Je viens de m'apercevoir - je suis devenu bon, je l'avais prévu un peu en blaguant, je dois le reconnaître ! - que l'Hôtel-Dieu de Nantes a enlevé la grande enseigne bleue (2) (comme le bleu de Marie, j'ai lu mon Michel Pastoureau ) Hôtel-Dieu.
Nantes est en avance sur Paris, Lyon, Toulouse etc. L'hôpital était appelé ainsi depuis le XVIe siècle. Mais l'histoire se révise, et pas seulement pour les élèves préparant le bacho (mais on ne va bientôt plus préparer le bacho !).
Vous remarquerez que CHU NANTES est écrit en bleu, toujours le bleu, mais il vous faut savoir que ce n'est plus le bleu céleste, le bleu royal mais le bleu neutre, celui de la fée électricité.
"Le CHU, qui cherche à améliorer l’accueil des malades dans ces neuf sites, explique que ce changement répond à un « enjeu d’identification de l’établissement encore difficile, notamment pour les patients non-Nantais ». « De nombreux retours nous ont montré que c’était un point de complexité », explique-t-on à la direction"
Ah ah ! on cherche à améliorer l'accueil des malades ! c'est dingue! non ! ben dame !
Ils devraient avoir honte à Paris, Toulouse, Lyon...
Nantes venait de renommer son "Musée des Beaux-Arts" "Musée des Arts". On progresse dans la modernité bien comprise.
"Le Bon Dieu déconnait. J´ai décroché Jésus
De sa croix : n´avait plus rien à faire dessus."
A Nantes on a fait mieux, on a décroché Dieu. Il est vrai que l'Hôtel en question, était un hôtel de passe. Mais où on trépassait parfois. Et puis, il n'y avait plus de religieuses, ces sœurs de la sagesse qu'avait connues ma mère à Nantes, pour y ondoyer les bébés ou porter la bonne nouvelle du voyage futur au patient sur le départ.
Que va-t-on faire de la chapelle de l'Hôtel-Dieu ? (1)
Brassens a chanté Dieu, le père, la mère, le saint Esprit et les bénitiers. Il était d'un autre temps, celui de ma jeunesse, des guitares sans électricité, des sonos pauvres en ouates, des feux de camp qui polluaient l'atmosphère et faisaient fuir les petits oiseaux.
"Dieu, diable, paradis, enfer et purgatoire,
Les bons récompensés et les méchants punis,
Et le corps du Seigneur dans le fond du ciboire,
Et l'huile consacrée comme le pain bénit,
« Je ne crois pas un mot de toutes ces histoires »
Et la bonne aventure et l'art divinatoire,
Les cartes, les tarots, les lignes de la main,
La clé des songes, le pendule oscillatoire,
Les astres indiquant ce que sera demain,
« Je ne crois pas un mot de toutes ces histoires. »
[...]
Mais j'envie les pauvres d'esprit pouvant y croire..."
(Georges Brassens / 1921-1981 / Le sceptique)
"Est-il en notre temps rien de plus odieux,
De plus désespérant, que de n pas croire en Dieu ?
Je voudrais avoir la foi, la foi de mon charbonnier,
Qui est heureux comme un pape et con comme un panier.
Mon voisin du dessus, un certain Blais Pascal,
Ma gentiment donné ce conseil amical :
Mettez-vous à genoux, priez et implorez,
Faites semblant de croire, et bientôt vous croirez.
Je me mis à débiter, les rotules à terre,
Tous les Ave Maria, tous les Pater Noster,
Dans les rues, les cafés, les trains, les autobus,
Tous les de profondis, tous les morpionibus...
Sur ces entrefaits là, trouvant dans les orties
Une soutane à ma taille, je m'en suis travesti
Et, tonsuré de frais, ma guitare à la main,
Vers la foi salvatrice je me mis en chemin.
Je tombai sur un boisseau de punaise de sacristie,
Me prenant pour un autre, en choeur, elles m'ont dit :
Mon père, chantez-nous donc quelque refrain sacré,
Quelque sainte chanson dont vous avez le secret !
Grattant avec ferveur les cordes sous mes doigts,
J'entonnai le Gorille avec Putain de toi.
Criant à l'imposteur, au traître, au papelard,
Elles veulent me faire subir le supplice d'Abélard,
Je vais grossir les rangs des muets du sérail,
Les belles ne viendront plus se pendre à mon poitrail,
Grâce à ma voix coupée j'aurai la place de choix
Au milieu des Petits chanteurs à la croix de bois.
