dimanche 1 mars 2009

"les gens ils ne fonctionnent pas avec leur tête, ils fonctionnent avec leurs tripes"

Un de mes correspondants m'écrit. Et je souscris à ses propos. Un prof qui sait de quoi il parle et qui instancie ses propos par des exemples. C'est ce que devrait faire tout prof. La liberté académique est faite pour cela.

"Bonjour,

Avez-vous entendu les derniers propos de Georges Frêches (ex-maire de Montpellier et actuel président de la Région Languedoc-Roussillon) :

"Oui, ce que je vous dis c’est l’évidence. Ah, mais si les gens fonctionnaient avec leur tête, mais les gens ils ne fonctionnent pas avec leur tête, ils fonctionnent avec leurs tripes. La politique c’est une affaire de tripes, c’est pas une affaire de tête, c’est pour ça que moi quand je fais une campagne, je ne la fais jamais pour les gens intelligents. Des gens intelligents, il y en a 5 à 6 %, il y en a 3 % avec moi et 3 % contre, je change rien du tout. Donc je fais campagne auprès des cons et là je ramasse des voix en masse.

Enfin, aujourd’hui je fais ce qui m’intéresse, comme Président de Région, j’aide les lycées, j’aide la recherche et quand je ferai campagne, dans deux ans pour être de nouveau élu, je ferai campagne sur des conneries populaires, pas sur des trucs intelligents que j’aurais fait. Qu’est-ce que les gens en ont à foutre que je remonte les digues, les gens s’occupent des digues quand elles débordent, après ils oublient, ça les intéresse pas, les digues du Rhône, les gens ils s’en foutent, ah à la prochaine inondation, ils gueuleront qu’on n’a rien fait. Alors moi je mets beaucoup d’argent sur les digues du Rhône, mais ça ne me rapporte pas une voix, par contre si je distribue des boîtes de chocolat à Noël à tous les petits vieux de Montpellier, je ramasse un gros paquet de voix. Je donne des livres gratuits dans les lycées. Vous croyez que les connards me disent merci, ils disent non ils arrivent en retard, comme si c’était ma faute parce que l’appel d’offres n‘avait pas marché et que donc il y avait quinze jours de retard dans la livraison.

Les gens, ils disent pas merci, d’ailleurs les gens ils disent jamais merci. Les cons ne disent jamais merci. Les cons sont majoritaires, et moi j’ai toujours été élu par une majorité de cons et ça continue parce que je sais comment les « engraner », « j’engrane » les cons avec ma bonne tête, je raconte des histoires de cul, etc. ça un succès de fou, ça a un succès fou. iIs disent, merde, il est marrant, c’est un intellectuel mais il est comme nous, quand les gens disent « il est comme nous », c’est gagné, ils votent pour vous. Parce que les gens ils votent pour ceux qui sont comme eux, donc il faut essayer d’être comme eux."

Ces propos ont été enregistrés dans son amphi de droit, à la fac de Montpellier, sur le téléphone portable d'un de ses étudiants.

Je ne comprends pas bien la levée de boucliers des intellos par rapport à ces propos. On dirait qu'ils n'ont jamais lu Machiavel, Montesquieu, Tocqueville ou les grands spécialistes de com' politique ! J. Frêche a raison... hélas ! Tout conseiller en com' politique le sait ! Une campagne se gagne grâce aux cons, ("et aux alcooliques" ajoutait en privé le maire de Troyes) et grâce au mimétisme. On dirait que les journalistes pensent que la France est peuplée de professeurs d'université ... Les étudiants de G. Frêche devraient plutôt lui être reconnaissants de leur enseigner ces "ficelles" fort utiles à une carrière politique et à la communication en général ! Le fait qu'il ait tenu ces propos devant eux, et non devant des journalistes/le peuple, prouve que c'est un BON prof, honnête avec ses étudiants ! Les étudiants sont vraiment ingrats et hypocrites ! Il faut faire attention à ce qu'on dit en cours... "

Si Frêche avait publié cela en blabla pseudo sciences, dans une revue de langue anglaise, avec des tas de citations (Frêche a de quoi faire cela, il pouvait même y mettre un peu de latin), il aurait fait gagner des points à son « facteur h » ou « h index »
.

Rappelons la phrase de celui qui a donné son nom au grand lycée de Nantes :
" la politique, c'est comme l'andouille, il faut qu'elle sente un peu la merde mais pas trop" Georges Clémenceau


P.S.
N.B. : je me limite aux propos repris ici et non à tous les propos et à tout le comportement de mon ex collègue Frêche.

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