vendredi 14 novembre 2008

Histoire des sciences et pédagogie

Un copain de fac, enseignant encore en activité m'écrit :

"C'est Platon le premier à dire qu'il ne faut pas croire qu'il n'existe
qu'un monde sensible (i.e. celui qu'on peut toucher avec ses mimines et
ses petits petons) mais qu'il existe un monde supra-sensible (qu'il
appelle le "monde des idées") dans lequel réside la vérité de l'essence
des choses.

A partir de là, les scientifiques (qui reconnaissent tous unanimement que
nos simples sens ne nous livrent pas les lois de la nature, et qu'il faut
mettre de côté ce qu'ils appellent le "réalisme naïf") se divisent en 2
écoles :

- Les a-prioristes : c'est essentiellement Galilée et Descartes [Descartes
parlait des "schèmes a priori"]

- Et les empiristes, qu'on appelle aussi les "conventionnalistes" : il
s'agit d'Einstein et de toute la clique des atomistes (Démocrite, Epicure,
Lucrèce, etc.)

C'est la grande différence entre les philosophes "a priori" et les
philosophes "conventionnalistes". [Il existe aussi des philosophes des
sciences qui ont une position intermédiaire].

J'explique :

- Descartes (et les a-prioristes) disait : "Dieu a jeté dans nos âmes des
semences de vérité" (c'est beau n'est pas ?!). C'est là une position
métaphysique FORTE. Descartes sort ici de son métier de physicien pour
faire de la METAphysique : il existe qq'un (appelez-le comme vous voulez :
Dieu, la Nature, la Providence, etc.) qui a délibéremment MIS dans la
nature un langage mathématique, que le scientifique s'efforce de
déchiffrer. Voilà pourquoi Galilée disait "La nature est un grand livre
écrit en langage mathématique" --> il cherchait à comprendre ce langage
que qq'un a placé dans la nature.

- Einstein, quant à lui, s'émerveillait, lorsqu'il découvrait une loi de
la physique, de voir à quel point elle se vérifiait lorsqu'il contemplait
la nature. C'était un VRAI motif d'émerveillement, profond, pour lui. Il
le dit souvent dans sa correspondance. C'est là la position METAphysique
opposée : la nature n'a aucun sens par elle-même, c'est l'HOMME qui lui en
donne.

D'aucuns s'appuient sur Descartes pour faire sa
pédagogogie : "Dieu a jeté dans les âmes des étudiants des semences de
vérité" DONC... la vérité préexiste en
eux... DONC le rôle du prof n'est plus que de faire émerger cette vérité
(Socrate disait : "faire accoucher les esprits de la vérité qu'ils portent
en eux")... DONC le cours doit consister en une "interaction
communicationnelle brisant la barrière hiérachique prof/élève, condition
sine qua non qui fera émerger un savoir partagé" (c'est moins beau que du
Descartes, n'est-ce pas ?!) ... Du coup, le prof en apprend autant que les
étudiants pendant son cours ! (ben couillon ! puisque la vérité préexiste
! on ne leur apprend rien à nos petits protégés ! : les étudiants savent
déjà faire truc machin et chose, mais ils ne savent pas qu'ils savent !
subtile
nuance !!!)"

Je rappelle le livre de Chalmers très largement cité dans le présent bloc-notes il y a quelques jours.

Qu'en pensez-vous Madame Le/La/Les ministres ? Méfiez-vous des résumés hâtifs de vos conseillers fouineurs de toiles, ils s'y prennent parfois les pieds !

Et le méta ... ce n'est pas dangereux. On s'en servait pour tuer les limaces dans mon enfance et c'est pratique pour se faire chauffer de l'eau quand on bivouaque.

De méta on peut passer à pop-pop (rien avoir avec Populaire, front etc.) ! A votre Knowledge Engineering Madame/Monsieur/Mademoiselle le/la Ministre !

Lors de votre prochaine venue à Nantes, si vous allez visiter le Château des ducs, vous passerez peut-être devant une boutique qui expose des pop-pop et doit vendre du méta.

Pour ceux qui n'ont pas tout saisi, lire :
Ici

La "veille" éducative, scientifique etc etc encore une nouvelle scie !

1 commentaire:

JoëlP a dit…

Perso, je serais plutôt un postérioriste...

Le postérioriste dit "Dieu se moque de nous, soyons encore plus malin que lui, cessons ces querelles de métaphysiciens, avec Vian et Queneau, faisons de la PATAphysique."

 
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