samedi 26 octobre 2024

Quand Adam Smith visitait notre "Nouvelle Aquitaine" et notre nouvelle "Occitanie" et rencontrait le Turgot des Limousins.

 Je recopie ici ce "fil" de X

Alexis Karklins-Marchay


La Richesse de Nations du philosophe écossais Adam Smith, publiée en 1776, est l’ouvrage le plus connu de l’histoire des sciences économiques, souvent considéré comme un livre fondateur.
Peu de gens savent en revanche que cet ouvrage est "né" en Occitanie.
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1764. Adam Smith, originaire de Kirkcaldy, près d’Edimbourg, est âgé de 41 ans.
Professeur de philosophie morale à Glasgow après avoir suivi les enseignements de Francis Hutcheson dont il est un disciple, il est l’ami d’un des grands penseurs du siècle : David Hume.
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Comme Hume, Smith est un représentant des Lumières écossaises. Il a d'ailleurs publié un essai remarqué en 1759 : la Théorie des sentiments moraux.
Dans ses cours, il aborde non seulement les sujets classiques de philosophie morale mais aussi un thème en plein développement : l’économie politique.
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La réputation de ce professeur original apprécié de ses élèves parvient jusqu’aux oreilles de Charles Townshend, homme politique britannique influent et futur chancelier de l’Echiquier.
Ce dernier, qui cherche un tuteur pour le fils de son épouse, le duc de Buccleuch, a apprécié l’ouvrage du philosophe.
4/Charles Townshend
Townshend propose alors à Smith d’accompagner le jeune aristocrate dans son voyage en France, comme il était d’usage dans l’aristocratie britannique.
Smith, qui y voit une occasion de rencontrer les intellectuels français, accepte et quitte son Ecosse natale.
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Février 1764, Smith arrive à Paris avec son élève. Ils y séjournent dix jours avant de prendre la route de Toulouse, l’une des grandes villes du royaume et lieu de villégiature bien connu des visiteurs étrangers.
Ils sont reçus par le vicaire général du diocèse et cousin de Hume, l’Abbé Colbert.
6/Toulouse au 18e siècle
Ce dernier, issu de la famille du célèbre contrôleur des finances de Louis XIV, loue la personnalité du philosophe, "homme d’exception", dont l’esprit et le cœur lui paraissent "remarquables".
7/ Abbé Colbert
Mais Smith doit déchanter. Au bout de quelques mois, son constat est amer. Lui qui espérait faire des rencontres stimulantes et qui parle mal le français, noue peu de relations sur place.
Pire, il s’ennuie...
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Pour passer le temps, il décide alors de commencer un nouveau livre, consacré cette fois à l’économie politique.
Ce sera son prochain essai qu’il mettra douze ans à peaufiner : les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, plus connu sous le nom de La Richesse de Nations.
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Smith profite de son séjour dans le sud-ouest pour se rendre à Bordeaux puis à Montpellier. Sa visite dans la capitale du Languedoc le marque pour toujours.
La ville est alors le siège d’un parlement autonome et dispose d’une grande liberté par rapport au pouvoir central.
10/ Montpellier au 18e siècle
Le visiteur écossais constate que la province est dotée de canaux, de ports et de routes de qualité.
Le Canal du Midi ("de Languedoc") en particulier lui semble exemplaire.
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Smith explique cela notamment par le fait que le canal est géré, non par des commissaires royaux mais par un agent privé qui a intérêt en le maintenir en bon état, en l’occurrence son concepteur Riquet.
Il en parlera dans La Richesse des Nations.
Extrait ⤵️
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Autre leçon qu’il tire de son séjour dans le sud-ouest : les villes qui dépendent du commerce comme Bordeaux, lui paraissent plus florissantes que celles qui ne sont que des centres administratifs et politiques comme Toulouse.
Idée qu’il développera là encore plus tard…
14/ Bordeaux au 18e siècle
Après 18 mois passés dans la région, Smith et son élève prennent la direction de Genève. L’occasion pour le philosophe de se rendre à Ferney et d’y rencontrer à plusieurs reprises le génie des lieux qu’il admire tant : Voltaire.
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Après Genève, direction Paris où il arrive à la fin de 1765, accueilli par Hume. Ce dernier l’introduit dans les célèbres salons de la capitale, notamment ceux du Baron d’Holbach, de Madame de Geoffrin et de Mademoiselle de l’Espinasse.
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Smith y fait la connaissance de grands économistes français de l’époque. D’abord, François Quesnay et ses amis physiocrates, alors très en vogue. Dans leurs travaux, ces derniers font de l’agriculture la source unique de la valeur, idée que ne retiendra pas le philosophe écossais. Ce dernier est en revanche d'accord avec eux sur les bienfaits de la liberté des échanges.
18/François Quesnay
Il se rapproche également de certains Encyclopédistes, et notamment de l’Abbé André Morellet qui deviendra l’un de ses amis proches.
Leurs échanges viennent nourrir les réflexions de Smith sur la supériorité de la liberté du commerce, sur la banque et sur la monnaie.
Morellet sera l’un des premiers traducteurs de La Richesse des Nations…
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Smith rencontre enfin Turgot, lui aussi en train d’écrire un essai économique, Réflexions sur la formation et la distribution des richesses, ouvrage qui sera publié quelques mois plus tard, en 1766, soit 10 ans avant La Richesse des Nations.
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Les convictions de Turgot convergent grandement avec celles de Smith et les deux auteurs peuvent être légitimement considérés comme des pionniers du libéralisme économique.
Certains historiens de la pensée économique comme Schumpeter ou Rothbard jugent même les travaux de Turgot supérieurs à ceux de Smith du point de vue théorique.
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Octobre 1766. Smith quitte la France et rentre à Londres avant de regagner l’Ecosse. Au-delà de ses rencontres, il a pu observer que l’économie française prend du retard sur l’économie britannique, retard qu’il attribue entre autres à son protectionnisme, à son pouvoir royal très présent et coûteux, et à sa fiscalité trop pesante (la taille notamment) qui empêche l’accumulation du capital.
Toute ressemblance...
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Une décennie après la fin du seul voyage à l’étranger qu’il effectuera dans sa vie, Smith fera publier sa Richesse des Nations, cet ouvrage de synthèse commencé en Occitanie qui changera pour toujours les sciences économiques. Il s’éteindra en juillet 1790 à Edimbourg.
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De ce voyage déterminant, les hôtes de Smith retiendront l’image d’un homme courtois, curieux, intelligent, affable, nuancé.
A sa mort, son ancien élève, le Duc de Buccleuch écrira : "je resterai toujours sous le coup d’avoir perdu un ami que j’aimais et que je respectais, non seulement pour ses grandes facultés, mais encore pour ses vertus privées".
FIN

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