mardi 10 septembre 2024

La langue de bois, par Claude Hagège. Et la spécification des logiciels

 Je relis L'homme de parole, de Claude Hagège


 

https://www.persee.fr/doc/slave_0080-2557_1986_num_58_1_5551_t1_0099_0000_1

https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Hag%C3%A8ge

 

"Mais pour ce qui est du marxisme en linguistique, comme dans les autres sciences sociales, c'est là une affaire qui me concerne personnellement"

Surprenantes affirmation par Staline d'un intérêt tout personnel pour la linguistique. D'où peut-il bien venir ? D'un intérêt particulier pour le phénomène de la langue lui-même. le régime soviétique en est encore un exemple frappant, lui qu'on a pu qualifier de "logocratie". Il convient, en fait, d'analyser en termes linguistiques cette fameuse "langue de bois", définie ici et là comme un style par lequel on s'assure le contrôle de tout, en masquant le réel sous les mots. La novlangue d'Orwell visait, mais dans la fiction, à extirper toute pensée non orthodoxe en bannissant les noms mêmes qui pouvaient lui servir de supports. les mots y devenaient leur propres référents. Dans les textes soviétiques officiels, on constate un emploi largement inférieur des verbes par rapport aux noms dérivés de verbes, type de nominalisation dont le russe est abondamment pourvu. Le grand nombre des nominalisations permet d'esquiver par le discours l'affrontement du réel, auquel correspondrait l'emploi des verbes. Ainsi, on peut présenter comme évident et réalisé ce qui n'est ni l'un ni l'autre. 

 

Pour prendre un exemple français, quand on passe de mes thèses sont justes ou les peuples luttent contre l'impérialisme à la justesse de mes thèses ou la lutte des peuples contre l'impérialisme, on passe de l'assertion à l'implicite. 

 

L'énonceur élude ainsi la prise en charge, aussi bien que l'objection. Car l’auditeur,s 'il peut interrompre à la fin d'une phrase mes thèses sont justes, le peut beaucoup moins après une portion de phrase inachevée la justesse de mes thèses."


La nominalisation apparaissait particulièrement dans certaines approches à la mode en France en matière de modélisation en informatique. 

 Je pense au "MCD" (Modèle Conceptuel de Données) de la "méthode Merise".

Alors que les Anglais préféraient des approches en termes d'événements et donnaient la priorité au verbe.

Je pense à JSD (Jackson Software Development Method) de Michael Jackson. Et aux ouvrages des prix Turing Tony Hoare (CSP)  et Robin Milner (CCS) 

https://lefenetrou.blogspot.com/2024/06/mes-maitres.html

Et je me souviens des collègues du département GMP de l'IUT de Nantes qui se moquaient des listes de " noms de rubriques" sur les tableaux noirs (ils disaient, "quelle bande de gratte papiers !). Eux ils s'intéressaient aux changements d'état, aux événements, aux information (une information c'est ce qui entraîne un changement d'état. Le soleil se couche tous les soirs n'est pas une information pour moi ! Je m'étais entendu avec eux pour que mes étudiants aient des TP dans leurs locaux. Et mes étudiants n'étaient pas à l'aise. Pour lancer le programme qui permettait à un engin de remplir une caisse de bouteilles de Muscadet, ils prenaient un manche à balaie pour appuyer sur la touche du clavier de l'ordinateur, ayant peur de recevoir une baffe du bras mécanique de l'engin. Ils n'avaient pas ces craintes pour lancer un programme de facturation ou d'interrogation d'une base de données !



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