"Une émotion d'enfant l'effleura lorsqu'elle entendit les grenouilles coasser, leurs voix gutturales accompagnées de la musique produite par une pierre frottant la lame d'une faux, d'un côté puis de l’autre, zip-zip, zip-zip...Mathilde aperçut son père dans le pré, non loin de la mare. Elle fouilla du regard les abords, et ses yeux s'emplirent peu à peu de tristesse, en ne voyant que lui, bras étendu sur la lame courbe, l'entourant comme s'il se fût agi de l'épaule d'une femme avec laquelle il se serait apprêté à entamer une danse. Zip-zip, zip-zip, zip... Puis il rangea la pierre à aiguiser dans le fourreau de cuir fixé à sa ceinture et se remit à faucher l'herbe tendre, le geste ample, presque lent, qui lui permettait de tenir ainsi jusqu'au soir sans faiblir, sans jamais planter la pointe dans la terre. "
Franck Bouysse, Glaise, La manufacture de livres,
Je venais de ranger des photos, et j'étais tombé quelques heures avant de lire ce texte sur cette photo de mon père, aiguisant sa faux. Cette faux que j'ai cassée cet été en coupant des fougères à Bourdoux, dans mon Périgord-Limousin vert
, celui où vous ne verrez jamais d'écolos des balcons car ils ne veulent pas couper les fougères, les ronces, etc. Et puis, il n'y a pas d'autoroute ! ou de TGV pour les ploucs.
J'avoue qu'il m'arrive souvent de "planter la pointe dans la terre".
1 commentaire:
C'est tout un art de faucher à la faux. Dommage pour celle de ton père. L'étui qui servait à réduire (savoyard pour remiser/ranger) la pierre à aiguiser s'appelle un coffin (rien à voir avec Alice, d'ailleurs seuls les hommes fanaient à la faux). Je pensais que c'était un mot de par ici. Mais non. https://www.objetsdhier.com/coffin-1327
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