Attiré par le bruit, une dame de Charité,
Leur dit : Que faites-vous ? Malheureuses arrêtez !
Y'a tant d'hommes aujourd'hui qui ont un penchant pervers
A prendre obstinément Cupidon à l'envers,
Tant d'hommes dépourvus de leurs virils appas,
A ceux qui en ont encore ne les enlevons pas !
Ces arguments massue firent une grosse impression,
On me laissa partir avec des ovations.
Mais, sur le chemin du ciel, je ne ferai plus un pas,
La foi viendra d'elle même ou elle ne viendra pas.
Je n'ai jamais tué, jamais violé non plus,
Y'a déjà quelque temps que je vole plus,
Si l'Éternel existe, en fin de compte, il voit
Que je me conduis guère plus mal que si j'avais la foi."
(Georges Brassens / 1921-1981 / Le mécréant)
"Quand on rouvre sans clause
Une maison close
Moi je vais la contester
Ma femm' va la visiter
Et l'curé l'habite (Bis)
Mais le Grand Vicaire
De santé précaire
N'a jamais pu la bitter (Bis)
C'est ce qui l'emmerde (Bis)"
(Georges Brassens / 1921-1981 / Le grand vicaire)
"Les bigotes et les bigots
Préparant déjà les fagots
Sans rémission voulaient me faire
Descendre avant terme aux enfers.
En entendant tout ce bordel
Le curé sautant de l'autel
Accourut me sauver la mise
Qui semblait un peu compromise.
Il a dit : « Que Dieu lui pardonne,
Ce qu'il a pris, je le lui donne
Et puisqu'il est pauvre il s'ensuit
que le tronc des pauvres est à lui ».
Et cela dit, ce ratichon,
Ce satané fils de cochon,
Retourna boir'avec délice
Ce qui restait dans son calice.
Et depuis ces péripéties,
Moi qui suis athée, Dieu merci !
Je vais parfois ouïr un bout
De la mess' à ce marabout."
(Georges Brassens / 1921-1981 / Le mécréant repenti)
"Anticlérical fanatique
Gros mangeur d´ecclésiastiques,
Cet aveu me coûte beaucoup,
Mais ces hommes d´église, hélas !
Ne sont pas tous des dégueulasses,
Témoin le curé de chez nous.
Quand la foule qui se déchaîne
Pendit un homme au bout d´un chêne
Sans forme aucune de remords,
Ce ratichon fit scandale
Et rugit à travers les stalles,
« Mort à toute peine de mort! »
Et maintenant quand on croasse,
Nous, les païens de sa paroisse,
C´est pas lui qu´on veut dépriser.
Quand on crie "A bas la calotte"
A s´en faire péter la glotte,
La sienne n´est jamais visée."
(Georges Brassens / 1921-1981 / La messe au pendu)
"Et maintenant, je vous le demande un peu, pourquoi ce dieu qui s'appelle le hasard ne ferait-il pas aussi bien les choses que le Dieu des catholiques, le dénommé Jésus-Christ. S'il ne les fait pas aussi bien, il faudra lui rendre cette justice qu'il ne les fait pas plus mal.
Car, soit dit en passant, les zélateurs de la religion catholique sont bien obligés d'imputer à leur fétiche tout puissant, Jésus-Christ, la conception et la réalisation des sanguinaires mise en scène que sont les guerres mondiales.
Obligés de lui reconnaître une intervention personnelle dans les catastrophes ferroviaires et autres fariboles qui ne constituent pour lui que les plus inoffensifs et dilettantiques passe-temps."
(Georges Brassens / 1921-1981 / Le monde libertaire du 27 septembre 1946 sous le pseudonyme Gilles Colin)
"Le rite qui nous envoûte
S´avère alors anodin
Sans le latin, sans le latin
Et les fidèl´s s´en foutent
O très Sainte Marie mèr´ de
Dieu, dites à ces putains
De moines qu´ils nous emmerdent
Sans le latin
Je ne suis pas le seul, morbleu
Depuis que ces règles sévissent
A ne plus me rendre à l´office
Dominical que quand il pleut"
(Georges Brassens / 1921-1981 / Tempête dans un bénitier)
"Bien sûr, mais il devait défendre son prestige,
Car il était le fils du ciel, l´enfant prodige,
Il était le Messie et ne l´ignorait pas.
