Disparition de Marcel Bonnaud
" Responsable des programmations théâtrales au Centre Pompidou, Marcel Bonnaud accompagna avec vigueur la formidable explosion de la danse contemporaine dans les années 1980.
On a appris avec un affligeant retard la disparition de Marcel Bonnaud, survenue le 5 avril dernier, au Chalard, petit village du Limousin dont il était devenu le maire. Une disparition cruellement passée inaperçue dans les milieux culturels français.
Longtemps responsable des « espaces communs » du Centre Pompidou, et à ce titre directeur de la programmation des manifestations théâtrales, Marcel Bonnaud accompagna ainsi l’essor de la danse contemporaine en lui ouvrant les portes, dans les années 1980 et 1990, de ce temple de Beaubourg consacré à la modernité.
De Cunningham à Bagouet
C’est lui qui ouvrit le Centre Pompidou en 1979 aux fameux « events » que la Merce Cunningham Dance Company dansa dans le grand forum. Y brillèrent pour la dernière fois avec cette troupe des danseurs comme Karole Armitage et Robert Kovich qui allaient bientôt la quitter pour devenir chorégraphes. Cela se passait dans le cadre du Festival d’Automne et les danseurs du Théâtre du Silence participèrent à l’un de ces « events » qui furent alors un événement.
C’est Marcel Bonnaud qui programma à Paris certaines chorégraphies de Dominique Bagouet, alors dédaigné par le Théâtre de la Ville ; c’est lui qui invita Jean-Claude Gallotta avec son « Pas de Quatre » ou Frédéric Flamand alors directeur du Plan K, à Bruxelles, et aujourd’hui directeur du Ballet national de Marseille. C’est encore Marcel Bonnaud qui reçut pour la première fois « Fase », le duo d’Anne Teresa De Keersmaeker et de Michèle Anne de Mey. C’est lui qui offrit sa salle pour la création de l’une des plus belles chorégraphies d’Andy De Groat, « la Route de Louvie-Juzon », pièce créée par les danseurs du Groupe de recherche chorégraphique de l’Opéra de Paris, le GRCOP de Jacques Garnier, dans un étonnant dispositif scénique du peintre François Morellet.
C’est encore grâce à Marcel Bonnaud que furent présentées à Paris des chorégraphies de Susan Buirge, de Robert Kovich, d’une multitude d’autres artistes qui participaient alors à la formidable explosion chorégraphique que l’on connut lors des années 1980.
Dans le temple de la modernité
Sans Marcel Bonnaud, la danse contemporaine n’aurait pas connu un sort aussi brillant au Centre Pompidou. Car dans ce temple de l’art moderne, quelqu’un avait eu l’idée saugrenue de nommer comme conseillère à la danse la danseuse et chorégraphe Janine Charrat. Une grande artiste certes, mais d’un tout autre temps et totalement déphasée par rapport à la création contemporaine. C’était un peu comme si on avait choisi Henri Saughet pour diriger l’Ircam. Avec elle, le Centre Pompidou serait devenu l’abri exclusif des néo-classiques et des pires manifestations de la danse théâtrale. Et il fallut à Marcel Bonnaud des trésors de diplomatie et d’habileté pour faire accepter à celle qui était sa « conseillère » que le Centre reçoive les productions d’une esthétique novatrice, et non pas les fruits blets d’ esthétiques totalement dépassées.
Né pour créer la concorde
Extraordinairement chaleureux, débordant d’humour, toujours rieur, né pour créer la concorde sur un champ de bataille et désamorcer les conflits, généreux, bienveillant, tout en étant parfaitement lucide sur les gens et sur les choses, Marcel Bonnaud aura fait du théâtre du Centre Pompidou ce qu’il a cessé d’être plus depuis longtemps : une scène recevant le meilleur de la production de son époque, autrement plus riche, il est vrai, qu’aujourd’hui. Et il le fit avec fort peu d’argent, car les moyens financiers qui lui étaient attribués étaient bien maigres. Les artistes s’en plaignaient à juste titre, trop heureux cependant de se produire dans l’un des sites les plus prestigieux de la capitale.
Décentralisation
Avant d’accéder à ses fonctions au Centre Pompidou, Marcel Bonnaud avait été comédien, avait touché à la mise en scène, au Théâtre national populaire, au Théâtre de la Cité universitaire, au Théâtre de l’Est parisien, au Centre dramatique du Sud-Est, à Aix-en –Provence. Cela le conduisit plus tard à devenir un acteur de la décentralisation, à la Maison de la Culture d’Amiens, an Centre d’action culturelle de Mâcon. C’est en 1976 qu’il sera nommé au Centre Pompidou. Il y demeurera près d’un quart de siècle.
De son mariage avec Yolande Bonnaud, il aura trois enfants, deux garçons, et une fille, tragiquement foudroyée en pleine jeunesse par une attaque et morte dans les bras de son épouse, boulevard de Sébastopol où ils résidaient.
Du Centre Pompidou à la mairie du Chalard, en Limousin
Quand Marcel Bonnaud quitta le Centre Pompidou et Paris, en 2000, ce fut pour retourner dans son Limousin natal. Il devint en 2001 le maire de son village, maire sans étiquette sans doute, comme souvent dans les petites communes, mais le coeur bien ancré à gauche, là où le menait son sens très républicain de l’équité et de la justice sociale. En liaison avec le Centre Pompidou, il y monta chaque été des expositions et se mit à la tête d’un petit festival au Chalard, « les Estivales ».
« La Classe morte »
Une des fiertés de Marcel Bonnaud, quand il était au Centre Pompidou, fut d’avoir reçu Tadeusz Kantor avec « la Classe Morte » (« Umarla Klassa »), ainsi que d’autres spectacles du metteur en scène de Cracovie. Après la mort de Kantor, Marcel Bonnaud effectua une sorte de pèlerinage en Pologne, à Varsovie, et surtout Cracovie. Des Polonais se souviennent encore de sa chaleur communicative et de ses grands éclats de rire sonores.
Raphaël de Gubernatis "
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/culture/20100702.OBS6552/disparition-de-marcel-bonnaud.html
J'ai appris le décès cet été. Merci pour le délicieux souvenir des Estivales du Chalard !
Aux Arcs, en Savoie, un adolescent est mort dans une avalanche
-
Le jeune de 14 ans skiait hors piste à Arc 2000 quand il a été emporté. Les
conditions étaient difficiles après un épisode neigeux avec un « risque
marqué ...
Il y a 2 heures
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire