Il parle au roi :
[Je vous ai averti de l'état lamentable et pitoyable du pays lorsque vous m'avez fait venir auprès de vous...] mais j'ai toujours eu responses verbales, illusoires et derrisoires, et non effectuelles. Vos responses ne sont que paroles sans effet."
Il cite ensuite la Bible : "vous estes comme une personne dormant ou milieu de la mer, et comme un gouverneur estant en un vaissel qui a perdu le clou... Hélas, ce royaume est une mer, et estes le principal gouverneur du vaissel qui est taillé de périr, et on vous bat et tire, mais vous ne vous en doulez ne sentés rien. Hélas, sire, pourquoi dormez-vous ?"
etc.
Des Ursins fait parler la France, qui s'adresse au roi (prosopopée) :
"Hélas, sire, se dit France, regardés comment je suis triboullee jusques au ventre et au cuer, lequel est subverty en moy mesme et par mes gens mesmes, et suis toute plaine de amaritude [amertume] ; mes gemissement sont plusieurs, et mon cuer continuellement plourant".
"Le roi ne doit pas tout croire des gens d'Eglise (...) Mefiez-vous des collations que entreprend le pape et des proces qui vont à court de Romme tout l'or de notre doulce France, qui est le vray et pur sang d'icelluy, s'en pert, et est comme en une manière de exinanicion d'un corps humain evacué de sang auquel on tient la chandelle à la main".
Chapitre suivant : "Comment obliger les prelats à donner de manière oblique".
" Les gros prélats et les princes des clercs aiment délinquer l'Estat et ses peuples. D'aucuns disent que c'est voye de fait que de les prendre et de les jeter en prison. A bien comprendre et à bien entendre ces gens-là, il me semble que ce soit mal dit : c'est voye de droit et de justice. "
"Il est essentiel que l'ong ait qu'un seul office. Un ministre ne peut point estre élu au Parlement, car la duplicité est impossible, et fort préjudiciable à l'ymage que l'on donne au peuple..."
"Le roy devrait, il me semble, restraindre son train, et diminuer le nombre de chevaux qui le menent en ses provinces. On n'a pas besoin de XII chevaux pour tirer une seule personne. Que vont penser les peuples en voyant que le roy se fait trainer par XII chevaux, alors que les gens de village ne peuvent s'en octroyer un seul ?"
"Enfin, il est neccessaire que le roy réforme toutes les universitez du royaume. Car Dieu sait aujourd'huy quelz graduez on fait [il critique la qualité des diplômes, et accuse indirectement les profs de "vendre" les grades universitaires] et aussi quelz abuz il y a en leurs privilegez et sous ombre d'iceulx. Ce seroit une trèsbonne oeuvre de nommer un ministre des universitez, pourque ces choses merveilleuses, qui ne se voient en nulle part, cessent de se produire".
"On a aussi aucunesfoys fait ung Maistre des Eaux et Forêts Général. C'est une moquerie ! et quelle nécessité en est il ? Va t il commander aux torrents et aux fleuves ? Ne souffit il pas de particuliers pour régler l'affaire, et le ressort en la court de Parlement ? "
" Pour abreger, il semble que telle multiplication des offices et manières de faire et semblables ne sont que mengeries, moqueries et accroissement de non chaloir".
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_II_Jouvenel_des_Ursins
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