vendredi 20 mars 2020

4e jour du confinement


- Hier j'ai pris des nouvelles du pays, vous avez compris que le pays c'est à cette époque de grande mode du local, du petit, du Pays Arédien. Mon voisin qui est un super Greta bien avant Greta n'était pas à la maison. Et n'a pas entendu le téléphone. Il a un vieux téléphone à cadran et une grosse sonnerie. Pas de portable. Et d'ailleurs il "ne passerait" pas à moins de monter au point haut du coin.

Je l'ai rappelé. Il n'a pas quitté ses terres. Il n'a pas de papier pour ce faire sans avoir d'amende. Il n'a pas d'Internet, pas d'ordinateur, pas d'imprimante, pas de carte bleue.

Il touche par mois moins de 600 euros. Il a travaillé dès 14 ans sans compter le travail à la ferme. Et il arrive à faire des économies. Une petite voiture sans permis ça coûte fort cher. Mais cultive, "fait son bois". Pratique le troc. N'est jamais en retard de loyer.

Je l'ai eu au téléphone vers 18 heures. Il avait passé cette belle journée dans le jardin. Il y avait fort à faire après ces pluies. Il était en train de dégermer ses pommes de terre. Il a des stocks. Il est prévoyant : les conserves de cèpes (et cette année les cèpes avaient prévu le confinement), les truites pêchées cet été congelées, les pommes de terre, les conserves de haricots verts, etc., du pain congelé, et la viande gagnée aux concours de pêche ou de belote (du porc, du chevreuil, ) les confitures, les pêches au sirop, etc. Il se désole de ne plus pouvoir manger de pissenlits. Mais fait la soupe aux orties. Et elles sont splendides actuellement.


- J'ai appris qu'à Nantes SOS Médecins a moins d'appels que d'habitude. On ne les appelle plus pour rien ou presque rien. Et pas de gastro ! Ah la gastro, une spécialité de pays sous-développés ! C'est qu'en France, on est un pays de liberté. On ne va pas nous obliger à mettre des gants pour prendre librement, patiner, choisir légumes et fruits au supermarché. On n'est ni en Espagne, ni en Italie, ni en Allemagne, ni en ..On va en reparler plus loin.


- Aujourd'hui je suis sorti pour la première fois depuis l'appel  du président de la République. Au marché tout à côté, les consignes étaient appliquées et- respectées. J'avais porté mes boites d’œufs, mais je n'ai pu les utiliser, la consigne étant de prendre celle du vendeur. Je suis reparti avec un poulet de la "ferme de la forêt" (pas la forêt des ronds-points urbains, il faut attendre que le maire soit élu pour ça !). On devrait tenir un temps, il est gros le poulet. Puis je suis allé au Casino (pas à l'Hyper, je ne fréquente pas les hypers sauf si ce sont les seuls à avoir certains produits). Là enfin, les caissières étaient protégées. Solution fort simple, non coûteuse. Une cabine de feuille plastique transparent pendue au plafond. Au rayon fruits et légumes, des affiches demandaient aux clients de prendre des sacs et de s'en faire un gant (une moufle !) pour se servir. J'étais le seul à faire ainsi ! Et pas un Italien, un Espagnol etc pour réagir ! ils sont confinés ! J'ai fait remarquer à mon voisin. Il m'a dit : "Il faut vous laver les mains. Je suis médecin". Ah ah !  On avait toujours le fond musical. Le business moderne ne peut s'en passer. On entendait de temps en temps (mais qui écoute ! ce n'est pas fait pour ça !) une annonce disant que Casino avait mis en place des mesures de sécurité et qu'il fallait les suivre. Mais pas entendu parler des "gants". J'ai pu manquer, pourtant j'ai fait attention. Avec deux litres de lait on va pouvoir se faire des trucs. Les sacoches de mon vélo étaient à ras bord. Du coup, il est tombé. Et à midi, facile, ce sera omelette. On ne perd rien.


Et j'y pense ! j'ai mes conserves de cèpes et d'oronge des Césars ! Impérial !
En passant devant l'école, j'ai vu que les panneaux électoraux sont comme je ne les avais jamais vus. Toutes les affiches sont en parfait état. On voit que la démocratie fait des progrès avec le confinement !

Il me reste des graines. Mon terrain est petit. Mais j'ai cependant un petit bout de jardin, un mirabellier, et un cerisier. Ils font le bonheur des oiseaux. En effet, l'urbain n'aime pas les arbres fruitiers. Il faut ramasser. Les fruits tombent, pourrissent, salissent. Du coup, les oiseaux viennent bouffer chez moi et chanter chez les autres.


Je vais tenter les radis. En général je n'arrive pas à en avoir...Bon, je peux manger les fanes.  Le persil c'est capricieux à moins que ce soit la mouche. Le thym pas de problème. Mais dommage, ne marche pas pour le coronavirus. Les fraisiers sont plantés. Les tomates, on m'a proposé des plants ce matin.
On a vu nos premières chenilles. On devrait en voir des bestioles. L'hiver leur a été bon.


J'oubliais de vous souhaiter un bon printemps. Ça commence aujourd'hui. Faites comme les prisonniers cochez les dates sur le calendrier.

P.S. Je ne suis pas allé au Super-U (à peu près à la même distance du Casino), j'avais fui mardi matin en voyant ce qui s'y passait). Je viens de recevoir de ce Super-U :

"Pour mieux vous servir, votre magasin U donne l'accès prioritairement :
au personnel soignant (sur présentation de carte professionnelle),
aux personnes de plus de 70 ans (sur présentation d'une pièce d'identité),
aux femmes enceintes et aux personnes en situation de handicap."

"En caisse, nous avons mis en place des vitres plexi, pour plus de distance."


J'en ai de la chance ! J'ai même eu les remontées mécaniques gratuites en Andorre pour mon retour sur les pistes de ski ! ne le répétez pas... j'ai utilisé ces remontées et non mes peaux de phoque. 70 ans, c'est l'age d'entrée dans la société de consommation ma chère Greta. Ok boomers !


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