et pantalons moulants à paillettes. Elle portait maintenant des éperons sur scène et aimait à en menacer les spectateurs des premières rangées, ceux qui se croient tout permis. Ses décolletés, déjà renommés pour leur audace, scandalisaient désormais jusqu’aux échotiers avertis. Et ça marchait."

 

Et alors ? la loutre ?

 

L'eccéité ?

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ecc%C3%A9it%C3%A9

 

Et c'est là que je retrouve mon Pierre Abélard, 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Ab%C3%A9lard

 

natif du Pallet (pas loin de mon petit Liré et pas loin de l'usine LU qui a quitté Nantes pour aller s'installer à La Haye-Fouassière https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Haie-Fouassi%C3%A8re  et la querelle des Universaux.

 

"

L'eccéité (ou encore hæccéité, heccéité) est l'ensemble des caractéristiques, matérielles ou immatérielles, qui fait qu'une chose est une chose particulière. Il s'agit de son essence particulière qui permet de la distinguer de toutes les autres. Par extension, on peut traduire ce terme par individualité.

Eccéité et quiddité

L'eccéité est parfois considérée comme synonyme de quiddité, mais une différence subtile existe. La quiddité porte sur l'essence commune à un groupe, et qui est classiquement exprimable par une définition (« un banc est un artefact pour s'asseoir »). L'eccéité est quant à elle insaisissable par une définition et suppose un principe d'individuation difficile à cerner (« ce banc est celui sur lequel nous nous sommes embrassés »)."

 

Puisqu'on parle actuellement de dette et de comptabilité , à lire :

file:///home/utilisateur/T%C3%A9l%C3%A9chargements/de-la-querelle-des-universaux-a-la-querelle-des-comptables-au-sujet-de-la-juste-valeur.pdf


Fidélouère !

Je ne pensais pas que tout jeune j'étais déjà plongé dans la querelle des universaux sans le savoir !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Universaux

 Ségolène Royal, elle, avait été certainement toute jeune dans cette querelle. Mais aucun journaliste n'y a fait référence quand Ségolène nous a parlé de la "bravitude"

 

Terminons par de la poésie


« … Il faut être bête comme l'homme l'est si souvent
Pour dire des choses aussi bête que
Bête comme ses pieds, gai comme un pinson.
Mais le pinson n'est pas gai !
Il est seulement gai quand il est gai,
et triste quand il est triste.
Ou ni gai ni triste.
Est-ce qu'on sait ce qu'est un pinson ?
D'ailleurs, il ne s'appelle pas réellement comme ça,
C'est l'homme qui a appelé cet oiseau comme ça.
Pin-son. »
J. Prévert, cité par Roland Moreno dans "Théorie du Bordel Ambiant", Pierre Belfond, 1990


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