lundi 22 septembre 2014

"On peut changer les choses avec le monde de l'éducation"

Quelques extraits du discours de François Bayrou en clôture de l'université d'été du Mouvement Démocrate. 
On peut changer les choses avec le monde de l'éducation. J'ai beaucoup d'estime pour lui. Il y a en France une légende qui veut que ce soit un monde maudit. Moi je me porte en faux. Je crois que c'est une communauté humaine avec une haute conscience, avec quelques défauts, quelques travers et quelques réflexes, notamment lorsqu'il s'agit d'avoir des moyens pour créer des postes. Mais on peut discuter avec eux.
Nous avons trois chantiers immédiats devant nous.
Le premier, ce sont les fondamentaux : lecture, écriture, calcul. D'ailleurs, beaucoup de Français, d'ouvriers, de femmes et d'hommes humbles ont été choqués d'entendre le ministre de l'économie dire que les ouvriers de Gad étaient probablement illettrés. Mais il y a beaucoup de bac+2 dans cette entreprise, qui se sont  tournés vers le matériel, en fonction du marché du travail. Le mot "illettré" peut traduire un certain nombre de difficultés. J'ai présidé le groupe permanent de lutte contre l'illettrisme. Mais ce n'est pas la même chose de dire qu'il y a un problème d'illettrisme en France et de traiter quelqu'un d'illettré. La responsabilité du malaise d'un certain nombre d'entreprises ne vient pas de la situation des employés des salariés ou employés. Ce n'est pas juste. Nous avons un grand problème de transmission des fondamentaux. 30% des élèves sont en grande difficulté devant la lecture et l'écriture. Il faut faire de cette transmission une priorité absolue. Il existe des outils numériques pour multiplier les exercices pour aller de la lettre au son et au sens. Beaucoup d'outils ne sont pas utilisés. Le travail sur la transmission doit être un impératif pour ceux qui veulent aller à la reconquête de l'éducation nationale.
Deuxièmement, on a un problème de culture générale. Alors on me dit qu'il y a internet, mais non : google est certes un outil admirable, mais c'est une jungle, et si vous n'avez pas la culture générale qui est à la fois la carte et la boussole de cette jungle, vous ne pouvez pas vous en sortir. La clé d'internet, ce n'est pas le numérique, c'est la culture générale. Si on veut être progressiste, alors il faut être du côté des acquis, et vous avez même le droit d'être un peu réac, comme ils vous en accuseront sur ce sujet, parce que cette réaction-là, c'est le vrai progrès de l'humanité.
Troisième sujet, non technocratique, et qui ne dépend pas des moyens : il faut que les enseignants, et spécialement les jeunes enseignants, puissent faire cours dans leurs classes sans être chahutés ni insultés, sans avoir en face d'eux le chaos absolu. Ecoutez-moi bien : ils s'en vont ! Ils passent les concours, et ils s'en vont ! Parce qu'ils n'osent pas dire que c'est impossible pour eux, la situation dans leurs classes ! Avec ces élèves qui sont plongés dans un tel chaos psychologique et culturel qu'il n'y a qu'agressivité, désespoir et chahut. Personne n'en parle. Moi je considère que le calme dans la classe et le respect des enseignants, fût-ce un jeune enseignant face à une classe difficile, fût-ce une jeune fille gracile devant des costauds graciles, c'est une priorité. Les enseignants doivent pouvoir faire cours dans le calme : il faut prendre les décisions nécessaires en discipline, mais aussi en éducation civique, à la vie de tous les jours, en persuasion. Nous sommes en train d'abandonner à leur sort nos enfants les plus fragiles, et cette non-assistance à enfant en danger devrait donner lieu envers nous aux sanctions civiques les plus lourdes !
Les enseignants abandonnés, ce sont des enfants abandonnés. Nous voulons restaurer les enseignants pour instaurer les enfants.
Reconquête pour reconstruire la formation professionnelle. Ca fonctionne très mal ! J'ai un souvenir formidable qui date du gouvernement Balladur. Tout le monde, tous les ministres étaient là : Balladur, Sarkozy, moi-même, etc. Il y avait antagonisme entre les différents organismes de représentation, chcun défendait son point de vue. Edouard Balladur, dans son style britannique, a ouvert le sujet de la formation professionnelle. Et là, il y a eu un climat d'unanimité irénique de paix sociale absolue ! Les syndicats et toutes les représentations se sont mises à dire que la formation professionnelle, ça allait très bien, et qu'il n'y avait rien à changer ! Vingt ans après, la formation professionnelle ne va toujours pas bien : elle ne va pas en direction des chômeurs, elle n'est pas une réalité constante et quotidienne de la vie du travail. La reconquête du travail et de l'emploi passe par une reconquête de la formation professionnelle, qui doit être offerte à ceux qui en ont le plus besoin ; c'est une nécessité."

1 commentaire:

alain-barre a dit…

Rien à ajouter, c'est excellent !
cordialement
alainB

 
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