vendredi 17 avril 2015

Le PPN (Programme Pédagogique National) des départements informatique des IUT de 1969 (BOEN n° 26 (26-6-69)

1969
BOEN
n°26(26-6-69)
 vol: V : 430-3
Circulaire n° III 69-286 du 16 mai 1969
Programme des instituts universitaires de technologie (départements d'informatique)
Annexe, Programme officiel

1er centre d'intérêt
Les techniques de l'information
A.- ANALYSE (200 h – 50 h de cours + 150 h de travaux dirigés et travaux pratiques)

1.- Connaissance de l'organisation existante :
Moyens et méthodes d'étude du problème : interview, étude des imprimés, formulation des textes, enquête statistique, etc.
Application à l'analyse de l'information, à l'analyse de traitement (circuit de documents, fiches de données, fiches de fonctions...)
Etude critique du système : inventaire des besoins déjà satisfaits : mis en évidence des besoins nouveaux.

2.      - Analyse fonctionnelles :
Définition des résultats à obtenir : différentes sorties, périodicité ...
Formulation en fonction des besoins, des informations à introduire dans les fichiers (nature, volume, paramètres).
3.- Rentabilité – Contraintes :
Contraintes tenant au matériel :
         capacité de stockage, puissance de l'unité centrale, temps disponible, puissance de sortie.
         Contraintes financières.
         Contraintes de temps.
         - périodicité des opérations ;
         - délais – temps de réponse.
         Contrainte de contrôle.
         Contraintes humaines (Formation de personnel).
4.      Elaboration de la solution :
Saisie de l'information : choix des procédés de collecte et des supports de stockage (avantages et inconvénients).
Choix des mode de travail : temps réel,
Multiprogrammation, traitement séquentiel.
Points de décision et de responsabilité dans les circuits.
Etablissement d'un dossier général de l'analyse (organigramme général).

5.      - Analyse organique :
La description de l'information :
         documents de base,
- imprimés de sortie (dessin),
         - fichiers : organisation des fichiers sur les supports, codification, dessins d'enregistrement, optimisation, temps-volume.
La description du traitement :
         la description du traitement : logique du traitement, conditions, limites, exceptions ; utilisation des ordinogrammes, des tables de décision :; jeux d'essai.
         le découpage du traitement en unités de traitement, critère de découpage, calcul des temps, optimiosation.
Conclusion : cahier des charges
Le dossier de préparation à la programmation, aboutissement de l'analyse.

B. - PROGRAMMATION (400 h = 150 h de cours + 250 h de travaux dirigés et travaux pratiques)

1.- Principes généraux de programmation : (80 h)
Organisation générale des programmes,
Explication à l'aide d'un langage : type assembleur de base.
2.      - Traitement des fichiers : (40 h)
Accès direct, séquentiel...
3.- Langages de programmation symboliques et évolués : (120 h)
Généralités sur les langages.
Etude détaillée d'un langage scientifique FORTRAN IV conseillé (éventuellement en éducation programmée), et d'un langage de gestion (COBOL, PL1 ...)
4.      - Software : (160 h)
Organisation d'un système d'exploitation (...)
etc.

C.- TECHNOLOGIE (130 h = 70 h de cours et 60 h de travaux pratiques)

Logique et technologie des ordinateurs : (60 h)
Algèbre de Boole, fonctions logiques de base : (...)
Les circuits logiques
(...)

3e Centre d'intérêt
La formation mathématique

[Nous y trouvons :
2.- Représentation des nombres (...)
3.- Eléments de la théorie des ensembles


Constats :

         Il n'y a rien sur automates, expressions régulières, logique des prédicats, preuve, méthodes de programmation, méthodes d'analyse/spécification.
          La logique est dans le chapitre Technologie
         Le terme algorithme n'apparaît pas dans le programme
         La distinction est faite entre «analyse fonctionnelle » et « analyse organique »
         Sur les principes généraux de programmation, le PPN n'est pas prolixe !
         En mathématique la part des mathématiques discrètes est minime
         Le programme est publié sans références bibliographiques. Ce fut le cas pour les successeurs.

A noter que le  livre paru dans la collection Université et Technique chez Dunod, intitulé « Mathématiques de l'informatique » a été publié en 1969

J. Boittiaux, Mathématiques de l'informatique, t. 1, Dunod
Jeannine Boittiaux était maître-assistant à l'IUT de Grenoble
Dans la même collection, on trouvait
P. Poulain, Eléments fondamentaux de l'informatique, tome 1, Equipements mécanographiques, Machines à cartes perforées. En 1969, on en était à la 3° édition
tome 2, Les ordinateurs, paru en même temps que le Bottiaux
P. Poulain était inspecteur général de l'Education Nationale (Economie et gestion)
Or en 1968, ça faisait presque dix ans qu'avait eu lieu le premier congrès mondial de l'informatique  à Paris. On ne voit pas trace de ce qui s'y est dit dans le PPN. Et la lecture du livre intitulé Eléments fondamentaux de l'informatique est pour le moins éclairante de l'écart entre le fondamental et l'inutile.

Le livre de R. Reix, dans la même collection, « L'analyse en informatique de gestion » ne paraîtra qu'en 1972, suite au stage de formation d'enseignants de Montpellier (resp. R. Reix) pour les économistes et mathématiciens, et à celui de Toulouse (resp. J. Luguet) pour les informaticiens.

« Peu à peu, l'informatique a acquis son statut de science; elle a en
fait, pris une position à côté des autres sciences comme pourvoyeuse
de défis aux mathématiques et a contribué a redonner un second souffle
à la logique mathématique notamment à l'approche intuitionniste.  Mais
pour en arriver là, il a fallu beaucoup de balbutiements.  Il a fallu
en particulier prouver que l'informatique issue de l'électronique et
des mathématiques n'était sous-discipline ni de l'une ni de l'autre de
ces sciences, qu'elle était elle-même une science à part entière avec
sa problématique, sa rigueur, sa théorie et son champ d'expériences.
Cela a nécessité d'attirer les meilleurs chercheurs vers cette
discipline encore jeune et de résister à la tentation réductrice de
distribuer des recettes pour au contraire mettre au point un
enseignement scientifique solide; cette démarche est naturellement
allée de pair avec l'étude des problèmes fondamentaux de la
programmation et de l'ébauche de leurs solutions.  Paradoxalement
c'est cette base hautement abstraite qui est l'esprit de l'école
Bourbaki qui a largement aidé les informaticiens dans leur souci de
clarification.  Comme pour toutes les sciences, l'acquisition d'un
statut a été difficile.  Il est clair qu'au début l'informatique s'est
parfois perdue dans ses nombreux méandres et que ces égarements ont
été exploités par ses rivales, mais finalement son adolescence a été
relativement courte, puisqu'elle s'est déroulée sur un peu plus d'une
génération. »
Pierre Lescanne

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