Entre son père et lui, c´était l´accord tacite :
Tu montes sur la croix et je te ressuscite !
On meurt de confiance avec un tel papa.
[...]
Cela dit je ne suis pas l´Antéchrist de service."
(Georges Brassens / 1921-1981 / L’Antéchrist)
"On jeta mon Père Noël en bas du toit,
Ça fait belle lurette, et j´en reste pantois.
Premier amour déçu. Jamais plus, officiel,
Je ne suis remonté jusqu´au septième ciel !
Le Bon Dieu déconnait. J´ai décroché Jésus
De sa croix : n´avait plus rien à faire dessus."
(Georges Brassens / 1921-1981 / Les illusions perdues)
"Le clergé vit au détriment
Du peuple qu'il vole et qu'il gruge
Et que finalement
Il juge."
(Georges Brassens / 1921-1981 / Opinion)
"Le ciel en soit loué, je vis en bonne entente
Avec le Pèr´ Duval, la calotte chantante,
Lui, le catéchumène, et moi, l´énergumèn´,
Il me laisse dire merd´, je lui laiss´ dire amen,
En accord avec lui, dois-je écrir´ dans la presse
Qu´un soir je l´ai surpris aux genoux d´ ma maîtresse,
Chantant la mélopé´ d´une voix qui susurre,
Tandis qu´ell´ lui cherchait des poux dans la tonsure ?"
(Georges Brassens / 1921-1981 / Les trompettes de la renommée)
"Et si les chrétiens du pays,
Sans vergogne,
Jugent que cet homme a failli,
Homme a failli.
Ça laisse à penser que, pour eux,
Sans vergogne,
L´Évangile, c´est de l´hébreu,
C´est de l´hébreu."
(Georges Brassens / 1921-1981 / Les quatre bacheliers)
"Et l'un des dernier dieux, l'un des derniers suprêmes,
Ne doit plus se sentir tellement bien lui-même
Un beau jour on va voir le Christ
Descendre du calvaire en disant dans sa lippe
"Merde je ne joue plus pour tous ces pauvres types.
J'ai bien peur que la fin du monde soit bien triste.""
(Georges Brassens / 1921-1981 / Le Grand Pan)
Cette sélection de paroles a été recopiée de
J'ai raté Jacques Brel alors qu'il chantait tout à côté de chez moi à Nantes. Mais je n'ai pas raté Georges Brassens à Paris, à Bobino.
(1)
https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/nantes-la-chapelle-meconnue-du-chu-aux-journees-du-patrimoine-402062
" La chapelle de l’Hôtel-Dieu, accessible par la rue Gaston-Veil, a vu le jour lorsque l’hôpital a été reconstruit, après guerre, et livré en 1964.
Très dépouillée, elle possède peu d’ornements : une statue de Saint-Louis, une de Notre-Dame, un autel en marbre. Ce sont surtout les douze bas-reliefs en pierre de sa façade qui retiennent l’attention. Ils sont l’œuvre du sculpteur Raymond Delamarre (1890-1986). Des scènes de la passion du Christ et des scènes de soins se répondent. En 2009, l’ensemble des bâtiments de l’hôtel-Dieu a reçu le label patrimoine du XXe siècle."
(2) "La querelle entre prélats chromophiles (partisans de la couleur, en tant qu'elle représente le divin, conception des clunisiens) et prélats chromophobes (adversaires de la couleur, en tant qu'elle représente la matière vile et est un artifice futile ajouté par l'homme à la Création, conception des cisterciens) aboutit à la victoire des premiers à la fin du
XIIe siècle, les six couleurs principales médiévales (blanc, jaune, rouge, vert, bleu et noir) se diffusent dans la vie sociale, religieuse et symbolique de l'époque. Considéré auparavant comme une simple variété de noir, le bleu acquiert à partir de la fin du
XIe siècle une signification autonome : couleur céleste représentée sur le voile de la Vierge obtenu de la pierre
azurite"
"Les
capétiens font du bleu la couleur royale au
XIIe siècle. Parce qu'il est rare et cher ou parce qu'il est la couleur du vêtement de la Vierge, les premiers à l'adopter sont
Philippe Auguste puis son petit-fils
Louis IX (Saint Louis). Le blason royal porte des fleurs de lys d'or sur champ d'azur."
N'oublions pas qu'en électricité, le bleu c'est le neutre !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bleu