Merci à Pascal Grojean pour sa participation en vidéo à la conférence et pour
les contacts qui nous ont permis d'en savoir plus sur l'histoire des débuts de Jean-Raymond Abrial
Je pense que les précisions et réflexions qu'il apporte dans ce courriel intéresseront d'autre participants et futurs lecteurs. Nous compléterons, modifierons les textes mis en ligne, avant d'en faire la compilation dans des actes.
Je souhaite vous réitérer mes remerciements les plus sincères pour
votre invitation au colloque sur JR ABRIAL et son œuvre. Je visionne
actuellement sa conférence au collège de France, ce sera ma première et
seule rencontre (si l'on peut dire) avec ce grand bonhomme. Je regrette
comme déjà écrit de ne pas l'avoir rencontré lorsque j'étais au CPM/ST -
mais c'est la vie.
De toute façon, c'est Event-B qui aurait pu nous intéresser et c'était donc un peu tôt.
Ce
colloque avive le regret de ne pas avoir conservé d'archives de mon
passage au CPM (un colloque consacré à l'histoire de l'informatique
militaire embarquée serait intéressant.) J'espère malgré tout avoir
apporté une petite aide. Et le plaisir de vous avoir connecté avec
Gérard (LE LANN) que je mets en copie.
Pourriez-vous me communiquer l'adresse mail de l'amiral Prazuk? Je souhaite le remercier pour son intercession bienveillante.
Vous trouverez ci-dessous quelques précisions et réflexions, si cela vous intéresse.
Encore tous mes plus vifs remerciements,
Pascal GROJEAN
EMOXA *
1)
le nom "Entreprise" ne désignait pas uniquement le compilateur LTRv3,
mais un atelier logiciel complet destiné à améliorer la vie des
développeurs. Ceci étant lié à l'apparition du concept de micro
ordinateur "interactif".
Je pense
qu'Entreprise a été initialement développé sur Microméga-32, "micro-mini
ordinateur multi-postes", apparue en 1982, tournant sous Unix v7,
connecté à Ethernet, utilisant le premier microprocesseur moderne le
Motorola 68000 et équipée de un ou plusieurs écrans/claviers interactifs
(non graphiques). Le Microméga était construit par Thomson sous licence
du constructeur américain
Fortune Systems dont Thomson était actionnaire.
Nous
avons eu quelques Microméga-32 au CPM/ST. Mais l'apparition des
stations de travail graphiques sous UNIX (SUN bien entendu, mais aussi
APOLLO devenu HP-APOLLO, en France les Unigraph de CETIA, etc) a
porté un coup fatal à ces machines. Encore une aventure de
l'informatique française qui ne s'est pas très bien terminée, mais
l'idée d'utiliser Unix a quand même permis la portabilité d'Entreprise.
L'aventure
"Ethernet temps réel" impulsée par Gérard est donc un des rares succès
de cette informatique française des années 80 et au-delà, comme Z et B.
Il
est vrai que Gérard allie une compétence technique exceptionnelle, une
bonne pédagogie, et un charisme très convaincant, nécessaire pour
"vendre" un projet. A mon humble avis ça n'a pas échappé à ABRIAL même
s'ils n'ont pas travaillé directement ensemble.
2)
J'ai écrit que LTR3 avait été développé sous la houlette possessive de
l'ingénieur en chef de l'armement PARAYRE. En précisant qu'il était à la
DRET (Direction de la Recherche de la DGA) mais c'est inexact: PARAYRE
appartenait au SCTI, Service Centrale pour les Télécommunications et
Informatique, qui à l'époque (les années 80) essayait de coordonner tant
bien que mal les développements matériels et logiciels des différentes
armes. Le SCTI organisait des Groupes de Coordination périodiques et je
participais au GC4 qui concernait l'informatique embarquée.
3) Votre biographie de JR ABRIAL m'apprend qu'il a fait partie de l'équipe Green de Jean ICHBIAH à la fin des années 70.
Il
est donc plus que douteux que JR ABRIAL ait en parallèle participé de
près ou de loin au développement de LTRv3 concurrent avéré d'ADA.
D'autant qu'il avait quitté le CPM/ST dès 1969 pour rejoindre Grenoble
après avoir spécifié LTRv2.
Il aurait été intéressant de savoir pourquoi et comment JR ABRIAL s'est retrouvé dans cette équipe Green.
A-t-il fait une offre pour travailler sur LTRv3 et celle-ci a été rejetée ?
Doutait-il
du succès d'un langage franco-français (à une époque, fin des années
70, où le prédécesseur LTRv2 n'était pas encore massivement utilisé) ?
A-t-il été attiré par la promesse de travailler dans un contexte technique plus intéressant et mieux doté financièrement ?
A l'équation personnelle, Jean ICHBIAH étant décrit comme charismatique ?
4)
J'avais regardé ADA quand j'étais au CPM/ST. Le langage était rigoureux
mais assez rébarbatif quand on venait de LTRv2. Surtout, j'avais
découvert que pour obtenir de bonnes performances, il fallait utiliser
la directive qui désactive les contrôles à l'exécution de typage et de
gestion mémoire !! Autrement dit, il fallait désactiver ce qui était
présenté comme l'un des atouts majeurs d'ADA sur le plan technique. Pour
moi c'était une tromperie. Les choses se sont certainement améliorées
par la suite.
5) J'ai regardé deux exposés du
colloque de 2024 (!) sur "preuves mathématiques et sûreté logicielle",
l'un sur le spatial et l'autre sur l'aéronautique. Il est surprenant et
au fond assez inquiétant que les intervenants présentent le calcul en
virgule flottante comme une source majeure de problème encore
maintenant, et qu'en aéronautique "on est très loin du ferroviaire en
matière de preuve formelle de type B", et "les industriels se satisfont
des processus de tests a posteriori puisqu'aucun accident au XXI siècle
ne peut être imputé au logiciel"..... "
Directeur associé chez Emoxa, Pascal
Grojean est Ingénieur de l’Armement (R), expert en fusion de données,
il est désormais consultant senior et directeur associé chez Emoxa, où
il pilote la pratique « Architecture réactive et urbanisation des SI ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire