" Ne disait-on pas, en traversant le pont d'Avignon - mais il en était de même pour le Pont-Neuf, à Paris - qu'on était à peu près certain d'y croiser " deux moines, deux ânes et ...deux putains ? " C'est que, contrairement à l'adultère ou à la sodomie, la prostitution, considérée par l’Église comme un mal nécessaire surtout à partir du XIIe siècle, n'était pas condamnée. Ainsi allait le monde : si une épouse trompait son mari, elle pouvait être tuée par lui, alors que l'inverse n'engendrait aucune sanction. C'était le lot des femmes qui pouvaient être encore violées à tout moment, sans que ce fût considéré comme un crime, sauf s'il s'agissait de vierges, dont on se contentait d'indemniser financièrement les pères. En conséquence, l’Église, consciente de l'infidélité chronique de l'homme,de même que des besoins des jeunes gens non encore mariés, ne tarda pas à organiser, voire à institutionnaliser la prostitution en ouvrant des bordels qu'elle contrôlait et dont, naturellement, elle touchait de copieux revenus, souvent plus élevés que celui de ses terres. Ce fut bien à la cour des papes d'Avignon qu'apparut, au XVe siècle, le mot "courtisane"..."
Gonzague Saint Bris, Déshabillons l'Histoire de France, XO Editions
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