"-Passionné de montagne, j'organise chaque année une excursion. En 1997, j'avais choisi l'escalade de l'Island Peak (6 200 mètres), au Népal. Quinze jours avant mon départ, je reçois, via le procureur de Créteil, des documents saisis par le juge Halphen dans l'appartement des époux Tiberi à Paris. Il est question d'un rapport sur la francophonie écrit par Mme Tiberi et de fiches de salaire provenant du conseil général de l'Essonne. Le juge pense visiblement qu'elle n'a pas rédigé ce rapport. Dans ce cas, j'applique ma règle personnelle: «A situation extraordinaire, solution ordinaire.» Je réunis mes substituts financiers et nous décidons de lancer une enquête préliminaire pour savoir si Mme Tiberi a bien bénéficié d'un «emploi cabinet» au conseil général. Nous saurons alors s'il y a lieu d'ouvrir une information judiciaire ou de classer sans suite. Je mets au courant, juste avant mon départ, le n° 2 du parquet, Hubert Dujardin, qui me remplacera en mon absence.
-Absolument. Direction Katmandou, puis le mont Kala Pattar. Le 2 novembre, je rejoins mes compagnons, qui sont restés à Pheriche. Quand je rentre dans le lodge, un éclat de rire m'accueille. Un ami médecin me dit: «Un hélico t'a cherché toute la journée et il a déposé une lettre pour toi.» Je pense d'abord à un accident familial, mais, quand je vois la fameuse lettre, je crois à une blague: une enveloppe à en-tête de l'ambassade de France à Katmandou, entièrement entourée de ruban adhésif, adressée à M. Davenas, procureur général de l'Essonne... (Une promotion: je ne suis que procureur.) A l'intérieur, un papier sans en-tête avec un texte surréaliste, maladroitement tapé à la machine: «Pour répondre à la question qui suit, veuillez cocher la case suivante: oui, non...», et la question: «Pouvez-vous confirmer le cadre préliminaire de vos enquêtes dans l'affaire Tiberi?» Seuls apparaissent les noms de Bernard Gravet, directeur central de la PJ, et de Marc Moinard (avec une faute d'orthographe), directeur des affaires criminelles... Eberlué, je lis la lettre à mes amis, qui pouffent de rire, ce qui me persuade qu'il s'agit d'une plaisanterie. Mon ami médecin m'assure pourtant que c'est vrai, et, d'ailleurs, l'hélicoptère doit revenir le lendemain matin chercher la réponse! Le lendemain, pas d'hélico. Je repars donc tranquille, persuadé qu'il s'agit d'une blague. Ce n'est que huit jours plus tard que je lis, en première page du Kathmandu Post: «Le procureur d'Evry (je croyais que c'était moi...) a ouvert une information sur l'affaire Tiberi.»
https://www.lexpress.fr/informations/quand-la-manipulation-atteint-des-sommets_628706.html
et encore :
https://www.la-croix.com/Archives/2009-02-11/Laurent-Davenas-un-juge-sur-les-sommets.-_NP_-2009-02-11-338733
https://www.liberation.fr/libe-3-metro/1996/11/18/toubon-admet-l-envoi-d-un-helico-pour-xaviere-tiberi-apres-avoir-nie-le-ministre-a-reconnu-la-recher_189669/
https://www.liberation.fr/libe-3-metro/1996/11/13/sos-au-nepal-pour-xaviere-tiberi-l-etat-a-tout-tente-pour-rapatrier-d-urgence-le-procureur-charge-de_189659/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Davenas
http://www.berthomeau.com/2018/08/coup-bas-ou-coup-du-senateur-bas-qui-se-souvient-du-juge-halphen-qui-enquetait-sur-le-rapport-fantome-de-xaviere-tiberi-et-du-procur
https://www.latribune.fr/journal/archives/aujourdhui/societe/id9da0092f9dd64b7ac1256b62005fee31/tiberi-contre-attaque-en-portant-plainte-.html
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