jeudi 28 mars 2024

Les noms des lieux-dits disparaissent des adresses ! nos élus vont effacer des siècles de toponymes !

 Le lieu-dit Bourdoux, connu dans les années 70 pour sa fête du bœuf,

 


 et avant pour son café chez "La Marie" et son bal, a disparu de l'adresse, comme d'ailleurs sans doute tous les lieux-dits ! maintenant j'ai un numéro à 4 chiffres sur une "route de l'or". Parfois on retrouve le nom des lieux dans le nom d'une voie.
Cela a été fait par des élus locaux, pas par une Administration, pas par Mc Kinsey. Fidélouère !

On m'écrit : "Ici, le maire a refusé ce que lui demandait la poste. Il a maintenu les noms de lieux dits et la poste s'est inclinée. Il suffit que le maire ait un peu de personnalité et ne se laisse pas monter sur les c...s par des administratifs."

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Toponymie

Savez-vous que la toponymie sert à chercher de quoi vous fabriquer des batteries d'accumulateurs d'électricité pour votre voiture super écolo ? oui pour rechercher des mines ? et que même les historiens s'en servent ! étonnant n'est-ce pas m'a dit Desproges de Châlus !  

L'autre jour, en Loire Inférieure, j'ai voulu aller à Saint-Mars-la-Jaille pour faire un tour dans "ma" 2CV. J'ai utilisé le GPS car je ne me souvenais pas bien du trajet jusqu'à l'adresse de celui qui a rénové la voiture familiale. Saint-Mars-la-Jaille est un nom connu à Nantes car on a plusieurs Saint-Mars et puis la "jaille" ce sont les ordures. En Dordogne, maintenant c'est le SMD3 !  Et bien, j'ai eu bien des soucis. Saint-Mars-La-Jaille n'existe plus dans les adresses contemporaines ! la commune a été fusionnée avec d'autres. Et bien peu connaissent le nouveau nom : Vallons de l'Erdre ! bé c'est qu'il y en a des vallons au bord de l'Erdre ! et pas qu'à Saint-Mars-la-Jaille !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Mars-la-Jaille

 

 Je vous mets ici le billet de https://lefenetrou.blogspot.com/2024/03/bernard-stepha-le-berry-et-le-perigord.html dans son blog (je vous le conseille, extra !) http://www.periberry.com/archive/2024-03/

Gardons nos lieux-dits

Publié par Bernard Stéphan sur 25 Mars 2024, 08:34am

Catégories : #Patrimoine

Loin de moi l’idée de critiquer l’adressage. Mais il ne faudrait pas que celui-ci efface les lieux-dits. Car figurez-vous que dans un village pas loin de Lalinde en Dordogne un ami habitait à l’adresse suivante : hameau du Malpas, 24150 et le nom de la commune. Désormais il habite 556 impasse des Accacias, 24150 le nom de la commune. Vous voyez bien que le nom du lieu-dit a disparu sur l’adressage. C’est la raison pour laquelle je milite avec quelques autres pour que sur les adresses postales on conserve le nom du lieu-dit accolé à l’adresse désormais officielle.

Pourquoi cela ? Pour garder mémoire et patrimoine. Car figurez-vous que les micro-toponymes, c’est à dire les lieux-dits sont les mentions les plus anciennes de désignation des lieux dans notre histoire.  Entendez-bien que La Garrenne de Saint-Vincent sur la commune de Badefols-sur-Dordogne, que La Marolleque sur la commune de Gardonne, que Le Grand Jaure sur la commune de Lembras, que La Calevie sur la commune de Pomport, que Pincanemme sur la commune de Saint-Léon d’Issigeac, que La Martigne sur la commune de Saint-Martin-des-Combes sont des toponymes de lieux-dits qui existaient déjà au Moyen-âge.

