dimanche 19 juillet 2009

Pierre Bergounioux et le patois limousin

Je rentre d'un séjour en terre limousine. Et je suis affligé. Affligé par ce que j'ai pu entendre, affligé par ce que sont devenus bien de ceux qui, fils de bourgeois (ben oui, même si le bourg ne fait pas 5000 habitants) restés sur place après le bac, affligé par l'image qui sera peut-être celle de la France dans une vingtaine d'années. Ma mère à 87 ans m'a dit alors qu'on faisait des achats au Casino : "Henri, tu as vu ?", Il y a quoi à voir ? "Il n'y a que des vieux"). Et crevé parce que j'ai eu droit à une "rave party" dans les bois (et certains sont très heureux. C'est qu'on est up to date !). Affligé par les tas de cubis de pinard qui sont jetés dans les fourrés, les packs de bière etc, affligé par le refus des propositions de ceux qui se sont installés dans le pays (merci quand même pour les prix de vente des ruines !). Alors je comprends Pierre Bergounioux. Je comprends aussi ceux qui le critiquent. Mais l'autre jour, j'ai pensé fuir comme plusieurs de ceux que je connais qui m'ont dit "je ne passerai pas ma retraite ici" et qui ont vendu les héritages des parents. Ce que je n'ai pas fait. Je suis marqué par ce pays, je découvre chaque jour à quel point je suis farci de limousinismes. Et je ne peux cacher mon accent, alors que j'ai quitté le lycée en juin 1964?

http://taban.canalblog.com/archives/lemosinatges/index.html


C'était un coup de dépit...comme lorsque j'ai lu Rabelais (que je relis et relis...) qui parle de" l'escholier limousin"(1), positivons, comme disent les banquiers. Il y a toujours le festival musical de St-Yrieix
http://www.festivalsaint-yrieix.net/reservations.html

C'est grâce à lui que j'ai appris à aimer le fado lors du concert d'Amalia Rodriguez (malgré l'acoustique déplorable)- pour l'écouter sur youtube allez ICI - et ai pu goûter au fado à Lisbonne. Mais jusqu'à quand tiendra-t-il, étant donné le faible public malgré la qualité des interprètes.

(1)
" J'entens bien, dist Pantagruel ; tu es Lymosin, pour tout potaige. Et tu veulx icy contrefaire le Parisian. Or vien çza, que je te donne un tour de pigne ! " Lors le print à la gorge, luy disant : " Tu escorche le latin ; par sainct Jean, je te feray escorcher le renard, car je te escorcheray tout vif. "

Lors commença le pauvre Lymosin à dire : " Vée dicou, gentilastre ! Ho, sainct Marsault, adjouda my ! Hau, hau, laissas à quau, au nom de Dious, et ne me touquas grou ! " A quoy dist Pantagruel : " A ceste heure parle tu naturellement. " Et ainsi le laissa, car le pauvre Lymosin conchioit toutes ses chausses, qui estoient faictes à queheue de merluz, et non à plein fons ; dont dist Pantagruel : " Sainct Alipentin, quelle civette ! Au diable soit le mascherabe, tant il put ! " Et le laissa. Mais ce luy fut un tel remord toute sa vie, et tant fut alteré qu'il disoit souvent que Pantagruel le tenoit à la gorge, et, après quelques années, mourut de la mort Roland, ce faisant la vengeance divine et nous demonstrant ce que dit le philosophe et Aule Gelle : qu'il nous convient parler selon le langaige usité, et, comme disoit Octavian Auguste, qu'il fault eviter les motz espaves en pareille diligence que les patrons des navires evitent les rochiers de mer.
" Pantagruel, Châpitre 6

Et ça ne s'est pas amélioré à la lecture de La Fontaine, de Molière et de Georges Sand ! Et du journaliste Raymond Cartier ("La Corrèze avant le Zambèze" qui écrivait "La ville la plus neurasthénique de France est Limoges, mais nulle autre qu'elle n'est responsable de sa mauvaise fortune."

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