dimanche 15 octobre 2023

Je me souviens de la fabrique de chaussures Marbot Bata à Neuvic-sur-l'Isle

Je me souviens qu'un jour de fin août dans les années 50, revenant en 2CV du Bassin d'Arcachon (des Abatilles pour être plus précis), mon père s'est arrêté à l'usine pour acheter un lot de chaussures. Je ne sais plus comment on a pu les faire entrer dans la 2CV (avec la tente 4 places La Hutte, et son armature métallique, et le reste. On était 2 adultes et deux enfants.

 

https://www.sudouest.fr/economie/industrie/dordogne-du-debut-du-xxe-siecle-a-aujourd-hui-la-longue-histoire-de-l-entreprise-marbot-bata-en-images-17050709.php

"Le 15 octobre 2009, la direction de Marbot-Bata annonçait la fermeture de la manufacture de chaussures militaires de Neuvic. 73 employés allaient perdre leur travail. Un épisode de la désindustrialisation du département remis dans les mémoires par la crise actuelle à la papeterie de Condat."

https://www.sudouest.fr/dordogne/perigueux/dordogne-en-2009-la-manufacture-marbot-bata-annonce-sa-prochaine-fermeture-12566474.php 

Le 15 octobre 2009, le PDG annonce aux employés un projet de cessation d’activité de la manufacture de chaussures militaires située à Neuvic, faute d’avoir pu obtenir de nouveaux marchés. On plonge dans les archives avec cet article publié à l’époque

Il y a un mois, la plupart des employés de l’usine Marbot-Bata, de Neuvic, s’étaient retrouvés pour découvrir un film réalisé sur le savoir-faire exceptionnel de leur entreprise. « Je vais l’envoyer à Nicolas Sarkozy et à l’armée pour qu’ils voient ce qui risque de disparaître », disait alors Jean-Claude Jegou son directeur. On ne sait pas si le film a été visionné en haut lieu mais les nouveaux marchés espérés pour la survie de la manufacture n’ont pas été obtenus.

[...]

L’entreprise annonce avoir perdu ses principaux marchés « pour plusieurs années » avec l’armée de terre, la police nationale et la gendarmerie nationale pour son fameux brodequin de combat quasiment indestructible réalisé en « cousu ». Ces marchés représentaient 90 % de l’activité de l’usine

Il y avait de l’émotion hier lors de cette annonce qui va mettre un terme à près d’un siècle d’industrie de la chaussure dans la vallée de l’Isle, qui a déjà connu le départ des chaussures Aster il y a peu. C’est aussi la fin du savoir-faire d’une manufacture qui a chaussé des générations de militaires et de chasseurs des fameux « rangers » français


Je découvre ici Le journal de Marbot...

 

https://www.mairieneuvic.fr/journaux_marbot/Le_journal_Marbot.html
A partir de 1943, le bulletin de l'usine Marbot  a été le témoin de la vie de l'entreprise et de son personnel, mais aussi un journal de la vie communale dans lequel on retrouve les réalisations de la période de l'après-guerre, des articles d'histoire locale, les chroniques sportives et culturelles...La parution a été bi-mensuelle entre 1951 et 1968

 

https://www.ihscgtaquitaine.org/ihsa/dordogne/24-infos-ihs-dordogne/18-exposition-marbot-bata.html

 Je lis https://www.laligue24.org/docs/culture/dossier-mop.pdf

C’était le plein emploi 

- André DAIX - Ouvrier de l’usine Marbot
Il y avait une grande fierté de travailler là et toute la prospérité de la région venait de ses usines. C’était tellement industrialisé dans le coin qu’on était obligé d’aller chercher du personnel à Ribérac, à Bergerac, à Périgueux, à Montpon. Il y avait des cars qui partaient tous les matins et qui repartaient tous les soirs chargés de personnel puisque toute la vallée de l’Isle était employée à plein temps et ça ne suffisait pas pour toutes les entreprises de la vallée. Il fallait donc aller chercher du personnel ailleurs.
Embauché à vie… Pensait-on ! 

- Christian DEFARGE - Instituteur
Il faut dire qu’il y avait des transformations à cette époque-là dans le monde agricole : la concentration des terres, la mécanisation, le rendement... Tout cela faisait que la terre exigeait moins de bras. Et comme souvent c’étaient des familles nombreuses, il n’y avait de place que pour un enfant dans la succession de la ferme. Les autres étaient obligés de partir, d’aller travailler ailleurs, et l’usine se trouvait là naturellement comme un exutoire approprié ; ça se passait ainsi d’une façon très complémentaire.
La plupart de ces enfants de paysans, d’ouvriers ou de « travailleurs-paysans », quittaient l’école le plus rapidement possible, à 14 ans, après le certificat d’études. Certains entamaient des études un peu plus longues au travers de l’entrée en 6ème, mais la plupart sortaient avec le certificat d’études et pour ceux qui n’avaient pas leur place dans l’exploitation agricole - et ils étaient nombreux - c’était l’embauche dans l’entreprise Bata. Et c’était facile. J’ai des souvenirs assez précis : au lendemain du certificat d’études, beaucoup de mes élèves allaient se présenter au guichet d’accueil de l’entreprise Marbot Bata. Ils demandaient le portier. Ils n’allaient pas voir le PDG, le directeur ou le contremaître, juste le portier ! Ils formulaient une demande d’emploi. Et huit jours après, on les appelait ; il n’y avait pas besoin de faire des démarches multiples, de faire agir des relations... Simplement la connaissance du portier ou même pas, la rencontre avec le portier suffisait, et vous étiez embauché dans l’entreprise Marbot-Bata.
A vie… pensait-on… On y entrait sans qualification, sans formation et du jour au
lendemain, on était au travail, à la chaîne, pour exécuter une tâche qui n’était d’ailleurs pas très difficile puisque le schéma de fabrication était très morcelé.


Je découvre le Musée Voulgre

https://museevoulgre.fr/
 

Et un texte sur Bata. Mon père m'en avait un peu parlé. Des souvenirs me reviennent. 

https://www.persee.fr/doc/acths_1764-7355_2006_act_127_1_1048 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bata_(entreprise) 

 

On parle de Bata de nos jours car en Dordogne les papeteries de Condat est en situation précaire. 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Papeteries_de_Condat 

Condat (anciennement Papeteries de Condat) est une entreprise française produisant du « papier couché sans bois » utilisé pour l'édition publicitaire, les livres de luxe ou la presse.

Dotée d’une capacité de production de 431 000 tonnes de papier par an, elle compte plus de 500 salariés, constituant ainsi le premier bassin d’emploi de l'arrondissement de Sarlat-la-Canéda.

Condat (comme Cartiere del Garda en Italie et Torraspapel en Espagne) fait partie du groupe Lecta, un groupe européen leader dans la fabrication et la distribution de papiers spéciaux, papier pour l'édition et l'impression commerciale, et d'autres supports d'impression. 

 Ah ! "Le , la plus grande centrale solaire thermique de France est inaugurée à Condat-sur-Vézère (4 200 m2 de capteurs solaires pour une production de 3 900 MWh/an). Elle a pour but d'alimenter en énergie la papeterie voisine"

P.S. (c'est du latin !)

Ma mémoire se réveille. Ce n'était pas à Neuvic que nous nous sommes arrêtés au retour du Bassin, mais à Mussidan ! toujours du Bata

https://www.liberation.fr/futurs/1997/07/24/la-chine-delocalise-en-dordogne-un-fabricant-de-chaussures-asiatique-s-installe-en-france_210187/

 

 

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