Rimbaud

http://www.lefigaro.fr/livres/2010/04/14/03005-20100414ARTFIG00782-rimbaud-la-photo-retrouvee-.php

Après qu'il a définitivement quitté la France pour l'Afrique (vers 1880, il a 27 ans), on n'avait qu'une seule photo de Rimbaud (très floue) debout devant son hôtel à Aden, dans le Harar (en Abyssinie, actuelle Ethiopie, où il faisait probablement du trafic d'armes et de peaux de bêtes, comptant bien "gagner de l'or", comme il l'écrivait à sa mère et à sa sœur).

Hélas, l'article du Figaro ne compare par les 2 photos (qui pourtant se ressemblent beaucoup).

Si la découverte se confirme, c'est vraiment bouleversant. Je vous rappelle que Rimbaud quitte une France qu'il juge "invivable" (c'est son mot) sous les régimes bellicistes et bourgeois du Second Empire (Napoléon III) et d'Adolphe Thiers, qui a assuré la répression de la Commune de Paris [n'oublions jamais que la République est née deux fois dans le sang des parisiens opprimés par les "républicains", en 1792 puis en 1871 !] (Rimbaud a véritablement des opinions communistes avant la lettre, et
anti-chrétiennes, appelant de ses vœux une "nouvelle charité", une fraternité humaine débarrassée du vieux Dieu catholique).
On pense même qu'il s'est marié à une Africaine, et qu'il a une descendance là-bas. Il meurt vers 45 ans, d'une jambe gangrénée. A mon avis (mais le mystère Rimbaud demeure en partie), il arrête d'écrire et il s'enfuit en Afrique à partir de la conversion de Verlaine au catholicisme, sur la pression de sa belle-famille - chose que Rimbaud n'a pas pu supporter. Il écrit l'intégralité de son œuvre entre l'âge de 13 et de 17 ans, ce qui est tout bonnement inouï, et a stupéfié (et stérilisé d'un
coup !) tous les poètes parnassiens de son temps (en particulier Théodore de Banville).

Un bon livre : "Rimbaud en Abyssinie", d'Alain Borer.


"Je reviendrai, avec des membres de fer, la peau sombre, l'œil furieux : sur mon masque on me jugera d'une race forte. J'aurai de l'or. Mais maintenant je suis maudit, j'ai horreur de la patrie. On ne part pas. On ne peut jamais partir".
(Une saison en enfer).