"Le cambarus virilis, qui nous vient d'Amérique, prête à la même observation ; quant à l'écrevisse polonaise, pour autant qu'on la trouve en France, elle semble obéir à la même direction. L'écrevisse russe, qui est également un podophtalme des astacides, aurait-elle lieu de se comporter différemment ? Rien ne permet de l'affirmer, encore qu'elle fasse partie d'une sous-famille toute différence. On peut même dire qu'il est infiniment probable qu'elle dissimule ses sentiments comme la plupart des homarides et même des malocostracés. Si donc elle embellit sous l'effet de la douleur (comme l'homme grandit, selon le poète), ce n'est pas du fait du pathétique de l’expression, qui demeure, jusque dans la mort, assez secrète et énigmatique, mais du fait des splendides couleurs dont elle se vêt dans l'eau bouillante. Elle y entre grise, elle en sort drapée de pourpre. On la prendrait pour le cardinal de Richelieu. Surtout avec son air sévère. A moins qu'elle n'appartienne à l'espèce plutôt rare qui ne rougit pas à la cuisson. Mais M. de Confevron, qui sait tout de la pisciculture en Haute-Marne excepte les paratacines, par conséquent l'écrevisse russe de cette funèbre confrérie. Et c'est pourquoi je n'ai jamais tant souffert de ne pas être une écrevisse russe, comme tant de macroures marcheurs : je serais embelli par une grande peine. "
Alexandre Vialatte, chronique 457 du 5 décembre 1951
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1 commentaire:
L'homme est bipède, le chien est quadrupède, les insectes sont hexapodes, les araignées comme les pieuvres sont octopodes... mais les écrevisses sont décapodes ce qui rend leur marche à la puissance 10 si efficace.
Ceci dit, elles détestent se prendre les pieds dans les racines qui sont fréquentes au fond des torrents contrairement à ce qu'affirme le dicton russe de notre ami Alexandre.
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