vendredi 6 septembre 2013

Notre Vialatte quotidien : Ce n'étaient qu'inventions, pétulances, méditation et mise au point

" Je chanterai les grandeurs de mon siècle et ses inventions prodigieuses. Et d'abord la "musique concrète", qui a débuté dans le brouhaha. Car elle est née dans une casserole, comme le lapin sauté chasseur; On tapait sur une petite marmite, on y adjoignait des ronflements de machine à coudre, on coupait d'un coup sec sur le goulot d'une bouteille, on écrasait le tout d'une arrivée d'express empruntée à un film sonore. Il en naissait des crrac, des flac et des glouglous,en un mot des concerts célestes ; des grondements, des adagio et des andante, des rythmes empruntés à l’essieu de la brouette, des vrillements au tournevis, bref des choses nettement acoustiques. On se haussait comme mon oncle Emile jusqu’à jouer du tambour sur une assiette à soupe avec un couteau à dessert. Sur quoi Chopin n'était plus que prose. On discutait d'un ploum, on fignolait un plouf, on nuançait un bris d'assiettes, on faisait déchausser le mille-pattes dans une baignoire retentissantes; Ce n'étaient qu'inventions, pétulances, méditation et mise au point. "

Alexandre Vialatte, chronique 24 du 19 mai 1953

2 commentaires:

arabia a dit…

Belle idée de remettre Vialatte à l'honneur !
cordialement
alainB

JoëlP a dit…

"On tapait sur une petite marmite, on y adjoignait des ronflements de machine à coudre, on coupait d'un coup sec sur le goulot d'une bouteille, on écrasait le tout d'une arrivée d'express empruntée à un film sonore... on faisait déchausser le mille-pattes dans une baignoire retentissantes"

De la musique totalement acousmatique (adjectif difficile à placer et pourtant on écoute la radio qui est on ne peut plus acousmatique)

 
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