mardi 14 mai 2013

Notre Vialatte quotidien : le galuchat


"Le requin bleu [...] on peut aussi le peler, l'éplucher, le dépiauter, tanner sa peau et en relier un petit bloc-notes. C'est inusable. C'est ce qu'on appelle du galuchat.
Comment tanner ? Il n'y a qu'à regarder dans le dictionnaire : vous commencez par enlever l'émouchet, c'est-à-dire que vous coupez les oreilles et la queue. Vous craminez, vous débourrez, ce qui prend à peine sept ou huit mois. Quand vous sentez que le poil s'enlève avec les doigts, bien qu'en offrant une certaine résistance, vous faites tremper vos peaux dans l'eau, vous les tendez sur un chevalet, vous les traitez au couteau rond, et vous obtenez le cuir en tripe. Echarnez, queursez, recoulez, mettez en fosse pendant trois mois. Recommencez pour la seconde écorce, voilà votre cuir tanné à coeur. Ne vous impatientez surtout pas. Songez au plaisir que vous aurez quand votre bloc-notes sera relié d'une peau parfaite. Faites sécher au séchoir. Lentement, c'est essentiel. Dressez vos cuirs, piétinez-les, mettez-les en presse. Vous reconnaîtrez que votre tannage est parfait si votre tranche a de la verdure, c'est-à-dire si elle est marbrée.
Toutes ces opérations, passionnantes par elles-mêmes - il y a des gens qui en font leur vie -, sont encore plus rapides dans le cas du requin bleu, puisqu'on n'a pas à couper les oreilles et que son poil est inexistant. "

Alexandre Vialatte, chronique 769, 26 mai 1968

http://fr.wikipedia.org/wiki/Galuchat

1 commentaire:

JoëlP a dit…

Attention, il n'est pas certain que Jean-Claude Galluchat ait découvert la galuchat. Il l'a peut-être simplement amélioré en affiner la peau par l’usage de grès et de pierre ponce et en plus en le colorant pour les beaux yeux de la Pompadour.

 
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