jeudi 27 février 2014

"la voix du Prince était forcément menteuse, comme l'est toujours la voix du pouvoir "

"Horace et Virgile n'ont pas seulement fait comprendre à leurs
contemporains que la voix du Prince était forcément menteuse, comme l'est
toujours la voix du pouvoir ; ils leur ont enseigné que les fallacieuses
promesses de cette voix enchanteresse - qui pouvait revêtir les allures
d'une voix poétique - faisaient vibrer certaines fibres de leur être le
plus intime. Leur combat pour la liberté échappait ainsi au manichéisme
d'un combat entre le bien et le mal, respectivement incarné dans le poète
et le Prince : il devenait un combat intérieur pour purifier le cœur
humain des attraits du mensonge et de la violence (...) Ces vieux poètes
ont fait bien plus que la chronique plus ou moins mondaine des turpitudes
du régime impérial naissant, ils ont attaqué le mal à la racine et dévoilé
obstinément le mensonge sur lequel se fonde tout régime politique."

Jean-Paul Brisson, Rome et l'âge d'or, de Catulle à Ovide, vie et mort
d'un mythe, éd. La Différence, 1990, p. 192.

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