lundi 11 août 2008

La Chine (Voltaire, Dico philo)

De notre correspondant spécial chez Voltaire.

Je te recopie le "Dictionnaire philosophique" de Voltaire, article "Chine"
(éd. Classiques Garnier, R. Naves, p. 105 et suivantes) :

"Nous allons chercher à la Chine de la terre, comme si nous n'en avions
point ; des étoffes, comme si nous manquions d'étoffe ; une petite herbe
pour infuser dans de l'eau, comme si nous n'avions point de simples dans
nos climats. [...] On doit avouer que le petit peuple, gouverné par des
bonzes, est aussi fripon que le nôtre ; qu'on y vend tout fort cher aux
étrangers, ainsi que chez nous ; que, dans les sciences, les Chinois sont
encore au terme ou nous étions il y a deux cents ans ; qu'ils ont comme
nous mille préjugés ridicules ; qu'ils croient aux talismans, à
l'astrologie judiciaire, comme nous y avons cru longtemps. [...]

La religion des lettrés, encore une fois, est admirable. Point de
superstitions, points de légendes absurces, point de ces dogmes qui
insultent à la raison et à la nature, et auxquels des bonzes donnent mille
sens différents parce qu'ils n'en ont aucun".

Dans un autre article, il parle des missionnaires en Orient. Je ne résiste
pas à te citer :

"[saint] Xavier se lamente dans plusieurs de ses lettres, de n'avoir point
le don des langues ; il dit qu'il n'est chez les Japonais que comme une
statue muette. Cependant les jésuites ont écrit qu'il avait réssuscité
huit mort : c'est beaucoup ; mais il faut aussi considérer qu'il les
ressuscitaient à six mille lieues d'ici. Il s'est trouvé depuis des gens
qui ont prétendu que l'abolissement des jésuites en France est un beaucoup
plus grand miracle que ceux de Xavier et d'Ignace".

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