mercredi 18 mars 2020

Journal du confinement, par Eric Chevillard


Eric Chevillard a connu comme moi la pêche à la gardèche en Limousin. Ce ne peut être qu’on bon observateur de notre société !


Ne voulant pas être loin de la famille, je ne suis pas parti en Limousin. Et maintenant, on a du soleil et du vent. Je pourrais couper l’herbe, faucher les bordures, et préparer le jardin. Mais la nature ne répond pas aux injonctions des petits enfants de la modernité.  » Je veux « , « tout de suite », « immédiatement ». Dans ma plus haute antiquité on aurait dit qu’ils sont des enfants « envesés ». Du coup je serais bien en peine pour aller m’acheter de quoi continuer à vivre ! où obtenir dans mon trou le fameux laisser-passer ? ( vous saurez tout : le lieu sur le cadastre est nommé « la combe de … » je ne vous en dis pas plus, les Parigots viendraient me piquer mes récoltes et le fusil de mon grand-père utilise des cartouches à broche introuvables, je ne pourrais le défendre. J’aurais dû profiter des prix cassés pour aller m’équiper aux USA.
Et quand on va sortir du confinement, je ne suis pas prêt à être autorisé à rouler en voiture (précisons, avec ma voiture). En effet, le Contrôle technique a annulé le rdv pour la contre visite (je ne roule pas assez, du coup, je pollue ! et si je roule ? Quelle idée de faire du vélo urbain). Et m’a dit « bé, vous aurez à le repasser, on vous fera un prix. Moi qui espérais la « décrasser » en faisant de la route, profitant de la 4 voies de Nantes à Mauléon (ensuite, on arrive dans la zone protégée ! deux voies et le Seigneur nous attend au tournant)
Sont gentils  au CT ! j’ai écrit à nos députés. Mais ils sont au front !


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Alors je lis Eric Chevillard et son Journal du confinement. Voici des extraits pour vous préparer.

 » Les puits ne servent plus beaucoup. En somme, l’utilité secondaire que nous leur trouvions – sépulture idéale pour défunts non déclarés – est devenue leur seule justification aujourd’hui, et la question se pose donc de l’opportunité de les boucher ou non. On ne se presse pas, en tout cas.

[…]

Malédiction ! C’était pourtant l’occasion inespérée d’en finir avec cet ignoble individu. On observe hélas une exceptionnelle résistance au coronavirus chez le mâle blanc hétérosexuel de 55 ans. C’est sans doute en effet qu’il faut être un anticorps pour lui vouloir du bien.

[…]

Journal du confinement (Troisième jour) – J’ai coupé une branche fourchue dans le cerisier pour m’en faire une fronde. Après quelques tirs imprécis, j’ai réussi à tuer un rat dans la cave. C’est une viande fétide, âcre, coriace. Mais nous devons rationner les vivres. Sans doute avons-nous eu tort de la manger crue. Mais il faut économiser les allumettes.


Journal du confinement (Quatrième jour) – La situation se durcit. Tandis que les Infectés rôdent dans les rues, mêlant des malédictions à leurs toux venimeuses et n’hésitant pas à lancer sur le passant hâtif leurs pangolins enragés, les Confinés ont encore à craindre la présence dans leurs foyers de traîtres appelés Porteurs Sains et qui souvent, comble de l’ignominie, affectent l’apparence de leurs enfants bien-aimés ! Il m’a semblé que Suzie me regardait d’un air bizarre. Je jure que j’ai vu luire une incisive d’Agathe dans la nuit noire. […]
Tentatives pour confectionner des chandelles avec de la couenne de taupe et du suif de teckel (Rebecca, le chien de la voisine, n’avait rien à faire sur ma terrasse) : échecs. On n’y voit rien quand j’y boute le feu, que l’épaisse et méphitique fumée qui s’élève de cet amalgame. Comment dans ces conditions continuer à écrire ?  »




Maintenant si vous voulez écrire le votre, il vous faudra trouver un autre titre ! Vous pouvez utiliser  » Journal d’un confiné « . Mais attention ! ne vous trompez pas pour la dernière  lettre.


Eric Chevillard écrit quotidiennement. Vous avez le lien.

Espérons que l’Internet fonctionnera. Car pendant l’écriture de ce billet, il est devenu inaccessible deux fois (mais la free-box fonctionnait bien). Sans doute les joueurs de Nitendo, le Cloud (ce matin c’était brouillard, mais très beau),  et le numérique de l’Educ Nat. Ah dire que nous faisions des cahiers de vacances sans téléphone, sans ordinateur et sans cloud ! Et que nous avions des livres d’histoire, géo, maths etc. Je les ai encore (enfin à partir de la seconde car avant c’était prêté et gratuit). Je les offre.

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