"Les anglais sont timides, charmants et monotones. Un peu comme du veau
de choix dans une assiette de fleurs. Le français doit tirer son charme
de lui-même, l'anglais le tire de l'Angleterre. Et c'est toujours le
même, mais on ne s'en lasse jamais. Car il repose comme un fauteuil de
cuir, en face d'un bouquet de roses qui se reflète dans une table à côté
de la théière d'argent. Les anglais ont des souliers jaunes qui sentent
la litière de pur-sang ; ils les agitent sur des pelouses en tapant sur
des boules avec de longs bâtons. Ils font bouillir le gigot du mouton
et le mangent avec de la menthe. Ils parlent un langage que personne ne
comprend. Bref, ils sont purement britanniques. Debout sur les pattes de
derrière, ils contribuent avec le kangourou à faire de notre brumeuse
planète un astre étrange et merveilleux peuplé d'êtres inexplicables.
Ils se réveillent avec le besoin injustifiable de commencer par manger des pruneaux et de faire circuler sur leur peau des brouillards froids, gluants et jaunes, ce qui relève des moeurs de fantômes de cimetière.
Ils ne ressemblent à rien, et d'abord pas à l'homme. Ils sont loin de l'homme et près d'eux-mêmes. Et, par exemple, ils ne font pas pipi. (Nul texte anglais, du moins, n'a jamais fait mention d'une habitude si dégradante.) Ou alors ils ne le savent pas. S'ils l'ont appris, comme me la affirmé une vieille demoiselle écossaise, ce ne peut être que tout récent. Jusqu'alors ils n'en savaient rien ; ou n'en éprouvaient pas le besoin. Ou alors ils trouvaient la chose trop indécente.. On se demande comments ils ont pu se retenir jusqu'au XXe siècle.
Où sont passés les ivrognes de Hogarth, les énergumènes de Shakespeare ? les escogriffes et les monstres du XVIe ? Peut-être pas tellement loin. Je pourrais en dire certaines choses. Je ne le ferai pas, car j'adore les Anglais. Où serait le plaisir d'aimer sans l'injustice ? Ce que nous donnons de meilleur, c'est la partialité. "
Alexandre Vialatte, chronique du 24 août 1954
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