Comme moi, mais à Nantes
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Ouverte depuis 65 ans, la célèbre boutique Chaussol, place Félix-Fournier à Nantes, cessera son activité d’ici la fin de l’année. Le gérant Marc Felsenhardt cherche un repreneur pour le local.
Clap de fin pour Chaussol. Marc Felsenhardt, l’un des derniers
vendeurs indépendants de chaussures, cessera son activité d’ici la fin
de l’année. Le gérant de cette célèbre enseigne nantaise ouverte depuis
65 ans cherche un repreneur pour le local commercial. J’aimerais trouver quelqu’un qui dure aussi longtemps que moi
, glisse l’homme de 69 ans. Je veux éviter les banques et la restauration, tout ce qui fâche.
Les chaussures, c’est un peu toute la vie de la famille Felsenhardt. Pantoufle, après-ski, espadrille, basket, tongue… Nous vendions tous types de chaussures, sauf les palmes
, rigole le futur retraité.
« On allait chercher en Italie des modèles à la mode »
Son père a ouvert en mars 1957 le magasin place Félix-Fournier, à Nantes. Marc, alors âgé de 4 ans, vivait dans l’appartement du dessus. Enfant, il se souvient aider ses parents à ranger les boîtes de chaussures le dimanche matin. Dans les années 60, la boutique qui s’appelait Chaussold employait jusqu’à 14 vendeurs. Une période d’intense activité où les chaussures devaient être réceptionnées des usines, vérifiées, étiquetées avant d’être redistribuées en magasin. Pendant les Trente Glorieuses, la famille Felsenhardt possédait plusieurs boutiques, à Rochefort, au Pouliguen et à Paris.
Après son bac et son service militaire, le fils Felsenhardt a commencé à travailler avec son père en 1974. J’accompagnais mon père dans les usines en Espagne et en Italie pour voir la fabrication de chaussures
, raconte Marc Felsenhardt.On
allait chercher en Italie des modèles à la mode car les Italiens
avaient un an d’avance sur les collections françaises. Notre métier,
c’était soldeur. On allait chercher dans les usines les restants, les
collections qui ne se vendaient pas et on les achetait moins cher.
Chaussold devenue Chaussol
Chaussol a chaussé de nombreux enfants nantais. La boutique vendait en exclusivité deux marques connues : Babybotte
Mon père vendait du Babybotte. De nos jours on dirait "Babyboot" ! faut de l'inglich partout
Odyssée d’une entreprise familiale née en 1936 à Pau, la société Bidegain se développe rapidement et les marques Babybotte, Éssé et Kiddybotte s’implantent sur le marché. https://www.babybotte.com/fr/histoire/
et le Loup blanc. Marc Felsenhardt a connu des périodes plus difficiles comme la fermeture des principales usines françaises et la concurrence des grandes surfaces dans les années 80.
Plus récemment, la répression des fraudes lui a demandé de retirer le “d” de Chaussold, trop proche du mot solde qui est interdit pour désigner son activité. La trace de l’ancienne lettre est encore visible aujourd’hui sur la devanture.
Après 48 ans d’activité, une page se tourne pour Marc Felsenhardt qui aborde la suite avec joie et sérénité. Je
n’ai pas de nostalgie. On me donne vingt ans de moins. Je vais avoir le
temps de faire ce que je veux. Je vais faire mon jardinage, je vais
aller à la pêche, je vais voyager, je vais aller voir ma fille près de
Vancouver, dans les Rocheuses
, conclut le plus ancien chausseur nantais.
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