Que les fidèles de cette rubrique nous excusent. Nous les avons privé de la lecture d'Alexandre Vialatte pendant trois semaines. Nous avions un combat à mener contre l'herbe en Périgord Vert (qui cette année est plus vert que jamais). Nous n'avons même pas eu le temps d'y lire La Montagne, le journal local qui, maintenant, semble avoir le même contenu que Le Populaire du Centre. Il y a aussi Sud-Ouest.
"Cette chronique, qui a pour but de refléter les arts, a beaucoup trop négligé, jusqu'ici, de refléter le timbre-poste. C'est pourtant lui qui connaît le mieux le vrai profil de la République. Tout timbre-poste st une gravure primée.
Le timbre-poste est au confluent, non pas du vrai, du beau, du bien, mais de l'inutile, du poétique et des obligations postales. Il est inutile comme le beau, il est poétique comme le rêve, le chiffre et la spéculation; On n'a pas encore pu trouver à quoi il sert exactement : les uns le collent sur des lettres, d'autres sur des albums ; d'autres encore l'exposent, d'autres le fourrent en vrac dans des enveloppes jaunies, d'autres le vendent au kilo ; on est allé jusqu'à penser qu'il guérit la tuberculose ; des enfants en proposent qui atteindraient ce but : "Mais je ne sais pas, m'a dit le dernier qui m'en offrit, où on se les colle." Peut-être en fait-on des tisanes. Bref, la situation est obscure. Le timbre-poste reste encore à expliquer. "
Alexandre Vialatte, Chronique 111 du 1er février 1955
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