mercredi 22 février 2023

La famille Gainsbourg à Limoges , Lulu à Saint-Léonard de Noblat

 


Je lis la bio de Gainsbourg (762 pages) par G. Verlant. Et apprends qu'il a été réfugié avec sa famille à Limoges. Limoges et ses bars avec musiciens. Leur logement 13 rue des Combes. Le père joue à La Coupole, place de la Ré, au Cyrano et au Café Riche. Les filles vont au Sacré Cœur. Lulu au Collège de Saint-Léonard-de-Noblat, dirigé par Louis Chazelas
 
Un extrait du Populaire Lundi 25 janvier 2010 :
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Le film de Joann Sfar, « Gainsbourg, une vie héroïque », sorti mercredi dernier, s'attache au mythe du chanteur. Le passé limougeaud de l'artiste est à peine évoqué. Il ne parlait guère, il est vrai, de cette douloureuse période.

La scène se passe au casino de Royan au début des années soixante. Serge Gainsbourg, dont la notoriété ne cesse de grandir, donne un concert auquel assistent le violoniste et chef d’orchestre limougeaud Pierre Guyot, ainsi que Jean-Marie Masse, son batteur. À l’issue de cette représentation, Pierre Guyot insiste pour saluer l’artiste.

La conversation entre les deux hommes est courtoise, sans plus. Et lorsque Pierre Guyot parle à Serge Gainsbourg de son père, de ses deux sœurs, de Limoges, l’auteur de « La Javanaise » se montre distant.

À peine aimable, il reconduit d’un geste méprisant ses visiteurs. Blessé, choqué, bouleversé, Pierre Guyot quitte les coulisses. Il ne reverra plus jamais Serge Gainsbourg.

Début 2000. Au CHU de Limoges, Alain Parouty, secrétaire, ami et confident de Serge Gainsbourg, décède d’une longue maladie. Avant de rejoindre le « Dieu fumeur de havanes », il avait accordé à notre journal plusieurs entretiens. Et révélé qu’en voiture ou lors de leurs nombreuses conversations, Gainsbourg parlait beaucoup de cette époque et de ce séjour forcé en Limousin. Il n’en a peut-être pas gardé un bon souvenir. Mais c’est là qu’il a grandi, qu’il est passé de l’enfance à l’âge adulte.

Auteur d’une encyclopédie de la chanson, historiographe attitré de Gainsbourg, Gilles Verlant, dans une très belle biographie publiée chez Albin Michel, raconte cette époque douloureuse qui a marqué à jamais la vie de l’auteur, compositeur et musicien.

L’enfance parisienne de Lucien Ginzburg, fils d’Olia et de Joseph, qui se sont rencontrés à Odessa (Ukraine), est plutôt calme. Mickey, Mandrake, Guy L’Eclair sont ses meilleurs amis. Pianiste de talent, Joseph fait ses gammes dans l’appartement familial. Les soirs, il écume les cabarets.

Au début des années quarante, les Ginzburg, comme tous les juifs européens, assistent, impuissants, à la tragique montée du nazisme et de l’antisémitisme.

Pierre Guyot, violoniste et chef d’orchestre réputé à Limoges, fait des extra et se produit dans de nombreux établissements parisiens. C’est là qu’il fait la connaissance de Joseph.

Cet homme charmant et délicat lui demande son aide. Il craint tellement pour sa famille qu’il décide de quitter la capitale.

Pensant que le Limousin était une région épargnée par ce sinistre régime, il demande à Pierre Guyot de lui trouver un logement à Limoges.

De retour dans la cité porcelainière, Pierre Guyot se met en quatre pour trouver une solution. Il déniche au 13 de la rue des Combes (actuellement au 11) un hôtel meublé appartenant à Philippe Nadaud, débitant de liqueur et d’eau-de-vie réputé à Limoges.

Pierre Guyot organise le rapatriement de Joseph et de sa famille. Il obtient même pour les deux sœurs de Lucien la protection des religieuses de l’école du Sacré-C?ur, lesquelles se comportent d’une manière héroïque puisqu’elles donnent aux deux lycéennes la clef du jardin pour qu’elles puissent s’enfuir en cas de rafle.

Lucien grandit dans le quartier et son père joue du piano dans l’orchestre de Pierre Guyot sous le pseudonyme de Jo Donde.

Mais la situation se complique. Lucien est envoyé à Saint-Léonard-de-Noblat. Il est scolarisé sous le nom de Lucien Guimbard. À ses parents, réfugiés dans un hameau à proximité de Saint-Cyr, près de Cognac-la-Forêt, il écrit des lettres acerbes. Il qualifie ses camarades de « ploucs » et de « péquenots ». Il admire en revanche le proviseur du lycée.