Défense de la mémoire donc, mais aussi défense du sens de ces noms. Supprimer les noms des lieux-dits c’est comme débaptiser l’histoire. Dans beaucoup de communes à part les traces d’un dolmen ou une croix de carrefour, le seul patrimoine c’est la mémoire des noms de lieux. Voilà pourquoi il faut les sauver. Pensez au sens de quelques-uns … Par exemple Les Bitarelles sur la commune de Pontours (24) c’est le lieu où fut bâtie une maison, Les Justices à Lalinde (24) c’est l’ancien site des bois de Justices où s’exerçait l’exécution des peines capitales, La Coudrière à Montferrand du Périgord (24) c’est le bois des coudriers ou noisetiers, Peyrelevade à Eymet (24) c’est le site de la pierre levée, peut-être un ancien site d’un menhir, Malacoste à Castillonès (47) c’est la pente raide,  Peyreprat à Bardou (24) c’est la prairie encombrée de pierres, Le Cluzel à La Monzie-Montastruc (24) c’est le site d’un cluzeau, ces cavernes naturelles dans une falaise calcaire, Les Crozes au Fleix (24) est le site des crozes, ces caverne naturelles pour animaux, etc.

Ainsi les lieux-dits racontent-ils paysage et mémoire. C’est la raison pour laquelle il faut les sauver. Et lorsque vous donnez votre adresse, imposez le lieu-dit accolé à l’adresse officielle.

 

P.S. Je viens de lire dans le Figaro de jeudi dernier à la BM


 

  Bien sûr j'ai pensé à Yves Lavalade et a son travail ! et voici ce qu'il m'écrit :

"Bonjour, j’ai lu avec un grand intérêt cet article sur la disparition des microtoponymes … et j’assiste comme vous à leur inexorable effacement, par l’intermédiaire d’un “adressage“ systématique entériné, malgré certaines résistances locales bien trop rares, par nos élus et décideurs. J’aime bien la formule “débaptiser l’histoire“. J’irais jusqu’à “décérébrer les citoyens“. Cet anéantissement programmé, aussi stupide que la quête de nouveaux gentilés, pour faire semblant d’affirmer que l’on est né quelque part (c’est la génération spontanée des couzeixois, lussacois, haut-viennois …les troupeaux d’oies abondent et tout le monde veut en faire partie; il vaut mieux se dire limogeois que limougeaud).
Cet engouement et cette dématérialisation des territoires va très loin, au plus profond des individus et de leur environnement quotidien. Un ami s’insurgeait que dans une commune près de Nontron on ait rebaptisé des axes Allée des Palmiers, des Bananiers …; cela change des Rossignols, des Chardonnerets et d’autres élucubrations paysagères ou animalières. Alors qu’il existe sur les cadastres et dans les matrices d’innombrables ressources pour illustrer et inspirer ces nouvelles coordonnées résidentielles.
Cela me révolte d’autant plus que depuis environ 50 ans je me suis penché sur l’onomastique limousine (noms de personnes et noms de lieux). J’ai pu, difficilement, publier à ce jour 68 ouvrages sur cette matière limousino-périgorde ainsi qu’écrire de nombreuses chroniques dans la presse locale ; mené 650 enquêtes bilingues communales et relevé par là même toute la toponymie de plus de mille communes (l’espace dialectal lémovice) ; toutes les communes de Haute-Vienne, de Corrèze, de Creuse, 127 communes de Charente, près de70 de Dordogne, 50 du sud de l’Indre, 16 du sud de la Vienne. Soit autour de 100 000 noms de lieux; dont la plupart avec leur graphie occitane analysée et expliquée. Ma première enquête de terrain est de 1976. En 1998, à la première AG de l’actuel IEO du Limousin, j’ai souligné l’importance de la dimension toponymique. L’on m’a rétorqué de continuer à me servir de mon bâton de pèlerin ; ce que j’ai toujours fait, de façon désintéressée, y compris hors du domaine toponymique. Des années plus tard les esprits ont commencé à saisir (y compris en Périgord) l’intérêt capital du sujet. Ma démarche est absolument unique, personnelle et complètement autonome (le public le sait fort bien). Depuis 2009, elle est récupérée, contre rémunérations sonnantes et trébuchantes. J’ajouterai que la centaine de panneaux qui composent la signalétique occitane actuelle du Limousin ont émané de ce travail de fond, y compris par des financements (dons) du Cercle Limousin d’Études Occitanes et d’Action Populaire (CLEO-AP). L’élimination des microtoponymes est un coup de grâce à notre identité; car ils ne sont pas que patrimoniaux.  Y.Lavalade; Limoges le 30 mars 2024."

 

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