mardi 25 février 2025

"Qu'es dau brave trabalh !" (C'est du beau travail ! = Quel gâchis !)

Il me semblait avoir mis sur un blog cet extrait de l'excellent " Notre occitan " de Jean-Pierre Reydy, p. 90. Je ne le retrouve pas. Je l'avais "avec doute" mis sur mon blog de la plateforme " hautetfort", blog qui a disparu. 

Quand j'ai créé un blog sur Hautetfort, je devais avoir lu " Hautefort "  ! https://fr.wikipedia.org/wiki/Hautefort et comme j'avais lu Henry Miller : https://lefenetrou.blogspot.com/2025/01/henry-miller-et-la-dordogne.html

je ne me suis pas inquiété ! 

Tiens ! il semble que la plateforme existe toujours : https://www.hautetfort.com/ 

 

"Qu'es dau brave trabalh !" (C'est du beau travail ! = Quel gâchis !)

Dans le domaine stylistique, on remarque la fréquence des tournures ironiques sur le modèle ou l'intonation de celles qui ont été citées précédemment

: " Mai plan ! " "Eu ne vai gaire redde ! " " Qu'es dau brave trabalh !  "Tu ses propre ! " " Tu ses bien malinat ! "( "Tu es bien culotté ! ou attifé ! ". Celle façon de faire semblant de dire le contraire de ce qu'on pense, sur un ton qui contredit  le contenu de la phrase, est un procédé très courant utilisé pour montrer sa désapprobation ou sa réprobation. De nombreux étrangers, qui ignorent cette manière de s'exprimer un peu tordue et chargée d'affectivité, la trouvent excessivement déroutante. Évidemment, le ton de la phrase acquiert une importance primordiale, car c'est lui qui donne le sens.

On peut se demander si le recours quasi systématique à l’ironie pour exprimer une opinion négative n'est pas plus qu'un manière de parler et s'il ne traduit pas un état d'esprit et un comportement. On était volontiers narquois ou goguenard à la campagne. La crédulité n'était pas un défaut très répandu. Il faut dire que nos ancêtres paysans avaient, par le passé, appris à leurs dépens qu'il valait mieux se montrer circonspects.

L'emploi immodéré de l'adjectif indéfini quauque (quauqua, qauques, quauquas), là où le français emploierait un article défini (un, une, des), introduit une approximation et marque ainsi une volonté de distanciation du locuteur. Cette observation rejoint donc les remarques précédentes.

Cependant l'utilisation fréquente de l'antiphrase n'est pas toujours le signe d'un caractère méfiant ou retors, mais simplement d'un désir de rendre le discours amusant et plus intéressant. Comme notre cuisine, nos paysages et nos routes, notre façon de nous exprimer ignore la platitude. Ainsi, un bûcheron ou un scieur diront qu'un arbre est "droit comme mon coude quand je me mouche (drech coma mon cobde quand me moche !) : La créativité de nos ancêtres dans le traitement ludique du langage était peut-être naguère une manière de compenser l'indigence de leur vie intellectuelle et artistique.

Voici, dans un extrait de dialogue, un exemple d'euphémisme, assez comparable à l'understatement britannique :

"An-t'ils 'chabat de vendenhär ? " "Ont-ils fini les vendanges ? "

" Oc-es, mai qu'era prësque bräve ! " "Oui, et la récolte était presque belle ! " On veut dire tout simplement qu'elle était excellente !

ou encore: " 'La juega prësque biën ! " "Qu'est-ce qu'elle est bonne musicienne ! "

" Qu'es  prësque bön ! " "C'est délicieux !"  "

 

Jean-Pierre Reydy, Notre occitan, Institut d'estudis occitans dau Lemosin, ISBN 978-2-9523897-3-0

"

Jean-Pierre REYDY est né en 1947 près de Nontron (Dordogne), à la limite du « parler en è » (zone où le a long du dialecte limousin est prononcé è). L’occitan était la langue des quatre familles de métayers qui travaillaient, mangeaient, buvaient ensemble, quand les malheurs vinrent précipiter la fin de leur mode de vie.
Ses études au collège de Nontron, à l’Ecole normale d’instituteurs d’Angoulême, puis à Poitiers et à Paris le menèrent au CAPES et à l’agrégation d’anglais (1971) ainsi qu’à une licence de russe. Il enseigna longtemps l’anglais au lycée de Châtellerault, puis au lycée du Futuroscope, et acheva en 2007 sa carrière à l’université de Poitiers. Spécialiste de l’enseignement des langues et de l’anglais scientifique, américaniste, il rédigea en 1996 un cours d’anglais pour adultes du CNED. Encouragé par le linguiste et écrivain limousin Yves LAVALADE, il commença en 2004 à utiliser ses connaissances pour décrire sa langue maternelle, l’occitan de son village, qu’il n’avait jamais cessé de parler (Notre occitan – 2006). La nouvelle Les mains du bourreau parut en 2007 dans Lo Bornat. Le Chemin de la Fontaine puis Vilajalet (2007) suivirent, dans le but, selon son expression, de "faire renaître la "langue" de nos aînés devenu langue moderne". Jean-Pierre REYDY s'est retiré dans sa maison de famille, commune de Javerlhac (Dordogne). "

 

Pas loin de là il y a Hautefaille. C'est la zone du "croissant linguistique"

https://fr.wikipedia.org/wiki/Croissant_(linguistique)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_de_Hautefaye

 C'était sous le règne de Louis Philippe 1

Avez-vous lu Alain Corbin

Alain Corbin, Le Village des « cannibales », Paris, Flammarion, coll. « Champs / Histoire » (no 333), , 204 p. (ISBN 2-08-081321-8).  

et Jean Teulé ?

Jean Teulé, Mangez-le si vous voulez, Paris, Julliard, , 129 p. (ISBN 978-2-260-01772-1).


 


 

 

 


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