Histoire de notre lotissement, autour
et alentours (Première partie)
Une balade dans le quartier
Notre lotissement a été créé par
Monsieur Palvadeau fin des années 70, en en réunissant plusieurs
propriétés qui étaient des tenues maraîchères. Aux Archives
Municipales, on peut consulter tout le dossier du lotissement ce qui
permet de reconstituer l'historique de sa gestation. Dans ces mêmes
archives, nous avons trouvé des photos de l'Impasse Haute de la
Marrière et de la tenue maraîchère. Vous y voyez l'entrée de
l'impasse, qui n'était pas goudronnée. La maison à gauche est
toujours là et celle à droite est le n°6 actuel. La photo de la
tenue maraîchère est prise de cette maison. On voit le mur qui nous
sépare des jardins familiaux et, au fond à droite, le château
d'eau qui a disparu.
Aujourd'hui, nous allons faire une
balade en boucle qui nous ménera à notre bureau de poste, rue Henri
Broutelle, en nous dirigeant vers l'ouest. En observant les toits
orientés à l'ouest, nous constatons que les ardoises ne sont pas
toutes du même âge. Il s'agit des traces laissées par l'orage de
grêle qui s'est abattu sur le quartier en juillet 1983. Sortant de
l'Impasse Haute de la Marrière, nous arrivons rue Camille
Desmoulins. Elle porte le nom du révolutionnaire mort sur l'échafaud
en avril 1974. Avant 1928, la rue se nommait chemin des moulins de la
Marrière. On trouve aussi chemin du moulin de la Marrière.
Peut-être que c'est la notation « c. des moulins de la
Marrière » qui s'est transformée en nom de révolutionnaire.
La tour du moulin se trouve en haut de la côte, à gauche. A côté
de la tour, un arbre bien connu des singes, un araucaria, nommé
aussi "le désespoir des singes". On voit bien la tour si
l'on va à l'entrée du collège par l'impasse de la Noë Lambert.
Voici ce qu'on peut lire sur le site
http://www.alpacnantes.net/journal/j43-0203.pdf
" La Marière et la Colinière –
C’etaient deux ou trois moulins qui dépendaient de la Maison de la
Marière (près de la rue Camille Desmoulins, cette dénomination
moderne n’ayant pas grand’chose à voir avec les dits moulins….)
Le vieux cadastre de 1830 signale le « moulin neuf de la Colinière
», qui tournait encore à cette époque ; un autre « moulin à vent
pour moudre la farine », et un « ancien moulin conservé comme
pavillon–belvédère ». L’un de ces moulins, celui qui était
tenu par la veuve
Perraud, était assez important pour
employer deux garçons et une servante, en 1790. "
Un peu plus loin, se trouvent des
terrains de sport et le boulodrome de boule nantaise, jeu dont la
ville de Nantes a proposé le classement à l'inventaire du
patrimoine immatériel du ministère de la Culture L'après-midi
vous pouvez vous y présenter et demander à faire rouler quelques
boules sur ce terrain en forme de nef de navire. Du fait de la
nouvelle technique pour fabriquer des boules nantaises - qui sont
fabriquées en Italie - , il n'est plus possible, si j'ai bien
compris, d'avoir des boules blanches et des boules noires. Alors les
noires sont les vertes et les blanches sont les rouges ! Attention !
Ne jetez pas votre boule, faites la rouler : « Un défi se
lance, une boule se roule ». Ce boulodrome remplace celui qui
se trouvait – aujourd'hui il est en partie détruit – au café
de la Colinière en face du parc de la Mitrie (actuellement une
Agence immobilière). Quand ces terrains ont été aménagés, les
mulots ont dû fuir. Et nous en avons retrouvé dans notre maison.
Nous n'avons pu les capturer qu'après les avoir affamés.
Revenant rue C. Desmoulins, nous
rencontrons, sur la droite, l'impasse du chalet de la Marrière, le
chalet se trouve au bout de cette impasse, puis l'avenue Fabre
d'Eglantine, un autre révolutionnaire. Il est l'auteur de la chanson
« Il pleut, il pleut bergère », lié à Danton et à
Camille Desmoulins, auteur du calendrier républicain, il finira sur
l'échafaud. Sur la droite, une maison porte sculpté « La
Noé-Lambert 1912». Comme nous le disent Rault et Sigot, le
toponyme « noé » a trois significations possibles. En
langue d'oïl, noier, noué, désigne un noyer, « noe »,
« noue » ou « no », d'origine gauloise, est
une terre marécageuse, voire un marais. On sait que la zone de la
route de Sainte-Luce était une zone maraicageuse. Enfin, une
« noë », dans la tradition ancienne, désigne une terre
nouvellement mise en culture.
Puis c'est la rue Olivier d'Ormesson.
