mercredi 10 août 2022

Notre Vialatte quotidien : " Mes points d'exclamation sont rebondis et frivoles comme un mollet de chasseur alpin. "

 "[...] j'ai une belle écriture. Une anglaise souple et moulée, franche dans les pleins, agile dans les déliés, toujours égale, limpide et nette, qui vous grignote sa route rapidement et sans hâte comme un facteur un chemin vicinal. J'excelle dans le point virgule et dans le point d'interrogation. C'est un petit coup à prendre : pif,paf. Mes points d'exclamation sont rebondis et frivoles comme un mollet de chasseur alpin. Mais ce sont là de petites vanités accessoires, des coquetteries de virtuose. L'essentiel est que j'écrive bien. "

Alexandre Vialatte, La princesse de Portici, in  Cahiers Alexandre Vialatte, n° 18


Ne pas confondre avec La Muette de Portici

https://www.opera-comique.com/fr/spectacles/la-muette-de-portici

De sa création en 1828 à l’Opéra de Paris alors situé rue Le Pelletier jusqu’à l’incendie de cette salle en 1873, La Muette de Portici ne quitta pas l’affiche et se répandit en Europe, en partie grâce à Wagner.

Bousculant les conventions, l’œuvre brûle d’une force dramatique nouvelle. Scribe et Auber ont la double audace de confier les premiers rôles à une danseuse et au chœur, et de mettre en scène une révolution : celle, républicaine, du peuple de Naples mené par le pêcheur Masaniello contre l’occupation espagnole en 1647.

Le sujet est politique, la réception ne le sera pas moins. Lors de sa création bruxelloise en août 1830, l’air patriotique « Amour sacré de la patrie » pousse le public dans la rue. En quelques semaines, la Belgique forge son indépendance.

 

Mieux vaut mourir que rester misérable !  

Pour un esclave est-il quelque danger ?  

Tombe le joug qui nous accable. 

 Et sous nos coups périsse l'étranger !  

Périsse l'étranger ! 

 Me suivras-tu?  

Je m'attache à tes pas,  

Je veux te suivre à la mort...  

A la gloire, à la gloire ! 

 Soyons unis par le même trépas.

  Ou couronnés par la même victoire.  

Oui, partout je suivrai tes pas.  

Mieux vaut mourir que rester misérable! 

 Pour un esclave est-il quelque danger? 

 Tombe le joug qui nous accable,  

Et sous nos coups périsse l'étranger !  

Périsse l'étranger !  

Amour sacré de la patrie.  

Rends-nous l'audace et la fierté;  

A mon pays je dois la vie; 

 Il me devra sa liberté.

 

Scribe celui qui a donné son nom à une rue à côté du Théâtre Graslin (l'opéra) à Nantes. 

https://www.youtube.com/watch?v=YdVBs0QoXZI

25 août 1830. L'opéra révolutionnaire "La Muette de Portici" de Daniel-François-Esprit Auber est joué à La Monnaie de Bruxelles... Mais rien ne se passe comme prévu. Cette soirée d’opéra marque le point de départ d’une révolution et de l'indépendance de la Belgique. Guillaume Ier d’Orange-Nassau, roi des Pays-Bas et du grand-duc du Luxembourg, décide de célébrer son 59e anniversaire en offrant à son peuple une représentation de la "Muette de Portici" d'Auber. Il est pourtant prévenu : la pièce, créée deux ans plus tôt à Paris, sur un livret de Scribe et Delavigne, représente potentiellement un danger, avec ses effectifs choraux et instrumentaux impressionnants, son histoire de révolte et ses airs patriotiques. D'autant que le contexte politique est tendu dans les provinces du sud du Royaume, dont Bruxelles est l’une des grandes cités. Elles se sentent défavorisées par rapport aux provinces du nord et demandent plus de reconnaissance face à la domination néerlandaise. Un mois plus tôt, les voisins français ont fait choir du trône le roi Charles X, jugé trop conservateur, lors des "Trois Glorieuses". Ainsi, lorsque le public du Théâtre de la Monnaie de Bruxelles entend Masaniello et son ami Pietro, héros de l’opéra, engager la révolte du peuple napolitain contre le vice-roi d’Espagne et chanter « Mieux vaut mourir que rester misérable ! Amour sacré de la patrie, rends-nous l’audace et la fierté ; à mon pays je dois la vie, il me devra sa liberté ! »... La situation dérape. Les spectateurs reprennent en chœur les vers, ils se lèvent au cri de « Vive la liberté ! », « Aux armes ! » et sont rejoints par une foule en colère. Pillages, incendies... Les troubles de la nuit du 25 août vont se poursuivre, s’intensifier, menant vers une solution diplomatique et l'indépendance de la Belgique, le 4 octobre 1830.

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