jeudi 15 février 2018

La fresque (et non l'aquarelle) par Molière



L'aquarelle
L'Aquarelle est pressante et veut sans complaisance,
Qu'un peintre s’accommode à son impatience,
La traite à sa manière et d'un travail soudain
Saisisse le moment qu'elle donne à sa main,  
La sévère rigueur de cet instant qui passe
Aux erreurs d'un pinceau ne fait aucune grâce.
Avec elle il n'est point de retour à tenter,
Et tout au premier coup se doit exécuter.

MOLIERE

Je lis ce poème dans le beau " Le tour de Bretagne en aquarelles", par la société des Aquarellstes de Bretagne, Editions Ouest-France, 2012, 2009

Etant un peu surpris par cette attribution à Molière, j'ai fait quelques recherches.

J'ai trouvé ce commentaire sur un blog :

" Dans son poème, molière ne parle pas de l'aquarelle, le terme n'existe d'ailleurs pas encore à son époque, mais il évoque la fresque et en particulier la fresque réalisée par Pierre Mignard pour le Val de Grâce.
C'est vrai que les termes employés s'adaptent parfaitement à l'aquarelle mais... rendons à Molière ce qui est à Molière ! "


On a un site qui nous offre tout Molière en ligne.


"Ami de Pierre Mignard, Molière écrit ce long poème de 366 vers, imprimé en 1669, car le peintre s’est vu confier la fresque de la coupole du Val-de-Grâce, l’un des monuments les plus prestigieux du Paris de l’époque, fondé par Anne d’Autriche. Mignard exécute ainsi la plus grande fresque du monde, qui représente, dans une gloire, la reine offrant cette église à Dieu, entourée de plus de deux cents personnages. Molière renonce pour son ami à la solution de facilité qui consiste à décrire la fresque et préfère illustrer les principe fondamentaux de la peinture, au point que Boileau, fort sensible en l’occurrence à la qualité de la versification de Molière, y voit « un traité complet de peinture », et qu’il développe ce parallèle fort judicieux : « Dans ce poème sur la Peinture, il a travaillé comme les peintres à l’huile qui reprennent plusieurs fois le pinceau pour retoucher et corriger leur ouvrage, au lieu que, dans ses comédies où il fallait beaucoup d’action et de mouvement, il préférait les brusques fiertés de la fresque à la paresse de l’huile. » Outre le fait que Molière donne à cette occasion une preuve de la qualité de son amitié, il se révèle à la fois pédagogue averti — dans le genre d’ordinaire fort ingrat de la poésie didactique —, et aussi un critique d’art averti."

Voici le texte de Molière :



Mais la fresque est pressante, et veut sans complaisance
Qu’un peintre s’accommode à son impatience ;
La traite à sa manière, et d’un travail soudain
Saisisse le moment, qu’elle donne à sa main.
La sévère rigueur de ce moment, qui passe,
260 Aux erreurs d’un pinceau ne fait aucune grâce.
Avec elle il n’est point de retour à tenter ;
Et tout au premier coup se doit exécuter.
Elle veut un esprit, où se rencontre unie
La pleine connaissance avec le grand génie ;
265 Secouru d’une main propre à le seconder,
Et maîtresse de l’art jusqu’à le gourmander [34]  ;
Une main prompte à suivre un beau feu qui la guide,
Et dont comme un éclair, la justesse rapide
Répande dans ses fonds, à grands traits non tâtés,
270 De ses expressions les touchantes beautés. C’est par là que la fresque éclatante de gloire,
Sur les honneurs de l’autre emporte la victoire,
Et que tous les savants, en juges délicats,
Donnent la préférence à ses mâles appas."

Pour votre la fresque de Mignard

http://www.valdegrace.org/pages/page88.html

et des fresques en Limousin :

https://saintyrieixlaperche.wordpress.com/2013/08/08/fresque-a-larrache-au-salon-de-laquarelle-de-st-yrieix/

https://saintyrieixlaperche.wordpress.com/2014/09/09/les-salles-lavauguyon-les-fresques-leglise-st-eutrope-le-prieure/

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