lundi 19 mars 2007

Les Namnètes

« C’est en terre gallique que Strabon, le géographe contemporain d’Auguste, découvre un Dionysos insolite qui avait retenu l’attention du philosophe et de l’éthnographe Posidonius d’Apamée. (…)

« Posidonius affirme qu’il y a dans l’Océan une petite île qu’il situe sur l’embouchure de la Loire, et pas tout à fait en haute mer ; qu’elle est habitée par les femmes des « Namnètes », femmes possédées de Dionysos et vouées à apaiser ce dieu par des rites et toutes sortes de cérémonies sacrées. Aucun mâle ne peut mettre le pied sur l’île. En revanche, les femmes elles-mêmes qui sont toutes des épouses traversent l’eau pour s’unir à leurs maris et s’en retournent ensuite. La coutume veut qu’un fois l’an elles enlèvent le toit du sanctuaire et en remettent un autre le même jour, avant le coucher du soleil, chacun y apportant sa charge de matériel. Celle dont le fardeau tombe à terre est déchiquetée par les autres qui promènent ses membres autour du sanctuaire en criant l’évohé. Elles ne s’arrêtent pas avant que leur délire (luttè) ne prenne fin. Or il arrive toujours que l’une ou l’autre tombe et doive subir un pareil sort. »

Ce Dionysos insolite, trop hellénique pour être baptisé « celtique », laisse les géographes aussi embarrassés que les historiens.


Que penser de « Namnètes », dont le nom vivrait encore dans celui de la ville de Nantes ? S’agit-il de l’île de Batz ou de l’île Dumet, dans l’estuaire de la Vilaine, à dix kilomètres en mer, ou encore, malgré la distance, de Belle-Isle-en-mer ? (…) »

Marcel Detienne, Dionysos à ciel ouvert, Textes du XXe siècle, Hachette, 1996, ISBN : 2-01-011954-1, pages 67-69

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