mardi 22 septembre 2009

Les Britanniques

"sont âpres au gain, possessifs et procéduriers sous leur air bien-pensant et conventionnel de grands garçons sportifs, élégants ou de vieux messieurs bien soignés, qui ne manquent jamais le sermon du dimanche.
Qui n'a lu Alice in Wonderland, son voyage à travers le miroir et ses aventures au pays de la féerie qui est l'univers des enfants, le seul vrai, car rien n'y est impossible ? Le livre de Lewis Carroll est un livre clé qui ouvre toutes les portes, toutes les âmes de l'Angleterre. On dit communément qu'impossible n'est pas français, mais je crois que pour les Français cet "impossible" reste surtout sur le plan moral, alors que pour les Anglais l'Impossible est une victoire quotidienne, une victoire matérielle, une réalisation puisqu'ils ont édifié l'Empire britannique, et Dieu sait avec quelle foi dans les puissances du rêve ! [...]
La GB m'a toujours paru être le pays des contes. Son paysage semble se situer hors du temps et ses habitants, qui obéissent comme des initiés à une loi non écrite, semblent mener une vie inattendue, car chaque citoyen, fort d'une longue tradition de civisme et de liberté, cultive sa personnalité à outrance, si bien qu'aux yeux d'un étranger chaque Anglais de marque prend facilement figure d'amateur ou de conquérant car toutes les réussites anglaises et même les plus terre à terre et les plus intéressées dues à l'esprit de concurrence ou d'entreprise de simples marchands ou négociants, comme par exemple, récemment, entre les deux guerres, la conquête du marché du caoutchouc dans le monde des affaires, ou celui de la viande en Argentine, se racontent comme des légendes. "

Blaise Cendrars, Bourlinguer, page 365

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