lundi 6 juin 2011

Au sujet de la sainte Vierge

Cultivons-nous !
On nous apprend :

Voici les surnoms de la sainte Vierge, donnés par Rémy de Gourmont, et qu'il relève dans la poésie des moines du Moyen Age :


" Pâture vitale, parasol des pauvres, racine de la pudicité, échanson de la grâce, lanterne de l'absolution, tourterelle nubile, Vierge colombine, candélabre à sept branches, toison de Gédéon, toison de brebis [impossible de trouver "toison de chèvre", car la chèvre est un animal impudique], lit de la pudeur, fontaine de l'édulcoration sacrée, halo éthéré, lanterne du siècle, cour royale, porte de cristal, officine du pain vivant ["c'est-à-dire que son ventre est la boulangerie où s'élabora le Jésus"], tour de guerre, tour imprenable, tour par laquelle les hommes entrent dans la cité définitive, conque pleine de la rosée céleste de la grâce, salle de festin du roi suprême, salle de festin où s'atable la Trinité, heureux ventre, heureuses entrailles où fut sauvé l'homme perdu, ventre virginal, trône d'ivoire du Christ. "


C'est beau n'est-ce pas ?

Moins beau à présent : la sainte Vierge aurait été fécondé par... l'oreille ! ...

"A force de quintessencier la Vierge Mère, les moines colaudatoires en arrivent à prêter à Dieu des imaginations de sensualisme anthropomorphiques gênantes (...) La grande question est de savoir par où, par quel pertuis, le souffle, le sperme essentiel avait pénétré pour féconder les viscères sacrées de la Vierge. Une grande dispute théologique eut lieu (...) Un hérétique du nom d'Elien fut condamné au concile de Nicée pour avoir dit : "Le Verbe est entré par l'oreille de la Vierge". L'opinion contraire, celle qui admet la pénétration du Père par les voies naturelles est donc plus que probable. Néanmoins l'Eglise, préférant que le sujet ne fût pas trop approfondi, ne s'est pas prononcé dogmatiquement et le pape a autorisé Ennodius à reprendre la thèse d'Elien, et fit noter ces deux vers dans le Missel :

"Sois en joie, Vierge, mère du Christ, toi qui par l'oreille a conçu"



Rémy de Gourmont conclut que ces discussions sont ridicules, naïves, "cruellement indécentes" et contribuent à détruire le dogme même de l'Incarnation.

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