mardi 16 octobre 2007

Les cours en amphi...

Le cours en amphi ne doit pas être un défilé de transparents même en

couleur!

Un exposé fait à Montrouge il y a quelques années


« En informatique, la tentation d’imprimer beaucoup et de réfléchir peu est inquiétante. (…) Le problème des étudiants aujourd’hui, c’est qu’ils ne lisent pas de livres » Pierre-Gilles de Gennes, cité par C-X. Durand in La nouvelle guerre contre l’intelligence, Isbn : 2-86839-734-4


Gutenberg ayant inventé l’imprimerie (1440), nous nous efforçons de l’utiliser. Les étudiants reçoivent par courriels ce que nous traiterons le prochain cours (pages de livre, si possible livres que nous avons écrit, ou nos pages web) et le sujet de l’exercice que nous utiliserons pour notre présentation.

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Ils reçoivent aussi de petits exercices dont ils devront fournir la solution au début du «cours». Le cours consiste pour nous à traiter de petits exemples devant les étudiants et non à débiter un flot de paroles. Nous faisons passer des étudiants au tableau, nous leur demandons de vérifier ce que nous écrivons, etc. Les concepts sont ainsi systématiquement illustrés. Si les étudiants veulent un cours avec chapitre 1, section 1, paragraphe 1.1. , ils disposent de l’écrit pour cela (nos pages web, les livres que nous avons écrits, la bibliothèque, etc.).

Notre méthode n’est guère originale en Europe. Bien de nos collègues britanniques des anciens Polytechniques font ainsi. Un professeur ne parle pas plus de 8 minutes avant de donner un exercice aux étudiants dans l’amphi. Certains livres d’informatique illustrent cela. Chaque concept, notation, etc. est illustré d’un exemple, puis suivi d’un « selft test », puis au bout de deux à trois pages, d’un ensemble de petits exercices. Puis le chapitre se termine par des exercices utilisant l’ensemble de ce qui a été traité dans le chapitre.

Aux Usa (au moins dans les universités où j’ai séjourné), l’étudiant ne va pas en cours s’il n’a pas lu les pages du livre dont la lecture a été demandée. Dans l’amphithéâtre, le professeur répond aux questions des étudiants, vérifie la compréhension et, si besoin, fait des mises au point, des reformulations, des synthèses. Mais, en France, nos étudiants sont fort étonnés de cette pratique ! Quand nous l’avons pu, nous avons fait intervenir des collègues britanniques dans notre cours, ce qui a valorisé notre pratique aux yeux de…certains étudiants. Un étudiant nous a dit dans un courriel : « un cours en anglais c’est très bien car, pour suivre, on est obligé d’écouter ». A la fin du cours, j’adresse, aux étudiants et aux intervenants en TD, un compte-rendu détaillé de ce que j’ai traité (qui souvent a pu ne pas être ce que j’avais annoncé…il peut se passer des choses dans l’amphi…). Je rédige aussi parfois une partie sur laquelle j’ai pu un peu «cafouiller» (des étudiants posent des questions et je peux être amené à faire des détours qui peuvent perdre d’autres étudiants peu attentifs).

Enfin, je donne régulièrement des travaux à faire chez soi, dont je fournis un corrigé écrit et dont je corrige oralement les points essentiels non compris. Et je demande ensuite aux étudiants de me fournir un document où ils doivent dire en quoi ce qu’ils ont écrit est erroné et dire, si possible, ce qui les a conduit à l’erreur.

Je termine en insistant sur un point, particulièrement crucial en informatique : l’attention au sens des mots employés. Trop souvent, le terme anglais entoure un « terrain vague d’idées ».


Est-ce que cela est facile ?

Non. Car :

  • il est difficile de changer les habitudes souvent inculquées aux élèves. Est-il vrai qu’il a été donné comme consigne aux enseignants du secondaires de demander aux élèves de ne pas prendre de notes ? L’axiome latin Qui scribit, bis legit est passé de mode (et pendant ce temps on a multiplié les enseignements de « technique d’expression » !)

  • il est difficile de faire faire.

  • cela suppose une discipline d’écoute dans un amphithéâtre (et que chaque enseignant la fasse respecter)

  • cela suppose que l’on arrête les tentatives vouées à l’échec comme les polycopiés « à trou », les polycopiés distribués aux seuls présents dans l’amphithéâtre, etc. Si le cours peut être remplacé par le polycopié, il faut supprimer le « cours » !

  • et que l’on n’abuse pas de Power Point et des transparents. Il faut montrer au élèves le déroulement d’un raisonnement. Et cela est fort difficile en projetant des pages. Le cours est fait pour ce qu’il est très difficile de faire par écrit ou même par « audio-visuel » et TIC plus ou moins N.

  • Enfin, il faut réhabiliter la lecture… ce qui suppose que les étudiants ne perdent pas de temps à des choses inutiles comme être présents dans des amphithéâtres sans écouter.

  • Surfer est rester à la crête des vagues. Surfer sur l’Internet est rester sur la tranche des pages ! Ne pas « mettre les étudiants sur l’ordinateur » sous prétexte fallacieux de pédagogie moderne. Nous conseillons de lire Stella Barruk (Echec et maths, L’Age du capitaine, Dictionnaire des mathématiques élémentaires)

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