On constatera qu'à Nantes, les avenues sont en général des
impasses ! Olivier d'Ormesson, né à Saint-Pétersbourg en
1888, mort à d'Ormesson en 1973, était écrivain, collaborant au
Figaro et au Temps, ambassadeur, académicien. Il a écrit avec un
autre magistrat, Guillaume de Lamoignon, un ouvrage : L'Art
d'orner les jardins. Il fut apparenté à Mme de Sévigné
et ils se vouèrent une estime réciproque. Puis, c'est à gauche
l'avenue Modigliani (1884-1920). On se souvient du film « Le
Tatoué » de Denys de la Patellière, né à Nantes en 1921.
Jean Gabin a dans le dos un tatouage d'un « authentique
Modigliani ». Presqu'en face, c'est l'avenue du commandant
Henri Charbonnier (1886-1945). H. Charbonnier est né à Pontchâteau,
officier en 1914, il est chef de section dans l'Armée Secrète. Il
meurt déporté à Mathausen.
Juste avant d'arriver boulevard des
Poilus, à droite, il y avait un restaurant Le lusitano et avant lui
un réparateur de tondeuses à gazon qui n'a pas résisté au
« développement non durable », le moteur de tondeuse
coûtant plus cher qu'une tondeuse neuve.
Le boulevard des Poilus s'appelait
« boulevard de la Colinière » avant 1918. Les « Poilus »
est le surnom donné aux soldats français de la guerre de 14-18. A
gauche, donnant sur le boulevard, sur un ancie plan, on note la
présence d'un dépôt de dynamite, remplacé aujourd'hui par un
immeuble. Nous traversons le rond-point où il y a quelques années,
se trouvaient des feux de circulation. Nous arrivons rue des
chambelles. Chambelles est le nom d'une propriété apparaissant sur
le cadastre de 1835.
La première rue rencontrée à droite
est la rue de l'Ouchette. Elle s'appelait « chemin du Moulin de
la Marrière ». « Ouche » est un mot d'origine
gauloise qui désigne une bonne terre, un jardin, un verger, clos de
haies ou de murs, attenant généralement à une maison. Puis à
gauche, la rue des Trois Rois. S'agit-il des rois mages ? Ou une
référence à la bataille des Trois Rois. La bataille des Trois
Rois (4 août 1578) a été une bataille décisive ayant mis fin
au projet d'invasion du Maroc par le roi du Portugal. Il existe en
Navarre, une Table des Trois Rois et un pic des Trois et les Iles des
Trois Rois dans l'Océan Pacifique Sud. Se balader dans son quartier
fait voyager !
Puis la rue R.F. Leray. R.F. Leray est
un architecte nantais (1861-1925). La rue est prolongée par la rue
R.A. Baugé. André Gaston Baugé est un baryton français et acteur
de cinéma, né le 4 janvier 1893 à Toulouse (Haute-Garonne) et
décédé à Clichy (Hauts-de-Seine) le 25 mai 1966. Il a vécu son
enfance à Nantes. Sa mère, Anna Tariol-Baugé, fut une grande
chanteuse d'opérette qui a créé plusieurs rôles d'Offenbach. On
peut écouter R.A. Baugé chanter sur youtube, l'évoquer sa jeunesse
à Nantes et partager ses souvenirs de boxes avec son ami Georges
Carpentier.
Puis c'est la rue des Agenets, du nom
du hameau des Agenés, mentionné sur le cadastre de 1835. Elle mène
à l'église St François de Sales, église de la paroisse éponyme
qui est résultat du démembrement de la paroisse St-Donatien après
la dernière guerre. Puis nous coupons l'avenue Lieutenant de Lavenne
de la Montoise. La revue des Archives Municipales nous informe
(Article sur Les obsèques du Capitaine Henry de Lavenne de la
Montoise) : Bien qu’il s’agisse de la même famille, celle-ci ne
concerne par le capitaine Henri de Lavenne de la Montoise mais son
frère, le lieutenant Marcel de Lavenne de la Montoise. Né à
Angoulême le 25 janvier 1880, Marcel de Lavenne de la Montoise,
lieutenant au 65ème régiment d’infanterie, est tué Mort pour la
France le 28 août 1914 sur la route entre Bulson et Chémery, au sud
de Sedan (Ardennes). En 1906, celui-ci avait été l’auteur avec le
lieutenant Lamouche, également lieutenant au 65ème régiment
d’infanterie, d’une carte des environs de Nantes éditée par A.
Challamel, éditeur à Paris.
Cette avenue relie la place Jacques
Patissou et la place Victor Richard. Sur la place Jacques Patissou se
trouvait un commissariat On disait « Patissou » comme
l'on dit « Cambronne ». J. Patissou (1880-1925) est un
peintre de portrait, de genre et de natures mortes. Il fut professeur
de peinture à l'École polytechnique. Il a décoré la Caisse
d'Epargne de Nantes.Victor Richard (les Sables d’Oonne, 1848 –
Nantes, 1916) est un paysagiste, peintre de natures mortes. Il se
forma auprès de Pierre Auguste Coutan. Il privilégia les sujets de
la Vendée et de la Bretagne, ainsi que des scènes de genre.
