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Vous habitez la Corrèze. On peut donc mener sa carrière d'écrivain loin de Paris ?
Je ne pourrais pas habiter Paris. Je me dessèche et je meurs. C'est impossible. Je vis dans un hameau, au nord de Brive, je suis tout seul, ma mère est à côté. Mon monde, celui qui a pétri mon imaginaire, je le transporte avec moi, tout mes souvenirs d'enfance, je les pétris et ils sont avec moi. Je suis imprégné de ça pour toujours. Je suis issu d'une longue lignée de paysans du côté de ma mère et de meuniers-boulangers du côté de mon père. Aujourd'hui je fais mon potager, depuis peu j'ai des ruches, des volailles, j'ai rénové un four à pain (il montre des images des dernières fournées) en utilisant les ustensiles de mon oncle. On tue encore le cochon !
Votre ruralité n'est pas celle du paradis perdu. Pourquoi est-ce si dur à vivre ?
Le temps ne s'écoule pas comme ailleurs. Pas horizontalement mais verticalement. Les générations précédentes étouffent celles qui arrivent, elles les empêchent, par les traditions, l'impossibilité à transmettre le bien. Les vieux transmettent la ferme sur leur lit de mort et c'est toujours comme ça. Donc pas d'émotions. Et les mots ! Il y a une difficulté à dire les choses, c'est pour ça qu'il y a autant de secrets, autant de mensonges. Je viens de cela. Et c'est sans doute pour ça que j'écris des bouquins : j'écris ce que je ne suis pas capable de dire. La désespérance est un peu là."
http://thekillerinsideme.over-blog.com/2019/07/franck-bouysse-je-suis-issu-d-une-lignee-de-paysans.html
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