Quelle expression étonnante que "ramassage scolaire" (je sais, on a bien eu "ressources humaines" et "drh" ) !
Quand j'étais en "études" au lycée Darnet, j'avais un camarade qui, jusqu'en seconde, était pensionnaire. Je me souviens d'une de ses questions :
"Est-ce que tu es fort dans le travail chez toi ?". Je pensais qu'il voulait parler des études. Mais je ne comprenais pas bien car, restant à l'étude, c'est là qu'on faisait une bonne partie des devoirs.
En fait, ses parents étaient paysans et, depuis qu'il y avait le ramassage scolaire, il devait en arrivant chez lui participer aux travaux de la ferme. Il devait interrompre l'étude vers 18 heures, prendre le car qui s'arrêtait de nombreuses fois avant d'arriver au croisement d'où partait le chemin conduisant à la ferme. Et alors il devait effectuer des travaux de force assez souvent. Le matin il fallait qu'il refasse le chemin inverse. Il perdait plusieurs heures d'études.
Alors qu'il avait fait une scolarité sans problème jusque là, il fut conduit à arrêter ses études.
Il y a une semaine, j'ai rencontré un ancien du lycée Darnet. Il m'a dit qu'il n'avait pas obtenu le passage en seconde après la troisième. Il était tombé amoureux et avait laissé tomber les études. Redoubler ? non, il perdait sa bourse ! or, m'a t-il dit, ses parents avaient deux (2) vaches, étaient particulièrement heureux quand il ramenait du lycée, une orange ... Il était pensionnaire.
La pension a permis à de nombreux élèves de faire des études. J'ai connu un élève qui est devenu un médecin spécialiste réputé et qui n'avait pas de chaussures en plein hiver. Dans la neige, il portait des feutres (ces chaussons que l'on met dans les bottes ou les sabots) d'où dépassait le gros orteil.
J'ai beaucoup appris de ces exemples. En particulier, que des décisions publiques peuvent avoir des conséquences facheuses. Espérons que ces conséquences n'étaient pas dans les objectifs de ceux qui ont été les promoteurs de ces décisions.
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