Nous
tournons à gauche pour descendre la rue des Châlatres. Nous
rencontrons sur notre droite la rue de la Mitrie qui sépare la
Quartier Mellinet des quartier Richemont et Lamoricière des
anciennces casernes, et aussi le quartier St-Donatien du quartier
Dalby. Il y avait des Seigneurs de la Mitrie. Sur le cadastre de 1835
figure un lieu-dit, la Métrie. Puis sur la gauche, nous avons la rue
du Casterneau. Casterneau est le nom d'une ancienne ferme figurant
sur le cadastre de 1835. La rue mène à une cité universitaire et
au CADN. Ouvert en 1987, le Centre des Archives diplomatiques
de Nantes (CADN) conserve les archives rapatriées des
services extérieurs (ambassades, consulats, Instituts et Centres
culturels français à l’étranger, représentations françaises
auprès des organisations et commissions internationales),
les archives des Protectorats Maroc et Tunisie et du Mandat
Syrie Liban, ainsi que quelques séries d’archives de
l’administration centrale. Il est établi dans les anciens
locaux des fourages de la gendarmerie à cheval. Nous arrivons à la
Place du 11e Train des Equipages. Dans le vocabulaire militaire,
le « train » désigne une unité spécialisée
dans la logistique, le transport (matériel,
munitions, ravitaillement…) et l'appui au mouvement (circulation
routière). Le Train a été créé parNapoléon en 1807. Le 11e
Escadron du Train a été formé à Nantes en 1875. La place donne
sur la rue d'Allonville. Armand-Octave Marie d'Allonville
(1809-1867) s'illustra lors de la charge de la brigade légère en
sauvant l'armée anglaise pendant la Guerre de Crimée. En 1974,
Carrier a habité au n°147, une maison rasée en 1975. Nous prenons
la rue Honoré Broutelle (1866-1929). H. Broutelle était médecin,
peintre, poète et graveur. La poste donne aussi sur la rue H.
Brunellière. Nous ne savons qui est ce H. Brunellière. Il y a à
Nantes, une rue Charles Brunellière (1847-1917), du nom de la
personne à l'origine de la Bourse du travail, cofondateur de la
Fédération socialiste de Bretagne. Nous revenons par le boulevard
Ernest Dalby (1889-1935), du nom d'un ancien secrétaire de la
Fédération socialiste de Loire-Inférieure. Avant 1936, le
boulevard se nommait boulevard National. Nous rencontrons la rue
Général Haxo sur la droite. S'agit-il du général Nicolas Haxo "À
la bataille de Cholet, son sang-froid et la précision de ses
manœuvres amenèrent la victoire prête à échapper
aux républicains. C'est à lui qu'on dut, en 1794, la
prise de Noirmoutier. Il périt les armes à la main, écrasé par le
nombre, à la bataille des Clouzeaux. Un décret de
la Convention du 28 avril 1794 ordonna que
son nom fût inscrit sur une colonne de marbre au Panthéon."
(wikipedia) ou de son neveu, le général du
génie François Nicolas Benoît Haxo " qu'on a
surnommé le Vauban du xixe siècle, parce qu'il
renforça et répara les fortifications et les citadelles au
début des années 1800". C'est à ce dernier, sans doute
plus « politiquement correct », que les auteurs
attribuent la rue. Puis c'est la rue Dominique Châteigner qui longe
le Parc de la Noë-Mitrie. Nous ne savons qui est ce D. Châteigner,
à moins qu'il s'agisse d'une faute d'orthographe. Il y a eu un
Châtaignier, graveur nantais, mais prénommé Alexis. Après la
traversée du boulevard des Poilus, nous parcourons la Route de
Sainte-Luce. A droite, nous rencontrons la rue Parmentier, celui à
qui nous devons les pommes de terre, puis la rue Jean Julien
Lemordant. Sur la plaque, il est écrit "graveur".
Lemordant, un nom qui va bien pour un graveur. Mais Jean Julien
Lemordant (1878-1968) est surtout un peintre. « Ancien élève
de l'École régionale des beaux-arts de Rennes, il perdit la vue
durant la Première Guerre mondiale. mais la recouvrit en 1923,
ce qui donna lieu de la part de ses rivaux et ennemis à des
accusations assez perfides et jamais prouvées (il aurait exagéré
la gravité de ses blessures aux fins de recevoir une pension). On
lui doit le plafond de l'opéra de Rennes. Puis c'est l'avenue Louis
Lachenal (1921-1955), l'alpiniste qui a atteint le sommet de
l'Annapurna en 1950. Nous arrivons aux feux, là où se trouve le
café de l'octroi dans l'ancien bâtiment de l'octroi. Les octrois
ont été fermés au lendemain de la Première Guerre Mondiale. Nous
retrouvons la rue C. Desmoulins. Entre l'entrée la rue des
clématites et l'impasse Haute de la Marrière, se trouve l'Aide
Sociale à l'Enfance, et au-dessus, se trouvait une menuiserie
industrielle Dupeau. Elle a laissé place à un immeuble qui jouxte
notre lotissement.
Surprise des autres étudiants: « Quel gâchis ! Ils devraient être en classe prépa ! Pourquoi est-on allé les perdre ici ? ».