Pour l’édification de notre Président de la République, l’Emmanuel, voici :
« Les Bretons habitent à Paris. Ils y sont au moins neuf cent mille ; les autres habitent en Bretagne, où ils ont inventé le lit clos.
Ils naissent dans un placard, m’écrivit un ami, vivent en mer, et meurent dans l’alcool. (Certains aussi vivent dans l’alcool et meurent en mer).
J’eus le tort de publier dans un journal d’Auvergne cette information erronée. Et d’ailleurs élogieuse, car rien n’est plus glorieux que de vivre ou mourir en mer, ni plus folklorique que de naître dans un placard chanté par Théodore Botrel. Quant à boire, ce fut toujours un aimable défaut ou une nécessité pressante : l’Irlandais s’en fait une réclame, le légionnaire s’en vante, le marin en a besoin. Et on ne saurait reprocher de se tuer lentement à des gens que la mer ou le feu vont tuer tout de suite. Tristan Corbière serait entièrement de mon avis.
Un hebdomadaire breton ne m’en accusa pas moins de diffamer le Finistère… Ce qui déplaisait le plus à cet hebdomadaire, c’était que ce qu’il prenait pour une accusation (et qui n’était qu’un vif éloge) lui vînt d’un journal auvergnat. Le coup lui semblait fratricide : l’Auvergnat n’est-il pas une espèce de Breton ? Ne jouent-ils pas tous deux de la cabrette ? Ne sont-ils pas tous deux folkloriques ? En un mot, l’Auvergnat est un Breton de montagne, le Breton un Auvergnat de la mer… «
Alexandre Vialatte – Antiquité du grand chosier, 1984
« Les Bretons habitent à Paris. Ils y sont au moins neuf cent mille ; les autres habitent en Bretagne, où ils ont inventé le lit clos.
Ils naissent dans un placard, m’écrivit un ami, vivent en mer, et meurent dans l’alcool. (Certains aussi vivent dans l’alcool et meurent en mer).
J’eus le tort de publier dans un journal d’Auvergne cette information erronée. Et d’ailleurs élogieuse, car rien n’est plus glorieux que de vivre ou mourir en mer, ni plus folklorique que de naître dans un placard chanté par Théodore Botrel. Quant à boire, ce fut toujours un aimable défaut ou une nécessité pressante : l’Irlandais s’en fait une réclame, le légionnaire s’en vante, le marin en a besoin. Et on ne saurait reprocher de se tuer lentement à des gens que la mer ou le feu vont tuer tout de suite. Tristan Corbière serait entièrement de mon avis.
Un hebdomadaire breton ne m’en accusa pas moins de diffamer le Finistère… Ce qui déplaisait le plus à cet hebdomadaire, c’était que ce qu’il prenait pour une accusation (et qui n’était qu’un vif éloge) lui vînt d’un journal auvergnat. Le coup lui semblait fratricide : l’Auvergnat n’est-il pas une espèce de Breton ? Ne jouent-ils pas tous deux de la cabrette ? Ne sont-ils pas tous deux folkloriques ? En un mot, l’Auvergnat est un Breton de montagne, le Breton un Auvergnat de la mer… «
Alexandre Vialatte – Antiquité du grand chosier, 1984
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