Sur l’épisode de Royan, Gilles Verlant a donné une explication dans les colonnes du Populaire du Centre le 24 novembre 2000.

« Serge, dit-il, a longtemps fait l’impasse sur ces années limousines. Il n’a commencé à en parler qu’au début des années quatre-vingt. Et là, il s’est lâché ». Alann Parouty a corroboré les affirmations du biographe.

Quand Gainsbourg évoquait avec lui son enfance dans le Limousin, il parlait par exemple du directeur du lycée dont la grosse panse lui inspirait confiance, des gamins avec lesquels il était incapable de lier amitié, ou du massacre d’Oradour-sur-Glane.

Il était à Saint-Cyr, où ses parents se cachaient, lorsque le drame s’est déroulé.

Pour Gilles Verlant, il est indéniable que c’est en Limousin que s’est dessiné le personnage de Gainsbarre. Une chose est sûre, les liens entre le Limousin est Gainsbourg sont nombreux.

C’est donc à Limoges que son plus proche ami, Alann Parouty, est décédé. Et c’est à Saint-Cyr que Chopin, son compositeur préféré (il lui a emprunté plusieurs thèmes), a séjourné le temps d’un week-end avec sa compagne George Sand. La femme de lettres et le compositeur étaient venus rendre visite à M. Dupin, oncle de George Sand."

 https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/en-images-sur-les-traces-de-serge-gainsbourg-en-haute-vienne-1614628289

"Serge Gainsbourg sauve, malgré lui, le plus petit lycée de Nouvelle-Aquitaine

"En janvier 2012, on apprend que la section littéraire du lycée est menacée" raconte l'ancien élève de Bernard Palissy Alexandre Mazin, aujourd'hui adjoint à la culture. 

"Quelqu'un de Saint-Léonard contacte Jane Birkin via son attaché de production. Et elle nous soutient via un message audio." 

Jane Birkin enregistre un mot pour rendre hommage à ce proviseur qui a sauvé Serge. Résultat : "en plus de la mobilisation, et grâce à ce message, la section littéraire de Saint-Léonard a été sauvée. En plus, on a pu créer une section cinéma et audiovisuel". Un beau geste de la famille en direction de l'ancien pensionnat de Serge. La mairie espère désormais un nouveau coup de boomerang : que la famille entame des démarches pour permettre à Lousi Chazelas de devenir "Juste parmi les Nations". "


Le bourg de Saint-Cyr est implanté entre Saint-Laurent-sur-Gorre à 3,5 km et Saint-Junien à 14 km, Séreilhac à 12 km et Saint-Auvent à 3 km. Le hameau du Grand Vedeix se situe à 3 km du bourg. 

Oradour-sur-Glane, qui fut le théâtre du massacre perpétré le 10 juin 1944 par la Division SS Das Reich, n'est qu'à 25 km de Saint-Cyr. 

 

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En 1944, à 3 km du bourg de Saint-Cyr, le discret hameau du Grand Vedeix a offert le refuge à la famille de Serge Gainsbourg (1928-1991) qui fuyait les rafles antisémites.

Au début de l'Occupation, son père, Joseph Ginsburg (1896-1971), pianiste, et sa mère, Olia Besman (1894-1985), chanteuse au Conservatoire russe de Paris et leurs trois enfants, l'aînée, Jacqueline, (18 ans), leurs deux faux-jumeaux de 16 ans, Liliane et Lucien, (Serge Gainsbourg), ont quitté le quartier populaire du IXe arrondissement où ils s'étaient installés après avoir fui le bolchevisme et l'antisémitisme russe en 1919. Après s'être réfugiés un temps dans la Sarthe, ils se réfugient en Haute-Vienne, le père ayant réussi à trouver un temps un travail de musicien à Limoges. Puis ils se sont clandestinement installés dans ce village de la Haute-Vienne. La famille séjourne dans la commune, change d'identité en prenant le nom de « Guimbard » (qui inspirera sans doute plus tard son personnage double de « Gainsbarre »).

Peu avant, à 14 ans, Serge Gainsbourg est obligé de porter l'étoile jaune (« Une étoile de shérif », dira-t-il plus tard par dérision). Il a même dû se cacher trois jours durant dans une forêt pour échapper aux rafles des SS qui déportaient les juifs à Auschwitz

Comme il le rappela souvent, le Grand Vedeix se trouvait aussi à quelques lieues du drame d'Oradour-sur-Glane, le ." https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Cyr_(Haute-Vienne)

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