"Le second aspect de l'engagement dans le parti, c'est un aspect personnel, psychologique : le besoin pour l'individu de trouver une sécurité, des jugements clairs et tout faits, une sorte de besoin de démissionner : on insistera jamais assez sur le fait que l'engagement dans un mouvement politique ou dans un parti, c'est une démission de sa responsabilité individuelle, de sa liberté de jugement. [-]. C'est l'insertion dans un mécanisme bien huilé, bien organisé, mais qui ne peut fonctionner qu'en se nourrissant de pâtée humaine (l'armée sans militaire n'est rien, comme le parti sans militants). [-]. Bien entendu, cette démission concorde parfaitement avec un grand dévouement, une grande mystique, des réunions tous les soirs jusqu'à deux heures du matin, le collage des affiches et la bagarre s'il le faut. Tout cela n'étant que bromure et véronal pour endormir la conscience, fuir les vrais problèmes du politique en agissant beaucoup, et avoir l'illusion de l'importance par le prestige acquis dans le groupe. Le mensonge de l'engagement est probablement l'une des plus belles réussites de l'illusion politique."
Jacques Ellul, L'illusion politique, p. 233-234,
Réed. La table ronde, Paris, 2004.
Cité par
http://croustoujours.hautetfort.com/
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